Au mérite

23 août 2007 à 2:35

J’ai été élevée dans l’idée que dans la vie, « tout se mérite », et qu' »on n’a que ce qu’on mérite ». On vit de toutes façons dans une société qui pense en terme de mérite. Il faut mériter ce que l’on a et même ce que l’on est. Etre français, être travailleur… tout se mérite. Si tu veux le devenir, tu ne le devras qu’à ton propre mérite. Et si tu le mérites, alors tu le deviendras !

Est-ce que c’est vrai ?

Quand j’étais en thérapie il y a plusieurs années, j’étais impreignée de tout cela. Et ma psy me répétait « mais enfin, on n’a pas ce toujours ce qu’on mérite dans la vie ! et puis qui jugerait qui mérite quoi ? »
En ce moment ? Tout le monde et n’importe qui. Comme on vit dans une société basée sur des idéaux de mérite, et où, notamment avec internet, tout le monde peut trouver son espace de parole, alors n’importe qui se permet de juger de qui mérite son travail, son argent, sa liberté, sa nationalité, l’endroit où il vit…

Mes parents font partie de ces voix. Ils jugent. Ils s’octroient le droit de juger mon existence à l’aune de ce qu’ils en savent, c’est-à-dire pas grand’chose, d’autant qu’ils ne se sont jamais intéressés à un grand nombre de sujets (combien de fois me suis-je fais rabrouer le soir pour avoir parlé de mes histoires avec mes copines, sur l’air de « mais si je te demande comment s’est passée ta journée c’est pas pour ces conneries ! »). Les émotions ? Ils s’en fichent. On dirait que ce sont des machines à statistiques, ils collectent des chiffres : combien de temps a-t-elle travaillé, quel âge a-t-elle, combien elle nous doit. Et le statistiques ne sont pas en ma faveur il faut bien le dire.

Est-ce que pour autant je mérite d’être traitée ainsi ? Je ne peux pas m’empêcher de me le demander… mais ce qui me semble être le comble de l’horreur, c’est que je ne parviens pas à trouver une réponse.

Au fond de moi, je suis toujours convaincue que je n’ai que ce que je mérite, et que je ne mérite que ce que j’ai. Et encore, je devrais m’estimer heureuse de l’avoir car je le mérite à peine.
Ai-je le droit d’attendre de mes parents qu’ils m’aiment comme j’en ai besoin, alors que je ne parviens pas à me réconforter moi-même ?
Souvent, je me dis que j’ai les parents que je mérite.

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2 commentaires

  1. Cédric dit :

    Je ne crois pas du tout au « mérite ». Le « mérite » est une invention des hommes.

    Le « mérite » est une « croyance » et je ne crois en aucune croyance.

    C’est ainsi que je vois la chose. Le mérite ressemble un « jugement » et je n’aime pas les jugements.

    Et puis à mon sens, personne ne choisit rien, on est juste ce qu’on ne peut pas s’empêcher d’être. L’être humain « intelligent » n’a pas davantage de mérite d’être intelligent que celui qui est moins intelligent, puisqu’il n’y a là aucun choix. Tout comme personne ne « mérite » d’avoir des yeux bleus ou bruns, tout comme aucun enfant ne « mérite » une maladie infantile ou un handicap de naissance. Ça me fait penser à ce concept absurde de « caste » en Inde ou de « réincarnation », « si tu as une vie pourrie c’est que tu paies les péchés que tu as commis dans tes vies antérieures », rien de plus con que ce genre de croyance…

    Toi par exemple, tu es intelligente, mais ça n’est pour moi pas un « mérite », c’est juste comme ça. Ça fait partie des millions de choses qu’on ne choisit pas…

    Bref, cette mentalité du « mérite » n’est vraiment pas intégrée en moi.

    Par exemple : tes mots me plaisent, mais ça n’est pas du tout parce que tu le « mérites », c’est juste parce qu’ils me plaisent…

  2. Cédric dit :

    J’ajoute que la lecture de ton post m’a inspiré la phrase 3408, merci !!

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