Nostalgia

23 octobre 2008 à 19:58

Il y avait les choses que j’avais l’habitude de faire : prendre mon cahier en arrivant, et aller prendre les consignes de la journée. M’installer, dans le fauteuil, toute petite, face à l’immense bureau laqué de Monsieur Patron, et noter inlassablement toutes les choses que je ferais dans les heures à venir. Les dix ou douze heures à venir, parfois. Nous échangions un mot ou deux, parlions de l’actualité de nos dossiers pendant un court instant, puis j’allais passer les coups de fil prioritaires, ou lancer les premières impressions. La journée commençait comme ça.
Il y avait les choses que j’avais l’habitude de dire : Bonjour Monsieur, comment allez-vous, bon appétit Monsieur, je m’en occupe de suite Monsieur, ne restez pas trop tard Monsieur, à demain Monsieur. J’aimais bien échanger ces quelques petits mots, un peu rituels, chaque jour à chaque moment-clé de la journée, toujours gentillement, toujours avec le sourire, légère, pimpante ; heureuse, en fait.
Il y avait les choses que j’avais l’habitude d’apprécier : attendre 13h45 que Monsieur Patron aille déjeuner, filer comme le vent prendre mon sandwich jambon-crudités, parfois un esquimau au chocolat blanc quand sont arrivés les beaux jours aussi, et déjeuner là, sur place, à mon bureau, avec un peu de musique parfois aussi, et j’attendais qu’il remonte, et je le voyais entrer dans le bureau et dire « mais, vous n’avez pas mangé, vous ? », et lui dire « si mais j’étais là et d’ailleurs Untel a cherché à vous joindre »… et repartir avec entrain.
Il y avait, aussi, les choses que je n’avais pas l’habitude de vivre : ne pas voir ses patrons de la journée, se faire traiter d’incompétente et de touriste par sa collègue, avoir envie de pleurer, le soir, dans le train…

J’ai l’impression de vivre une sorte de rupture professionnelle : mon ex-travail me manque, mon ex-patron me manque, mon ex-bureau me manque, tout me manque ! Même DOM THOM me manque. Enfin moins, je dois bien l’avouer, mais elle faisait partie du package. Et c’était si bien !
Cette dernière semaine, je dois bien l’avouer, j’ai un gros chagrin. Un chagrin de travail.

Et plusieurs fois, il m’est arrivé de murmurer : mon ancien travail me manque…

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