Retour à notre Ozmarathon dans une ambiance un petit peu plus détendue… un peu seulement, ça reste quand même Oz.
Je tiens d’ailleurs à remercier chacun de mes petits camarades du Ozmarathon qui m’ont permis de prendre un peu de temps avant de reprendre la série, alors qu’ils avaient fort envie de voir la suite.
Il me faut d’abord commencer par saluer les excellentes interventions de Hill. Cette saison, il est vraiment au mieux de sa forme. Tout y est, c’est absolument parfait : les textes sont bons, leur mise en scène impeccable… Mais il faut dire que j’attendais l’une de ses répliques depuis plusieurs semaines, et j’avais déjà évoqué son monologue sur la prise de responsabilité.
C’est l’intrigue de Mobay qui domine le début de l’épisode (et vous savez ce que j’ai tendance à penser des intrigues de début d’épisode dans Oz…). Si dans l’épisode précédent, il avait fait le grand saut et commencé à consommer de la drogue sans aucune raison professionnelle de le faire, cette fois la rupture avec la réalité est définitivement consommée quand notre flics des stups (il faudrait quand même voir à le rappeler) décide sans sourciller de tuer un prisonnier pour pouvoir se faire adouber par les seigneurs d’Em City. Ce qui est intéressant c’est qu’il n’y a de sa part AUCUN cas de conscience. Oz ne cherche pas à nous dire « ohlala, mais c’est mal, va-t-il plonger, va-t-il ne pas ? », non, la série ne cherche pas à nous raconter une histoire à dormir debout, la chute est claire, nette, et il ne s’agit pas de tourner autour du pot mais surtout de vivre l’expérience de Mobay avec lui, avec tout ce qu’elle comporte d’ahurissant pour un type qui est quand même supposé être du bon côté de la barrière, et qui prouve bien qu’il n’y a pas de bon côté, il n’y a probablement même pas de barrière.
L’idée n’a même pas effleurée Mobay d’avertir Glynn de ses problèmes, alors qu’il en aurait cent fois l’opportunité. C’est ça qui est frappant dans cette histoire, c’est vraiment qu’à aucun moment Mobay n’hésite, ne se demande ce qu’il devrait faire. Il fonce. Droit dans le mur, visiblement. Mais pour le moment ça fonctionne, en plus…
L’intrigue est intéressante, mais elle traîne un peu en longueur pourtant.
Parce que vu ce qui se passe à Em City, il faudrait peut-être plutôt se pencher sur les agissements de Querns. Et la confiance inébranlable d’Adebisi a de quoi provoquer de sacrés questionnements. D’où vient donc ce mec pour qu’il soit adopté aussi bien par Adebisi que qualifiable pour ce poste aux yeux de l’administration ? Est-il en train de faire d’Em City un quartier black pour transformer le secteur en Paradis pour Adebisi et les siens, ou a-t-il des motivations autres, plus perverses ? Ce serait quand même étonnant qu’il n’y ait rien derrière tout ça. Je suis à peu près sûre (bien que n’ayant aucun souvenir de la conclusion des choses) que ça ne peut pas bien finir pour Adebisi. Mais en tous cas, pour le moment, tout se passe effectivement comme prévu, et visiblement Arif commence à se dire que ça pue, surtout avec l’arrivée de Supreme Allah. Il est grand temps. Peut-être même trop tard. Aura-t-il le courage de se rapprocher de Saïd qui avait prédit que ça tournerait mal pour les Muslims ?
Rebadow est au mieux de sa forme. Depuis qu’il a tué sur commande pour le compte de Morales, c’est un autre homme. Du moins a-t-il réussi à s’en convaincre, et c’est finalement là une grande leçon sur la façon dont l’assurance d’un homme peut le transformer. Qu’il s’agisse de tenir tête à d’autres prisonniers, ou aux gardiens eux-mêmes, Rebadow se fait l’incarnation du sucker punch, avec d’autant plus de force que son apparence ne paye pas de mine (il faut voir le sourire condescendant de Morales lorsque notre petit vieux vient lui demander paiement de sa faveur,alors qu’il s’attend vraisemblablement à ce que ce soit totalement négligeable et ridicule). Le pire c’est que Rebadow a réussi à avoir l’assentiment de la plupart des prisonniers qui, sans le prendre au sérieux tout-à-fait, applaudissent ses démonstrations de cojones. Je ne sais pas combien de temps Rebadow va pouvoir rouler des mécaniques avant d’être rappelé à la réalité de sa condition, mais en attendant, c’est savoureux de le voir en remontrer à des types qui, il n’y a pas si longtemps, comme il le rappelle lui-même à Sister Pete, lui menaient la vie dure. Watch out guys, we got a badass over here !
Le grand spectacle, encore une fois, c’est Ryan O’Riley qui va nous le fournir. D’abord dans son éternel bras de fer avec Stanislofsky (vous savez où me porte mon coeur dans cette lutte sans merci), qui est décidément parti en cacahuète pour un simple portable. Mais quand on est enfermés entre quatre murs, on se focalise sur le plus absurde des gadgets, et c’est le cas de la bataille entre l’Irlandais et le Russe, qui ne veulent pas céder un pouce de terrain. Comme d’habitude chacun y va de son petit murmure dans l’oreille adéquate (« han t’as vu moi j’aurais pas aimé »), et… et ça foire. Ryan ne parvient pas à faire éliminer Stanislofsky, et Ryan est toujours sur ses deux jambes. Oh certes, il a récupéré le portable, mais on parie que pour autant le jeu du chat et de la souris n’est pas prêt de se conclure ? C’est une question de domination : il faut que l’un des cerveaux machiavéliques l’emporte sur l’autre. Le portable a mis le feu aux poudres mais tant qu’il n’y en aura pas un pour casser sa pipe grâce à l’autre, c’est sans fin. Mais en tous cas c’est divertissant comme au premier jour.
Et puis, sur une tonalité plus sombre, Ryan O’Riley nous rappelle aussi que son intrigue amoureuse avec le Dr Nathan connait en cette 4e saison une véritable rédemption. Fini les déclarations enflammées, il brûle un feu autrement plus ardent derrière les yeux verts de Ryan désormais, parce que ce qui le consume dépasse les simples sentiments amoureux. Lorsque le violeur de Gloria Nathan parait à Em City (quelle idée aussi, ne pouvait-il pas être envoyé dans une prison où Nathan n’exercerait pas ?) parait devant les yeux de Ryan, on peut lire dans ceux-ci une condamnation à mort qui est tout ce qu’il y a de définitif. Il n’y a plus qu’à attendre de découvrir comment cette exécution aura lieu, et, surtout, si Ryan la brandira comme un trophée à sa chère et tendre, ou s’il a réellement pris sa leçon d’humilité.
La séquence émotion, elle, appartient à Beecher. Car pour clore cet épisode, les scénaristes ont décidé de relancer de plus belle l’éternelle danse de la mort de Toby et Vern, avec, comme c’est désormais l’usage, Chris au milieu.
Plein de bonnes nouvelles dans cette intrigue. D’abord, le fait que l’enlèvement des enfants de Beecher, traité en, quoi, deux épisodes ? A été parfaitement efficace et, surtout, n’a pas trainé en longueur. C’est un vrai plus et ça reste fidèle à la grande tradition de la lutte sanglante entre Beecher et Schillinger : ne pas finasser en chemin, aller droit au but, pour ne jamais diminuer l’impact. Et là en l’occurrence, la douleur de Beecher qui a appris qu’on avait coupé la main de son fils est vite remplacée par la douleur du deuil tout court, avant de passer à la douleur du doute (envers Keller), et l’enchaînement est parfait.
Qui plus est, on n’a jamais cessé d’instiller le doute envers Chris Keller, et même si on aurait envie de croire à leur « belle » histoire (à base de pugilat, au propre comme au figuré, depuis le premier jour, quand même), on a toujours un petit doute derrière la tête, et cet épisode l’exploite parfaitement, récoltant les fruits consciencieusement semés pour nous infliger l’atroce réalisation ensuite que, bah, on n’avait pas de raison de douter, tout cela vient une fois de plus de la main de Schillinger.
L’intrigue renoue avec celle de la crise de foi de Sister Pete, ce qui est en plus un vrai bon coup puisque c’est là une intrigue qui, bien que mineure, a un peu trainé en longueur (surtout après la visite de l’évêque, qui n’a pas servi à grand’chose), et les reconnecter est bien vu pour ne pas nous désespérer.
Même l’intervention du ptit père Mukada est bonne (même si ce coup de fumer à tout va, ça me rappelle un peu la pseudo-crise qu’il nous a faite après l’émeute avec son blouson en cuir), ce qui n’est quand même pas aisé.
Du coup, l’éternelle danse de la mort entre Beecher et Schillinger promet de nouveaux instants d’horreur et de rivalité absurde, et c’est quand même un des grands points forts de la série sur le long terme.
Un bon épisode, donc, équilibré, avec de bonnes respirations savoureuses, et une utilisation formidable des intrigues et personnages essentiels qui font fait les grands épisodes de la série jusque là. Tout cela est très prometteur, surtout si, comme moi, on fait mine d’ignorer les intrigues politiques qui ne mènent pas bien loin.