On revient dans ce nouvel épisode à un mystère plus « normal » dans son déroulement (victime, puis passage à la morgue, puis découverte du criminel…), mais original dans son dénouement, tout en poursuivant l’exploration des problèmes de couple de Ned et Chuck. Tout ça pendant qu’Olive compte sur un pigeon pour séparer les tourtereaux…
Pauvre, pauvre Olive, qui est passé à peu de choses d’arriver à ses fins dans cet épisode, et qui est trahie par son petit coeur. Au lieu que son plan, échafaudé afin de mettre Chuck face à son secret, ne réussisse, voilà qu’elle s’aperçoit qu’elle a passé un peu trop de temps avec les Darling Mermaid Darlings et qu’elle s’est prise d’affection pour elles… Qui peut la blâmer ? La petite chose n’a jamais personne à qui parler si ce n’est un chien, d’ordinaire, alors pour une fois que des gens se lient avec elle, Olive n’allait quand même pas tout gâcher. C’est ainsi qu’en une fraction de seconde, Olive prend la décision de laisser Chuck garder son secret, et entre dans la confidence.
Et tant mieux. La jalousie d’Olive, si elle se conçoit, ne pouvait pas la maintenir trop longtemps dans une situation de « méchante » dont les plans allaient constamment mettre en péril le bonheur de Ned et Chuck. C’est par une jolie pirouette que la blondinette entre en connivence avec eux, sans pour autant cesser de couler des regards enamourés à son Piemaker.
C’est réellement l’épisode le plus triste à ce jour (considering). Aussi bien pour Olive, qui doit mettre de côté sa poursuite impossible de l’éviction de Chuck (même si on peut débattre de l’efficacité de son plan : ce n’est pas parce que Chuck serait dans la panade vis-à-vis de ses tantes qu’elle disparaîtrait du Piehole, ou que Ned l’aimerait moins) que pour les tantes de l’ex-défunte.
D’ailleurs plus on passe du temps avec ces dernières, plus on trouve leur tandem aussi cafardeux que bizarre ; certes, elles ont leurs névroses qui les rendent excentriques, mais on prend vraiment la mesure de leur peine. Qu’il s’agisse de voir Lilian pleurer ou Lily faire la tête, on sent que les deux femmes sont réellement affectées. On pourrait dire en somme qu’elles sont atteintes aussi bien mentalement qu’émotionnellement.
Du côté du Piemaker et de la fille appelée Chuck, il y a de l’eau dans le gaz. La dangerosité du contact entre ces deux-là étant bien établie dans les épisodes précédents, on s’attaque aux côtés les moins romantiques de cette interdiction de se toucher quand Chuck est attrapée au vol par un homme qui, lui, peut se servir de ses mains. La jalousie du Piemaker n’est pas bien jolie à voir, ses manifestations devenant même plutôt mesquines au cours de l’épisode (m’est avis que Ned est aussi rancunier que jaloux), mais elle se comprend, parce qu’il réalise que la situation va quand même poser problème sur le long terme ; implicitement, Pushing Daisies nous rappelle que ses héros ne sont pas faits de bois et que la romance a ses limites : tout ça c’est bien gentil mais euh, hein, on se comprend.
Comparativement, le début de l’épisode, dans lequel Digby, chien fidèle (et particulièrement intelligent), va retrouver son jeune maître, est moins triste ; et pourtant je mets au défi quiconque de rester de marbre devant le passage où tous les deux se retrouvent, joyeux, avant de réaliser qu’ils ne pourront jamais se toucher non plus. Ned trouve immédiatement une branche (plus tard il aura un outil plus perfectionné) pour pallier à ce petit inconvénient, mais Digby aime son maître sans trop regretter le manque de contact. Ce n’est pas le cas de Chuck qui ressent le besoin qu’on lui prenne la main. Elle s’imagine que c’est la main du Piemaker, mais la vérité c’est qu’elle ne peut pas se passer de contact… Quand on y pense, c’est pire vu que Ned fait son possible depuis des années pour éviter le contact avec tout le monde depuis des années. Ca ne fait que 4 épisodes qu’elle est morte et elle s’amuse déjà à tenir la main du premier venu !
Bien-sûr, la romance de conte de fée n’est jamais totalement absente de Pushing Daisies : une histoire d’amour se met en place entre deux des protagonistes secondaires de l’épisode, racontant une autre histoire d’amour en filigrane, et d’ailleurs en fin de compte, le Piemaker et la fille morte finissent par danser romantiquement enlacés sur le toit du Piehole. Mais en dépit des apparences, Ned et Chuck viennent quand même de se prendre un méchant revers dans leur relation ; ils vont y survivre, mais en même temps, plus que de craindre la mort de Chuck, ils craignent ici la séparation et c’est pire, bien pire.
Assez peu d’humour, donc, dans cet épisode (qui n’en est cependant pas totalement dépourvu), et un Emerson également un peu en retrait, mais c’est normal vu la place prise ici par Olive et les tantes.
On a pourtant droit à une scène absolument tordante (bien qu’un peu longue) lorsqu’un pigeon vient s’écraser contre une vitre du Piehole et qu’il est ressuscité par Ned (à son corps défendant). Le Piemaker et Emerson guettent avec anxiété qui sera alors la proie de remplacement du destin, et entre la terreur d’Emerson (sa couardise n’est pas son trait de caractère le plus attrayant !) et la tristesse de Ned qui est certain qu’un écureuil qui passait par là va vraiment y passer, il y a de quoi se plier de rire. Ce sera franchement la seule scène aussi légère de l’épisode : il y a des bonnes répliques, comme toujours (les dialogues sont émaillés de perles absolues), mais ça reste plus ponctuel.
C’est vraiment agréable, cette façon dont les épisodes changent de ton, je ne me souvenais plus de cette amplitude (curieusement, je n’avais retenu que la partie la plus légère de ces intrigues). J’apprécie les moments comiques, qui admettons-le ont la chance de reposer sur des dialogues d’orfèvrerie débités avec une rapidité n’ayant rien à envier à Gilmore Girls, mais le côté émotionnel n’est pas absent. Peut-être que les fois précédentes, j’avais été un peu éblouie par la forme de la série pour m’en apercevoir, ou peut-être que sitôt le marathon terminé je vais oublier ces avantages-là (me repasser en boucle la BO de la série cycliquement n’aide probablement pas à en fixer une image fidèle non plus), mais ça fait bien plaisir. Vite, la suite !