Attention, c’est du lourd !

7 juillet 2008 à 21:01

Mouais… c’était pas mal. Ya eu quelques commentaires, effectivement. Mais c’est pas encore ça, hein. J’ai pourtant du mal à croire que 90% de mon lectorat ne sache pas écrire, mais passons.
Chose promise, chose due, donc : voici un post sur Roseanne. Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un mais deux épisodes qui m’ont servi pour me (re)faire une opinion sur la série. Ouais, rien que ça, et je ne regrette rien, et si c’était à refaire, je le ferais, parfaitement !

De Roseanne, dont j’ai quelques vagues réminiscences, je n’ai gardé qu’un souvenir finalement plutôt vague : le générique (version partie de poker, donc… le plus fou, c’est qu’en deux épisodes, j’ai déjà vu deux génériques différents !), le décor, dont j’avais plutôt bien mémorisé la configuration (allez savoir pourquoi), et bien-sûr le couple formé par Roseanne Barr et John Goodman.

Alors déjà, non, hein, stop, je vous arrête tout de suite : non, je ne m’en souvenais pas parce qu’ils étaient gros. Nan mais merci, quoi, ya quand même un peu plus à retenir de ces personnages ! En plus c’est même pas comme s’ils se revendiquaient de la Size Acceptance.
Moi, ce qui me frappait chez eux, et me frappe encore, c’était leur naturel.

Je vous rappelle quand même, l’air de rien, qu’il n’y a pas si longtemps, les sitcoms, sur M6, c’était plutôt le Cosby Show et Madame est Servie, quand même. Alors, bon, d’accord, c’était drôle (aurions-nous eu la délicieuse Une Nounou d’Enfer s’il n’y avait pas eu Madame est Servie ? Même moi j’en doute), mais on ne peut pas dire qu’il y avait un fort facteur d’identification. On avait plutôt le choix entre un personnage à gimmicks comme Cliff Huxtable, et de l’autre côté, une situation plus qu’incongrue (c’était même le but du jeu).
Alors que dans Roseanne, et c’est d’ailleurs ce que les différents génériques illustrent si bien, on est dans « la vraie vie ». Pas de pitch improbable (pas de pitch du tout…), pas de personnages caricaturaux, non juste une famille. Au quotidien. Le vrai quotidien.
On a tous dans notre fratrie (ou, si vous êtes enfant unique, parmi les proches cousins) un frère et/ou une soeur qui ressemble à l’un des enfants Conner ! Becky la bêcheuse, Darlene l’impertinent garçon manqué, ou le petit dernier dont personne ne retient jamais le nom parce qu’il a encore le nez enfoui dans les jupes de sa mère !
Les enfants sont turbulents, bruyants, ingérables… ils nous ressemblent. Il y a des bêtises dans chaque épisode, ils répondent à leurs parents, ils mentent… c’est pas comme Sam qui était toujours toute mignonne et polie !

Et puis, bien-sûr, il y a le couple Roseanne/Dan. Evidemment, les meilleures répliques sont pour eux ! Enfin, bon, laissez-moi préciser : si Roseanne Barr n’a pas un jeu aussi riche que John Goodman (mais qui peut rivaliser avec John Goodman ?), du moins a-t-elle droit aux phrases les plus drôles. Mais en même temps, hein, c’est qui le patron ici ?

Comme je vous le disais, il n’y a pas vraiment de pitch : à l’instar d’un grand nombre de sitcoms, l’intérêt c’est d’avoir des personnages, les situations viendront ensuite.
Pour vous la faire courte, Roseanne travaille à l’usine, tandis que Dan… il est entre deux emplois, dirons-nous. Et ça aussi, ça semble absolument génial : Roseanne n’est pas une femme au foyer, sans toutefois avoir un métier de folie à la Clare Huxtable ou Angela Bower. Avocate, publiciste… et pourquoi pas chirurgienne, aussi ?!
C’est donc elle le soutien de famille, d’autant que Dan, bon, c’est pas un mauvais bougre, mais c’est un peu une feignasse, quand même (qui a dit « grosse feignasse » ? on avait dit qu’on parlait pas du physique !). Et ça, ça lui permet d’être à la fois dans la position de la mère de famille qui fait tourner sa maison (pas comme Angela qui se reposait sur Toni) tout en revendiquant une certaine dose de girl power !!! Il faut la voir, dans le pilote, tenir un discours ultra-sexiste (du sexisme anti-mâle, j’entends) pour comprendre que le personnage de Roseanne… bah, il en a dans le pantalon.

Entre Roseanne et Dan, on sent aussi une sincère complicité (étonnant, d’ailleurs, de constater à quel point elle est patente dés le pilote), de celle que partagent deux personnes qui, après, quoi ? 15 ans de mariage ? Par là… Eh bien, c’est la complicité de deux personnes qui s’apprécient toujours mais qui n’ont pas besoin d’en faire des tonnes. Mais si, vous en connaissez plein, dans les séries, des couples de fictions qui ont 10, 20, parfois 30 ans de mariage, et qui sont écrits et/ou joués comme si c’était leur premier jour ! Ou pire : qui ne le jouent pas du tout (sur l’air de « bah c’est marié dans le script qu’on est mariés, de toutes façons, alors à quoi bon ? »). Ils se charrient mutuellement, se lancent des piques, mais ça n’a rien de méchant ; on n’est pas dans le registre « je t’aime, moi non plus pétasse » de Al Bundy par exemple. Non, il en ressort une impression de tendresse véritable, comme deux personnes qui partagent réellement leur quotidien ensemble, sans que la série cherche à le fantasmer dans un sens ou dans l’autre. C’est un couple dans lequel il n’est pas tant question d’Amour avec un grand A, mais d’humour, et c’est déjà bien quand on traverse plus d’une décennie de galères avec quelqu’un.

Et il en faut, de l’humour, parce que les galères, elles ne se privent pas pour arriver. Et quand on élève trois enfants avec presque pas d’argent, il vaut mieux savoir en rire. L’air de rien, on est dans la seconde partie des années 80, et on ne le repère pas seulement à la toison permanentée de l’héroïne, mais aussi à ce que cela sous-entend d’une certaine morosité économique (la série date de 88, une période de récession avait été entamée l’année précédente, si mes souvenirs de collégienne sont exacts). Et c’est encore pire pour une famille d’extraction modeste, on s’en doute. Donc, la vie n’est pas simple, on compte les sous… et d’ailleurs dans le second épisode, c’est visiblement le nerf de la guerre. On y voit Dan ramener la somme providentielle de 500$, ce qui forcément réjouit tout le monde ; devant l’enthousiasme de ses enfants, Roseanne, explique qu’il y a d’abord des factures à payer, mais que, promis, avec l’argent qu’il restera, ils feront construire une piscine… Et d’argent bien-sûr, il ne va rien rester (ou alors si mais je ne vous explique pas tous les tours de passe-passe que Roseanne opère pour en arriver là !). Dans cette maison pas absolument propre, un peu chaotique, chaque dollar compte, même si parfois on aurait bien envie de se faire plaisir aussi…

En fait, je m’aperçois que les similitudes avec une série que j’adore, plus vieille de 5 ans, Une Maman Formidable (ok, son titre français est particulièrement inepte), sont très nombreuses : Grace a également un mari bon à rien (mais elle, dans le pilote, elle s’en débarrasse), elle a trois enfants intenables, un job dans une usine (où elle n’a pas la chance d’avoir autant de collègues féminines que Roseanne, et fait donc face au sexisme ambiant)… D’ailleurs ça me fait penser que je voulais vous faire un post sur cette série, je me demande bien quel épisode de ma telephage-o-theque je vais choisir pour ça…? On verra. Ca dépendra aussi de vous.

Enfin, bref. Regarder Roseanne m’a aussi rappelé tout un tas de choses. Roseanne, en fait, c’est un peu mon enfance, moi qui avais 6 ans en 1988, je reconnais bien là les horribles pulls en tricot, les permanentes improbables et même les contingences financières de la famille Conner.
A une époque où les revivals font fureur, je m’étonne que personne n’ait eu l’idée de nous rappeler cette décennie dont nous avons miraculeusement réchappé, nous, les enfants des années 80. C’est vrai que quand on voit d’où on est partis, on se dit qu’on en a fait, du chemin…

 

Allez, tous avec moi : femme des années 80…

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4 commentaires

  1. tao dit :

    Roseanne ! Ma foi la seule chose que j’ai retenu de cette série c’est le côté « grande taille » des deux personnages principaux. Je sais, j’ai honte. Je n’ai jamais suivi la série, juste l’un ou l’autre épisode en passant quand j’étais tout petit au point d’en avoir aucun souvenir ou presque. Par contre je suivai avec passion Madame est servie, même si je n’ai jamais vu l’épisode du mariage ou le dernier épisode.

  2. Nakayomi dit :

    Femme jusqu’au bout des seins

    (Fallait pas dire « tous avec moi »…)

    Sinon, ben j’aime beaucoup l’étalage de culture sériephilistique de séries de la même époque, de la même case horaire… Ca permet de voir les différentes approches possibles… Et autant, je me souviens effectivement des autres séries, autant Roseanne, c’est déjà beaucoup plus vague dans ma tête… La faute sans doute aux rediffusions… pas aussi riches que les autres citées justement… Et que moi, fallait que ça tombe pendant les vacances pour que je puisse voir (à moins que ce ne soit dans la case 20h et donc, encore moins de chance de voir).

    Une Maman Formidable est totalement inconnue au bataillon…

  3. Miss L. dit :

    Ah, ça me rappelle bien des souvenirs, tout d’un coup. Et comme toi, je me rappelle bien de la disposition de la maison … je me souviens même de la couverture du canapé, une couverture faite avec des carrés de différentes couleurs ^^ (Bizarre, quand même, de ce qu’on peut se rappeler xD) Mais c’est vrai que le reste, les intrigues, j’ai plus de mal, faute d’une diffusion correcte.

    Tao : pas étonnant que tu n’es pas vu l’épisode du mariage Tony-Angela, parce qu’il n’existe pas ! La série se termine sur un épisode où Tony s’en va, puis revient, avec la même scène que le premier épisode, si je me souviens bien ^^

  4. freescully dit :

    Je me souviens bien de cette série « sans pitch » que je serais très curieuse de revoir aujourd’hui. Hormis les coiffures et vêtements horribles (les années 80 sont sûrement la décennie qui a produit les choses les plus horribles de ce point de vue là) je me demande si cette série n’est pas très actuelle finalement…

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