Something always brings me back to you

11 mai 2010 à 22:19

En ordre de bataille : d’un côté ceux qui regardent des séries japonaises, de l’autre ceux qui regardent des séries américaines ! On ne se mélange pas, ou le moins possible ; il suffit de regarder à quoi ressemble la blogosphère téléphagique pour s’en apercevoir : rares sont les téléphages disposant à la fois d’un blog et d’un sens de la curiosité les poussant vers autre chose que les séries anglo-saxonnes.
J’ai dit rares, pas inexistants. Dans le registre « touche à tout », on trouve essentiellement Livia de My Tele is Rich, et Tite Souris de Luminophore. De temps à autres, Nakayomi de Naka no Montages risque un post par-ci par-là, également, mais son blog ayant de toutes façons une nature touche à tout (puisqu’on y trouve de la musique, de l’animation… et même des torses imberbes), ce n’est qu’une corde de plus à son arc. J’en oublie peut-être, et je m’en excuse sincèrement, mais ce sont les principaux que je vois, là comme ça, de tête, les réguliers, les coureurs de fond, les courageux.

Bref, surtout, ne mélangeons pas les torchons et les serviettes : un téléphage ne saurait regarder des deux côtés de la route. Sous peine de passer pour un ovni et, la curiosité ne faisant pas recette comme on le disait hier, de voir ses stats divisés par deux ou trois (et c’est un risque que très peu acceptent de prendre). Enfin bref, j’ai tout un post Point Unpleasant sur le sujet, ne me lancez pas.

Une fois de temps en temps, je me suis risquée à des comparaisons dans la rubrique Dorama Chick, mais vraiment très rarement. Je crois que c’est essentiellement arrivé dans le cas de séries policières comme MR. BRAIN ou BOSS, que j’ai, telle que je me connais et de mémoire, comparées aux Experts et tutti quanti. N’hésitez pas à vérifier pour moi en cliquant sur les tags adéquats au bas de ce post.
C’était en général pour souligner que les séries en question étaient abordables pour les spectateurs habitués aux séries américaines citées, car elles avaient été y piocher quelques idées, au minimum. Oh oui, minimum dans les cas qui me viennent à l’esprit.

Mais, et dans l’autre sens ?
Ok, ne me faites pas dire ce que je ne chercherais à faire croire à personne même si cette personne était sous l’emprise de substance illicites particulièrement efficaces. Je ne vais pas tenter de vous faire gober que les Américains copient des séries japonaises. Coréennes, non plus. Pas encore disons. Cette maladie du remake américain de fictions asiatiques se borne pour le moment au cinéma (plus ou moins avec bonheur, souvent moins, cf. Possession), mais si vous y tenez on en reparle éventuellement dans quelques années quand la hallyu wave aura encore évolué, dans un sens ou dans l’autre.
Alors non, je ne suis pas en train de prétendre qu’il existe des séries américaines copiant les séries asiatiques, que ce soit clair.

Mais quand on regarde des deux côtés de la route téléphagique, on s’aperçoit que certaines séries finissent tout de même par avoir quelques liens de parenté éloignés, et sans doute involontaires.

Oh, évidemment, l’amateur de séries asiatiques aura du mal à l’admettre, parce que s’il regarde des séries asiatiques, c’est parce qu’il pense ne pas pouvoir trouver ailleurs ce qu’il y déniche (et pour certains, c’est aussi une forme de snobbisme, hélas, sur l’air de « moi je regarde des séries super underground que personne connaît ! », bah fais tourner au lieu de faire le malin, à quoi ça sert d’être le seul à les regarder si elles sont si bien ?).

Je connais bien ça, pourtant ; parfois, j’ai le besoin de passer plusieurs jours juste sur des séries japonaises ou coréennes, et ensuite c’est l’inverse, je repasse aux States. Le seul truc que je ne fais pas, ce sont les séries britanniques, et encore c’est juste un problème d’accent (il fallait essayer de placer vos séries british quand j’étais sourde et que je me raccrochais aux sous-titres, vous avez mal joué votre coup, tant pis, mauvais timing de votre part…).
Et je ne saurais dire pourquoi ce besoin se fait sentir, je ne saurais décrire ce qui fait que l’expérience est différente. Je me suis enfilé les épisodes de BOSS avec un appétit incroyable, quand j’ai découvert la série, et pourtant vous ne m’avez pas vue tenter de revoir les Experts pour autant. Au final, je suis bien incapable de dire pourquoi j’accroche sur l’un et pas du tout sur l’autre, et je mets ça sur le compte de mon propre snobbisme ; après tout je ne suis pas nécessairement au-dessus de la mêlée, hein.

Ce soir, j’ai regardé le troisième épisode de Gravity (mais oui mais je n’ai pas eu le temps ce weekend, et la chanson de fin d’épisode est souvent si bonne que je préférais avoir mon audition pour le faire, et puis mon chien a mangé ma cagoule et… mais pourquoi je me justifie, moi ?!) et, coupons court au débat, oui j’adore toujours autant la série que lorsque je vous ai parlé du pilote.

« Mais devant l’épisode, j’ai commencé à me dire que ce qui me plaisait dans Gravity, c’était son côté un peu différent d’exister, un peu hors de la norme.
– Ah oui, lady ? Allons plus loin, elle se trouve où, cette différence ?
– Eh bien, je ne sais pas, j’ai l’impression que la série, dans sa réalisation, son jeu et ses retournements de situation, était parfois un peu maladroite, et pourtant tellement touchante…
– Il y avait un côté sincère ?
– Oui, voilà, sincère. Et en même temps un peu exagéré.
– C’est ça que tu aimes dans les séries japonaises ?
– Ce que j’aime le plus dans les séries japonaises, c’est leur façon d’aborder le drame humain avec intelligence et réalisme, tout en gardant un grain de folie un peu surréaliste, avec ses chassés-croisés, ses coïncidences et ses histoires dont on sait où elles mènent ; oui, on peut dire ça.
– Tu sais où l’histoire de Gravity mène ?
– Je pense le savoir. Et je pense ne pas non plus avoir 15 saisons devant moi pour le découvrir, j’ai le sentiment que Gravity a un parfum d’éphémère que les séries japonaises ont par essence.
– Et un côté surréaliste aussi ?
– Oh mince, bah oui alors ! Entre la façon dont les deux personnages principaux semblent destinés à s’aimer sans s’en rendre compte tout de suite, et le personnage de Carla, qui aurait aussi bien pu être interprétée par une actrice japonaise…! »
Je pense que j’ai mis le doigt dessus.
Wow, ça m’a fait du bien d’en parler avec moi, je devrais faire ça plus souvent.

Oui, Gravity me semble être le cousin new-yorkais de certaines (pas toutes, évidemment) séries japonaises, et je crois que c’est la raison pour laquelle ses brefs instants de déséquilibre, quand on ne sait pas trop si la série va basculer dans le vide ou rester les pieds sur terre, je peux les pardonner plus facilement que la plupart des téléphages uniquement habitués aux séries américaines. C’est que je ne les vois pas comme des inconvénients, mais comme des particularités faisant partie de sa personnalité. C’est que je les regarde avec tendresse et que je les laisse me toucher au lieu de les voir comme des failles dans la réalisation, l’interprétation ou la narration.
Les séries asiatiques, ça rend peut-être plus ouvert d’esprit même quand on regarde une série américaine, en fait…

Ça vous est déjà arrivé de penser à une série asiatique en regardant une série américaine ? De faire des comparaisons entre les deux ?

par

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5 commentaires

  1. Nakayomi dit :

    Dans la catégorie « ne mélangeons pas les torchons et les serviettes », on pourrait presque parfois évoquer les séries françaises (nan, c’est quand même moins à l’écart que les séries asiatiques, mais peut-être parce que y’a pas besoin de faire l’effort d’aller les chercher celles-là… Est-ce que j’évoque les séries canadiennes francophones ? -Qu’on trouve plus facilement qu’avant d’ailleurs et je suis pour-).

    Bon, je manque de régularité du côté des doramas, mais je fonctionne par (looooooongs) cycle de ce côté-là. Des fois, ça me reprend (d’ailleurs, de mon côté, c’est pas peur de perdre des stats, parce que je ne pourrais jamais enchaîner plusieurs articles sur des séries japonaises ou il faudrait que je fasse un gros stockage de reviews/d’articles avant… Comme c’est dilué, ça n’a pas grande incidence chez moi).

    A ce propos, je réserve une surprise pour… Euh p’têt bientôt… (Quel teasing mes aïeux ! Arf).

    En tout cas, j’apprécie aussi ce mélange des genres (bon, comme tu l’as habilement souligné, vu mon blog, c’est normal… Parce que pour moi, tout est un peu lié d’une manière ou d’une autre -même les torses imberbes, lol-) qu’on retrouve ici et là (chez ceux que tu as cité).

    Maintenant, quant à la question de savoir si j’ai déjà pensé à des séries asiatiques en regardant des séries américaines… Là, comme ça, à brûle-pour-poing, j’en ai pas le souvenir… Mais c’est peut-être juste une histoire de conditionnement aussi (est-ce que par exemple des séries américaines m’ont déjà fait penser à des séries françaises ? Pas franchement sûr non plus), de quantités vues aussi… Ou j’ai pas vu les bonnes séries asiatiques pour pouvoir faire la démarche dans ce sens-là… Mais qui sait, peut-être qu’un jour…

  2. Eclair dit :

    Je suis dans la liste des touche à tout
    Depuis fort longtemps d’ailleurs, mais j’ai changé tout récemment de blog, passant de fourre-tout à un blog orienté ciné et séries américaines et asiatiques.

    Pour répondre à ta question. Non, je n’ai pas le souvenir d’avoir pensé à une série asiatique en regardant une série américaine. Comme Nakayomi je pense qu’il y a une histoire de conditionnement.

  3. ladyteruki dit :

    Est-ce que l’un d’entre vous se sent de m’expliquer plus en détail ce que vous entendez par ce conditionnement ?

  4. Nakayomi dit :

    Le conditionnement, ça passe pour moi par le fait de penser « série américaine » dès qu’on évoque le mot série. De ne lire qu’en majeur partie des articles sur des séries américaines, parfois anglaises, notamment dans les magazines séries… Du coup, on parle avant tout en terme de concepts à l’américaine, de déroulement de saisons à l’américaine, peut-être même de stéréotypes à l’américaine… (J’sais pas si c’est plus clair mon histoire… Mais comme c’est ce par quoi la plupart d’entre nous ont commencé, c’est devenu un référent)

  5. Eclair dit :

    Je ne vais pas parler pour Nakayomi, mais pour ma part je pense qu’on a été conditionné depuis l’enfance à regarder des shows américains. La culture américaine est partout sur-représentée: du langage aux pubs, aux modes de nutrition, jusqu’aux célébrités hollywoodiennes. C’est le « show ». L’Amérique et sa force de frappe.

    Les jeunes générations ont baigné dans le manga et l’anime (pas comme moi, qui ai vécu cela avec distance – j’étais déjà trop vieux peut-être). Donc d’ici 2 générations ça va peut-être changer. Mais le chemin est encore trop long.

    Aujourd’hui on parle du festival de Cannes. Quelles sont les stars qui passent dans les médias ? Les stars asiatiques ne sont mentionnées que si elles remportent un prix.

    L’Asie est encore trop mystérieuse pour faire rêver – les reportages qu’on nous diffuse sont

    pitoyables : la propreté relative des restos chinois, l’économie chinoise qui « vole » nos emplois…

    Le rêve on nous l’a ingurgité depuis notre enfance : il est américain. Ce sont nos sauveurs, ils nous ont fourni le chewing gum et les bas nylon. Qu’on en soit conscient ou non, nous sommes conditionnés par les médias qui sur-représentent la culture américaine. Il y a le génie américain du marketing, de la mise en scène qui s’exporte, et dont les codes nous sont d’autant plus faciles à prendre qu’ils sont occidentaux.

    Un autre exemple : les français connaissent mieux le fonctionnement de la justice américaine au point de vouloir l’utiliser en France (le fameux « objection ! » qu’on entend maintenant par erreur dans les tribunaux français).

    oui, nous sommes conditionnés.

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