Tout va bien : ça va mal

23 octobre 2004 à 4:20

Cela fait deux coups de fils avec ma mère. La connaissant, elle n’a pu s’empêcher de se dépêcher d’aller tout raconter à mon père. Le ton de la confidence ? Connaît pas.

Voyons voir, à quoi peut bien ressembler la conversation de quelqu’un qui va raconter à mon père que je vais revenir ? J’imagine en tous cas la prmière phrase, qui se veut rassurante sur l’avenir : « Tout va bien : ça va mal ».

Eh oui, tant que ça va mal pour moi, ils peuvent espérer que je revienne. Que je m’excuse. Mais alors que ce soit clair tout de suite : revenir, bon, j’y pense. Mais m’excuser, complètement hors de propos. Non seulement je ne m’excuserai pas d’être qui je suis, mais je ne m’excuserai pas d’avoir faits mes choix. Ce serait pas un peu hypocrite de leur part, de toutes façons ? Depuis ma plus tendre enfance, ils me répètent d’être adulte et d’assumer la conséquence de mes actes. Pas d’bol : voilà que je le fais.

Ok, ça va mal pour moi. On a définitivement atteint le stade de non-retour avec Lord T. Une plaie sur le nez, lequel a saigné une bonne heure et demie, je crois qu’on peut dire que j’ai donné sur ce coup-là (sic). Je n’ai pas quitté mes parents pour vivre ça avec un autre. Joker a raison : Lord T m’inflige pareil que mon père. Nom de Dieu, quand même, depuis juin pour réaliser ça ! Je m’ferais presque pitié. Ok, l’Amour est aveugle. J’en ai mis du temps à ne plus l’aimer. Mais ya rien de tel qu’une bonne torgnole pour vous rappeler au bon sens.

J’aurais tenté. Vous êtes témoins ? J’aurais tenté pas vrai ? J’ai essayé de parler, j’ai essayer de négocier, j’ai essayé de comprendre. J’ai donné, n’est-ce pas ? Est-ce que je me suis bien comportée ? Est-ce que j’aurais pu faire plus ? A vous de me le confirmer, ou pas. Lisez le blog, jugez sur pièces, certes chaque minute de mon quotidien n’est pas répertoriée ici, mais vous avez un aperçu de ma personnalité et de mes tentatives.

Je regrette de partir. Je n’ai pas envie d’abandonner. Ce n’est tout simplement pas moi, d’abondonner sur l’important. Mais il ne changera pas : il veut vivre en nombriliste et ne pas tenter de s’améliorer. Ah vous savez, je pardonne beaucoup, surtout à celui-là, mais ne pas vouloir être une personne meilleure ne m’inspire pas la moindre indulgence.

Et puis quoi ? Parfois il faut laisser les gens dans leur merde. Parfois il faut admettre qu’on est impuissant. Certes, j’ai horreur de ça. Bon. Je voudrais penser que sur les plan des affaires humaines, mon coeur est suffisamment grand pour venir à bout des problèmes. Soit, j’ai eu tort. Ou bien j’ai misé sur le mauvais cheval. Ca arrive. A 22 ans je peux encore avoir l’excuse d’être dans mes jeunes années. Au moins sur le papier disons.

Résumé des faits de ce soir. Je tente de dialoguer pendant près d’une heure, il m’assène un sournois « j’ai pas envie de faire d’efforts parce que tu m’es indifférente, c’est faire trop juste pour toi », je lui dis « s’il te plaît ne laisse pas tomber », il me balance encore une horreur et là, vlan ! Je le gifle du bout des doigts mais avec colère. Là je ne sais pas ce qu’il a fait mais ce dont je me souviens ensuite, c’est d’avoir le nez en sang, lui me maintenant les bras en me les tordant, et moi, réflexe de survie appris chez mes parents, le pied sur sa gorge. Roccambolesque, hein ? Si ça, ça me rappelle pas mon père, chais pas ce qu’il me faut. Il y a quelques mois à peine, je le croyais bon, pacifique, attaché à ne pas nuire. Je n’aurais jamais pensé vivre une scène d’une telle violence avec lui. Qu’on en soit arrivé là m’horripile. Il m’avait promis qu’il ne me ferait jamais de mal. Qu’il ne serait jamais comme mon père. Je comprends mieux qu’il déteste faire des promesses : il ne sait pas les tenir. Et comme mon tendre géniteur, ment effrontément quand on tente de les lui rappeler. Si seulement j’étais sûre de ne plus jamais me faire avoir. Mais la preuve, c’est que non.

Alors tant qu’à vivre ces scènes, autant que ce soit avec mon partenaire habituel : mon père. Lui et moi on est quand même ‘achement plus rôdés. Avec un peu de chance, il aura lui-même suffisamment vieilli et mûri pour ne pas céder à ses pulsions, et donc ne pas tenter les miennes. Et avec encore plus de chance, limite un miracle, l’éloignement nous sera salvateur, à Lord T et à moi. Il faudra survivre à tout cela, la distance le permettra peut-être.

J’aurais voulu ne pas faire marche arrière. J’aurais voulu ne pas baisser les bras. Mais il est temps de mettre mon orgueil en berne et d’admettre que cette fois, je ne gagnerai pas. Et à mon avis, c’est perdu pour de bon, bien que ça me brise le coeur.

Nan, je mens effrontément. Je ne veux pas partir. Je ne veux pas lui donner une chance d’apprécier la vie sans moi même si je sais pertinemment que c’est ce qui arrivera. Je ne veux pas partir parce qu’il ne me demandera jamais de revenir dans sa vie. Il se dira « tant pis » et passera à autre chose. Il a fait comme cela pour tout le monde. Moi plus que les autres. Il ne cherchera pas à guérir, il cherchera à oublier. Et je sais qu’il en a la capacité. Oui, dans ma tête, la préoccupation vis à vis de lui, c’est comment soigner le mal, pas comment le fuir. C’est une telle douleur cette situation, mais je ne veux pas pour autant l’erradiquer de ma vie. Non, surtout pas. J’ai vécu les années formatrices de ma vie avec lui, nous nous sommes construits côte à côte, non, je refuse de laisser tomber par fénéantise, parce que c’est dur, parce qu’il est quelqu’un de si différent de par son fonctionnement. Je refuse de m’avouer vaincue. Je voudrais avoir une garantie que c’est un pas en arrière pour deux en avant. Je voudrais être sure que si je m’éloigne, il permettra que ce ne soit que temporaire. Mais tout tend à prouver le contraire, n’est-ce pas ? On a commis l’irréparable, on en est venus au mains. Jamais plus je ne retrouverai mon Lord T, n’est-ce pas ? C’est ça la vérité vu de derrière vos yeux, pas vrai ?

Chez mes parents, ce sera tout aussi immonde. Parce que je n’aurai plus de contact qu’avec eux. Nan, je ne veux pas ça. Je ne veux pas, en plus de perdre l’homme que j’aime, l’homme avec qui je songe toujours à faire ma vie (malgré les délires aux odeurs de bière d’un certain Tibou, je ne songe à passer mon existence qu’avec Lord T), je ne veux pas être coupée du monde comme je l’ai été pendant au moins les 16 premières années de ma vie. Vous vous rendez compte ? Je m’apprête à faire de même que ma mère : sacrifier sur l’autel du confort, ma sérénité et ma dignité.

Pitié, que feriez-vous ?

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