Double peine

8 mars 2017 à 8:30

Il y a quelques jours, j’ai décidé de me remettre à une série asiatique qui a fait partie des toutes premières dont j’ai parlé dans ces colonnes, Last Friends. Que dire de Last Friends ? Des tartines, comme vous êtes sur le point de constater en lisant la review de son unique saison, ci-dessous. Mais en priorité ceci :

Trigger warning : violence domestique (physique & psychologique), maltraitance de mineurs, transphobie et lesbophobie, viol, harcèlement, suicide.

Bon sang, j’espère que je n’oublie rien ; Last Friends est, et j’avoue avoir oublié à quel point, parfois très difficile à regarder. Et pourtant pas tellement, car cette série en 11 épisodes (plus un épisode « spécial » servant d’épilogue mais aussi de récapitulatif) se déguste aussi, étonnamment, avec beaucoup de bonne humeur et même d’enthousiasme, ce qui fait que d’ailleurs il ne m’a fallu que quelques jours pour en venir à bout pendant ce revisionnage. Même si la série commence à prendre un peu d’âge (en 2018, 10 ans se seront écoulés depuis sa diffusion), mon adoration envers cette série reste intacte.
Si vous vous sentez le courage d’aborder tous les sujets délicats ci-dessus (parfois, c’est précisément ce que l’on cherche, après tout), lançons-nous donc dans un tour d’horizon de ce que cette série a abordé… et comment.

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A l’origine, Last Friends commence comme l’histoire de Michiru, une apprentie coiffeuse qui, pour son anniversaire, reçoit la plus belle déclaration qu’il soit de son petit ami Sousuke : il lui propose qu’ils emménagent ensemble.
Même si elle a un moment d’hésitation, parce qu’au fond Michiru est fondamentalement quelqu’un de réservé, la jeune femme ne pourrait pas imaginer une meilleure idée : elle vit en effet dans un petit appartement vétuste avec sa mère, une femme qui ne lui accorde pas beaucoup d’attention et qui est toute entière consacrée à sa rencontre récente avec un homme (au point d’avoir oublié que c’était l’anniversaire de Michiru !), ce qui fait que le loyer comme les tâches ménagères sont entièrement assumées par Michiru, mais que côté affection, c’est le néant. Or, avec Sousuke, ce serait bien différent : le jeune homme est aimant, attentionné, il vit dans un appartement moderne et bien tenu. Il représente l’espoir d’une vie meilleure, aussi Michiru accepte-t-elle rapidement cette proposition qui apparaît comme une évidence. D’ailleurs, prenant les devants, Sousuke, qui lui a offert une petite tasse ornée d’une décoration rouge à l’occasion de son anniversaire, a d’ores et déjà acheté pour lui-même une tasse identique décorée en bleu, comme ça ils auront des tasses assorties à la maison, quelle attention touchante et gentillement romantique !

Tout est donc parfait et Michiru, après avoir annoncé la nouvelle à sa mère (en la rassurant sur le fait qu’elle continuera à payer le loyer du petit appartement pour l’aider, ce qui est la seule chose dont sa mère se préoccupe), est ravie à l’idée de s’installer dans ce nid douillet avec l’homme de sa vie.
En faisant des emplettes en vue de cet emménagement, Michiru croise la route de Ruka. Camarades depuis l’adolescence, Michiru et Ruka n’ont plus eu l’occasion de se voir depuis plusieurs années (on apprendra par la suite que cela fait 4 ans que Michiru n’avait plus donné de nouvelles, alors que sa mère l’avait emmenée vivre loin de Tokyo suite à son divorce). Ruka n’a en revanche jamais oublié Michiru, qui est restée chère à son cœur. Très chère, en fait : il est vite clair que Ruka en pince pour Michiru, même après toutes ces années.

Tandis que les deux camarades de jadis renouent leur amitié quasiment comme au premier jour, Michiru s’installe avec Sousuke, et tout devrait donc être parfait dans le meilleur des mondes.
Pour 12 heures.

Car le lendemain de la première nuit que Michiru passe dans l’appartement de Sousuke, elle découvre celui-ci en train de lire ses messages sur son portable à elle ! Et quand elle tente diplomatiquement de lui laisser le bénéfice du doute en lui donnant une chance d’expliquer ce qu’il fait, il se montre immédiatement jaloux, et l’accuse de le tromper avec un autre homme. Lorsqu’il apparaît que c’est l’existence d’un contact avec Ruka qui a provoqué la colère de Sousuke, Michiru lui promet de prouver qu’il n’a pas lieu de s’inquiéter, mais ne réussit pas à lui apporter de telle preuve. Le soir-même, découvrant que Michiru a « failli à sa promesse » d’apporter une preuve de sa fidélité, il commence à la battre. La scène est d’une violence extrême, tant de par les actes commis (il va jusqu’à lui donner des coups de pied dans le ventre) que parce que Michiru n’a pas du tout vu arriver un tel revirement dans la personnalité de son compagnon.
L’horreur est totale mais, une fois la crise de jalousie terminée, Sousuke se met à pleurer et à s’excuser, et Michiru se trouve désemparée. Elle s’excuse même de l’avoir repoussé pendant qu’il pleurait ! Confuse, elle sort de l’appartement, se retrouve à errer dans les rues, et arrive de façon semble-t-il mécanique à l’appartement qu’elle occupait à peine 36 heures plus tôt avec sa mère ; or celle-ci est en galante compagnie et, pour ne pas entacher le bonheur de sa mère, Michiru fait demi-tour. Elle semble désormais totalement seule face à ce qui vient de lui arriver.
De fil en aiguille, Michiru finit par être recueillie ce soir-là par Ruka, qui partage une maison avec une jeune femme, Eri. C’est là que Michiru finit par passer la nuit, entourée par la chaleur et l’énergie des deux colocataires, ainsi que par celle de Takeru, un inconnu rencontré récemment, qui était présent ce soir-là et qui envisage de peut-être emménager dans une des chambres libres de la maison.

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A ce stade il me faut vous préciser une chose d’importance : Ruka est un homme transgenre, mais n’a pas encore fait son coming out, si bien que tous le considèrent comme une femme, en particulier Michiru qui s’est dépêchée d’utiliser cette raison comme explication au fait qu’elle ne pourrait jamais tromper Sousuke avec Ruka. Sa preuve, c’était de ressortir son vieil album du lycée où il est « évident » que Ruka est une femme… l’album du lycée va rester introuvable pendant un long moment, jusqu’à ce qu’il apparaisse qu’en réalité Sousuke l’avait sciemment confisqué dans les affaires de Michiru afin qu’elle ne puisse justement pas prouver que Ruka est une femme.
Il va de soi qu’à partir de maintenant, je m’apprête à genrer Ruka au masculin, mais il faut garder à l’esprit que je suis bien la seule ; c’est un point capital, car Last Friends a l’intention d’explorer la relation de Ruka à son identité de genre, aussi bien pour ce qu’elle signifie dans la vie de Michiru que du point de vue de Ruka lui-même.
Le problème, autant vous le dire dés maintenant, c’est que Last Friends a aussi un peu de mal avec la perspective de ce que cette exploration implique. Par exemple jamais le terme de « trans » sous quelque forme que ce soit ne sera prononcé, et à vrai dire à aucun moment Ruka ne va même se définir comme homme à voix haute (au mieux, les dialogues indiqueront qu’il préfère être traité « comme un humain plutôt que comme une femme », c’est le moment où le lecteur averti secouera donc la tête d’un air navré). Le seul point sur lequel la série s’en sort, c’est que fort heureusement, en Japonais courant, l’usage de pronoms est de l’ordre du facultatif, et que les adjectifs ne s’accordent pas, ce qui permet d’éviter le mégenrage intempestif à longueur de dialogues. Reste que tous les personnages parlent de Ruka comme d’une femme, quand bien même cette femme serait « garçon manqué ». Une seule exception : Sousuke qui va vite prendre l’habitude de l’appeler péjorativement « aitsu« , qui signifie aussi bien « cette personne » que « ce truc » (soit par jalousie soit par extrême sagacité). Vous le voyez, c’est pas brillant. Pour finir, la série part du principe que parce qu’il est un homme trans, Ruka va nécessairement être attiré par une femme (confondant ici identité de genre et orientation sexuelle), ce qui va parfois, du fait de l’absence totale de protagoniste ayant conscience de ce qui travaille Ruka, faire passer la transphobie au second plan, et transformer les réactions en lesbophobie.
Pas joyeux, ce mélange, il faut l’admettre, et dans cette confusion le message de Last Friends sur les difficultés de Ruka (par ailleurs bien décrites, et en particulier interprétées avec finesse par la toujours excellente Juri Ueno) finit par se perdre un peu, faute de courage. Parce que finalement c’est bien ça le problème : ce que le personnage perçoit clairement, le spectateur, lui, est condamné à le deviner, ce qui évite au scénario de prendre le risque d’utiliser des mots peu employés d’ordinaire dans les médias grands publics. Mais ces mots sont nécessaires, et Last Friends perd plusieurs fois l’occasion de les employer pour définir son propos et éviter de tout mélanger, comme si le sexisme (dont souffre ponctuellement Ruka, attiré qu’il est par les activités « masculines » comme le motocross), la lesbophobie et la transphobie étaient une seule et même chose.

Bref, ce n’est pas le désastre, mais ça rend inutilement les développements compliqués.
D’autant que Last Friends a déjà fort à faire avec ses ingrédients sans en plus brouiller le propos. Nous allons ainsi ainsi assister, en parallèle : à la violence domestique dont est victime Michiru (puis à ses efforts pour s’en sortir, avec l’aide de Ruka et plus largement des habitants de la colocation) ; aux souffrances secrètes de Ruka en raison de son identité de genre (et dans un second lieu, en raison de ses sentiments pour Michiru, récemment ravivés par leurs retrouvailles) ; aux souffrances de Takeru (violé par sa sœur aînée lorsqu’il était enfant) ; et même à celles d’Eri et Ogurin, deux personnages traités de façon secondaire mais qui habitent aussi la maison et vont faire partie du quotidien tout de même. On va même consacrer pas mal de temps à l’exploration de Sousuke et ses paradoxes, comme si on avait le temps en 11 épisodes !
Écoutez, je vous avez prévenus, Last Friends s’est donné pour mission de traiter de nombreux sujets lourds, et n’y va pas avec le dos de la cuiller. Âmes sensibles s’abstenir…

Même si Last Friends s’avère timorée sur la transidentité de Ruka, il faut avouer que la série fait un boulot impeccable lorsqu’il s’agit de violences domestiques. Les dynamiques en jeu ici ont clairement fait l’objet de recherches sur le sujet plutôt qu’une estimation pifométrique des enjeux. Le traitement de la situation de Michiru ne laisse place à aucun hasard.

Ainsi la violence de Sousuke relève-t-elle en majeure partie de l’emprise psychologique, avec ce que cela induit de chantage émotionnel, de menaces voilées, de posture de victimisation, et ainsi de suite. Sousuke fait vraiment un travail incroyable, qui donne à penser que ce n’est pas forcément sa première expérience dans le domaine, pour saborder totalement la vie de Michiru : il lui reproche son travail (quand bien même elle lui a indiqué qu’elle aimait son job… ou justement à cause de cela), enrage lorsqu’elle coupe les cheveux à des clients masculins, lui fait des crises lorsqu’elle est en retard (qu’il l’attende des heures au pied de son immeuble ou à la maison), la coupe de ses amis, s’insère entre elle et sa mère. Le fait que Sousuke exerce par ailleurs la profession, tenez-vous bien, d’assistant social auprès d’enfants vulnérables, fait froid dans le dos ; pour l’essentiel, Last Friends emploie cet aspect comme un outil humanisant de son personnage de bourreau (« regardez, il n’est pas foncièrement mauvais, puisqu’il se préoccupe du sort d’un enfant négligé ! »), mais implicitement, cela rappelle au spectateur que Sousuke est quand même incroyablement bien équipé pour comprendre ce qu’il met en place au sein de son propre foyer. La chose paraît paradoxale, mais ce type de paradoxe est, d’après mon expérience, au contraire un exemple de dissonance cognitive courant chez les personnes maltraites, d’autant qu’il nous est indiqué que Sousuke a lui-même été abandonné lorsqu’il était enfant par une mère qu’il n’a plus jamais revue. Cela explique et aggrave à la fois la portée des violences commises par Sousuke.
Il y en aura d’autres, et même si Last Friends renâcle parfois à en expliciter l’horreur, elles restent choquantes (et c’est mon deuxième visionnage de la série !). Je ne plaisantais vraiment pas avec mes avertissements de début de review…

La maisonnée va avoir toutes les peines du monde à arracher Michiru à cette dynamique destructrice, ce qui est incroyablement bien vu. Les tentatives répétées de l’extirper de cette relation violente (dont une qu’on peut quasiment qualifier de kidnapping), l’incapacité naturelle de Michiru à s’imposer face à autrui (amplifiée par l’emprise de Sousuke, mais qui se manifeste aussi au salon de coiffure où elle est harcelée par l’une de ses supérieures), et les initiatives des uns et des autres pour la protéger malgré elle (sans jamais contacter la police, ce qui n’a l’air d’effleurer personne pendant de longs épisodes… je serais curieuse de savoir pourquoi), vont se suivre. Tout cela constitue un cycle infernal, bien qu’un brin répétitif, d’une grande acuité sur ce type de situations. Dans le fond, le plus grand danger que représente Sousuke, c’est son omniprésence dans l’esprit de Michiru… le fait qu’il se transforme en stalker n’arrange évidemment rien. C’est toute la colocation qui finit par vivre dans la peur et/ou la paranoia…

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Mais c’est précisément cet angle qui fait chaud au cœur dans Last Friends. A partir du moment où l’un des 5 amis s’ouvre aux autres, et fait part de ce qui le torture, il est protégé par les autres, couvé et aimé ; encouragé à profiter de la vie malgré tout, aussi. Pendant plusieurs épisodes, la vie dans la petite maison est animée, chaleureuse, affectueuse. On rit, on boit, on mange, on passe des soirées à profiter de la présence des autres… et on se régénère sans forcément y penser. C’est lorsque les héros de Last Friends sont seuls avec leurs tourments que les choses se compliquent, bien-sûr. Mais n’est-ce pas là quelque chose d’universel ?
C’est probablement la raison pour laquelle, malgré toutes les douleurs que suscitent ses différentes thématiques (à plus forte raison si une ou plusieurs des intrigues trouvent écho dans votre propre expérience), il est si aisé, voire si réconfortant, de revenir à Last Friends. Comme ses protagonistes, la série a quelque chose d’accueillant, de profondément positif. Ses efforts pour panser les plaies de chacun ne vont, en outre, jamais jusqu’à prôner l’escapisme, ce qui est une combinaison parfaite pour qui rêve à la fois de catharsis et de réconfort.

Last Friends a en outre tous les attributs de la série mélodramatique japonaise par excellence, avec ce que cela implique d’attention au détail intime, de portraits fins de personnalités complexes, et d’attrait pour le symbolique (l’obsession des personnages pour des objets comme des tasses assorties, des clés, des lampes, des photos et j’en passe, est là avant tout pour ritualiser l’aspect émotionnel comme, à ma connaissance, seules les séries asiatiques savent le faire). Last Friends affectionne ces métaphores triviales, parce qu’elles lui permettent parfois d’exprimer des nuances surprenantes, et d’explorer des thèmes plus importants qu’il n’y paraît. Plutôt important pour une série qui n’a pas le courage d’expliciter ses questions les plus sensibles…!

Par exemple, toute la série est écrite comme si Michiru était l’héroïne d’une romcom, et Ruka son héros. Michiru est d’ailleurs systématiquement codée en rose, et Ruka en bleu ; chacun adopte des comportements typiques (fraîcheur innocente pour Michiru contre tendances protectrices pour Ruka, par exemple, y compris avant de découvrir les sévices infligés par Sousuke), il y a des scènes de baisers volés (oui, je sais, le baiser volé c’est un gros problème de la fiction asiatique en général…) des gens qui courent au ralenti et/ou sous la pluie, la totale. Cette crypto-romance semble vouée à l’échec, et pourtant, il n’est pas interdit de penser qu’elle joue un rôle dans la conclusion de l’intrigue, au moins dans une certaine mesure disons.
La relation codée de Michiru et Ruka est d’autant plus intéressante qu’à l’écran, elle comme lui ont droit à des intrigues individuelles déconnectées de cette dynamique. Michiru n’est ainsi pas que l’enjeu amoureux de Ruka, elle a sa propre bataille à mener pour trouver son indépendance, à découvrir ses préférences, à développer un forme de libre-choix. Ruka, de son côté, n’est pas là que pour Michiru, il existe par lui-même et son intrigue sur la transidentité va connaître des rebondissements importants qui passeront par, notamment, la consultation d’un conseiller spécialisé, ou encore par un coming out fait à un être cher (je ne vous en dis pas plus, voir arriver cette scène est l’un des trésors discrets qui font le charme de Last Friends).

En outre, l’aspect symbolique de Last Friends joue aussi pour elle d’un point de vue strictement narratif : en renvoyant perpétuellement le spectateur à certains codes, la série peut s’en jouer. Elle possède ainsi une maîtrise du foreshadowing qui, combinée à un art consommé du cliffhanger, permet de couper le souffle plusieurs fois à ses spectateurs… et/ou de les frustrer.

Il faut en effet savoir, ce que je me suis bien gardée de vous raconter jusque là, que les toutes premières images de la série se déroulent plusieurs mois après les évènements que j’ai décrits ci-dessus. Dans ces scènes, Michiru est enceinte jusqu’aux yeux, elle ne vit pas à Tokyo, et elle écrit des lettres à Ruka que pourtant elle ne lui envoie pas, manifestant à la fois des regrets sur un mystérieux décès, et sur le fait qu’elle ne peut plus voir Ruka.

Qui est mort ? Est-ce une mort littérale ou métaphorique ? Et dans quelles conditions ? A plusieurs reprises, ce simple décès va sembler suspendu au-dessus de notre tête, ou plutôt de celle de la plupart des personnages. Les possibilités sont infinies, et pas mutuellement exclusives d’ailleurs.
Pendant la quasi-totalité des épisode, Last Friends va jouer de cela pour d’autres aspects que ce décès : un personnage en voix-off (Last Friends est très fan de la narration en voix-off !) va se lamenter de n’avoir pas vu les terribles évènements arriver. D’autre fois, un protagoniste va déplorer n’avoir pas été capable de percevoir les souffrances d’un proche. Quels évènements, au nom du ciel, LESQUELS !? Eh bien jamais ceux que l’on croit, bien-sûr, et les cliffhangers (pas nécessairement en fin d’épisode, d’ailleurs) vont en profiter.
A quoi faut-il s’attendre ? Évidemment pas à ce que Last Friends voudra à plusieurs reprises vous faire croire, mais en accrochant l’attention du spectateur à des détails, des rituels, des objets de la vie courante sacralisés par les protagonistes, la série exploite son extrême attention aux détails pour induire le public en erreur. Plutôt bien joué, même si certains choix sont plus fins que d’autres en la matière ; mais tel est le risque lorsqu’on a recours à ce type de pratiques narratives.

En tous cas, vous comprendrez donc que la photo ci-dessous n’est aucunement spoiler, vu que dés les premières secondes de la série, on sait que Michiru est enceinte. Mais de qui ? Dans quelles circonstances ? Il faudra attendre le final de la série, ne comptez pas sur moi pour vendre la mèche ! Même si vous croyez que les trigger warnings ci-dessus vous ont spoilé, ce n’est pas exactement le cas, croyez-moi…

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J’ai été fort loquace sur Last Friends, mais comprenez-moi : il s’agit d’une série extrêmement importante à mes yeux. De par les sujets qu’elle aborde, bien-sûr, mais aussi voire surtout de par la façon dont elle les aborde, la série a su trouver le moyen de laisser son empreinte sur moi, en dépit de la quasi-décennie qui s’est écoulée depuis sa découverte. Son talent immodéré pour susciter une émotion qui, quand bien même elle apparait parfois comme mélodramatique, ne manque jamais de finesse dans ce qu’elle dévoile des personnages, fait mouche malgré le temps qui passe.
On ne peut pas en dire autant de sa mise en scène (trop de séquences consistent à faire parler des personnages plantés sur leurs deux pieds, raides comme des piquets, qui se parlent sans se regarder, si possible en se tournant le dos… quel gâchis quand on voit le naturel d’acteurs comme Eita ou Juri Ueno), et certains aspects de sa réalisation, que jadis je saluais, sont aujourd’hui légèrement défraîchis.

Mais qu’importe : tout l’art de Last Friends est de savoir trouver ce qu’il y a de plus humain dans ses personnages et leurs tourments, et de sublimer la chose sans jamais la rendre factice. Cela seul suffit à la série pour faire mouche.
En un sens, je crois que Last Friends représente à mes yeux l’alpha et l’oméga du mélodrame dans ce qu’il a à la fois de plus mainstream et de plus noble. Je la soupçonne de m’avoir trop gâtée, au point de servir plus ou moins consciemment de point de comparaison depuis lors. Last Friends a cette étrange façon d’être imparfaite et pourtant de coller si parfaitement à mes besoins téléphagiques… et j’espère, des vôtres, si vous vous sentez d’attaque pour la regarder.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

3 commentaires

  1. akito dit :

    Ah, Last Friends…! Moi aussi parfois j’y reviens comme pour retrouver de vieux amis… Et frissonner en entendant Sousuke appeler « Michiru ? » d’un calme à faire froid dans le dos… Par contre, dans mes souvenirs Ruka est une fille homosexuelle. Mais effectivement la série traite le sujet tellement vaguement qu’on peut finalement penser ce qu’on veut. Comme pour beaucoup d’autres, c’est Last Friends qui m’a rendu fan de Juri Ueno. D’ailleurs j’avais totalement occulté sa présence dans Orange Days, que j’avais pourtant regardé avant Last Friends.
    Dans mon esprit, « Sunao ni narenakute » est en quelque sorte la suite de Last Friends, mais n’en a pas toutes les qualités. Et je ne sais pas si c’était à l’époque l’attrait de la nouveauté (pour moi) ou si quelque chose a changé depuis, mais des drama bouleversants comme Last Friends ou Ichi Rittoru no Namida sont restés des références dans leurs sujets respectifs, voire pourraient donner leur nom à un score pour noter les drama de leurs genres respectifs, parce qu’aucun autre drama ne les a égalés ensuite.

    • ladyteruki dit :

      C’est bien d’un personnage transgenre qu’il est question : Ruka fait des recherches internet sur la chirurgie réattributive, quand même… Il y a plusieurs références aux difficultés qu’éprouve Ruka à vivre son propre corps (il parle à un moment de sa souffrance à prendre une simple douche…), qui indiquent clairement qu’on est au-delà de la question de l’homosexualité. En outre, le conseiller qu’il consulte parle bel et bien de troubles liés au genre, quand bien même il traîne des pieds à poser un diagnostic définitif (au passage : le parcours au Japon a l’air, sans grande surprise, d’être bien lourd). Mais je crois que la liberté que Last Friends laisse à ses spectateurs permet, en un sens, de ne pas les fâcher, et de leur laisser plaquer ce qui les arrange (ou ce qui les dérange le moins) sur ce qui hante Ruka. C’est une bonne méthode pour éviter les courriers de réclamation, à défaut d’autre chose.
      Oh punaise, si tu savais les efforts que je fais en ce moment pour NE PAS revoir Orange Days. Ichi Rittoru no Namida, encore, ça va : je sais que ça me mettrait dans un tel état de loque (il suffit de voir ce que suscite le simple passage de « Only human » dans ma playlist aléatoire de Jmusic !) que j’arrive à m’en empêcher. Mais Orange Days !!!
      Je suis en partie d’accord : ces séries restent des références, d’une part en ce qui concerne leur sujet, mais aussi de par le type d’émotivité auxquelles elles font appel. Cependant, en reviewant Naomi to Kanako un peu plus tard dans la journée, je me suis fait la réflexion que c’était peut-être plutôt moi qui était devenue insensible aux autres séries similaires (il y a moins de personnages dans Naomi to Kanako, donc on y perd l’aspect ensemble show, mais d’autres choses sont semblables). Le problème c’est surtout que… Last Friends has spoiled me ; le lien affectif créé avec cette série est le plus gros frein, bien plus que les qualités de séries s’étant, volontairement ou non, engagées dans une démarche similaire depuis. Enfin, c’est le point où j’en suis de ma réflexion sur le sujet en tous cas ^_^;

  2. ilumys dit :

    Eh bien tu me redonnes envie de le voir, et ce très rapidement ! Des sujets trop rarement traités… J’ai hâte de découvrir cela !
    Merci pour cet aperçu intéressant qui donne envie ^^.

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