Les 58 coups de minuit

25 décembre 2008 à 0:00

C’est la belle nuit de Noël, et ce soir je vous propose un post un peu spécial : un post La preuve par six. Ce sont en effet deux épisodes qui vous seront présentés ici, et je suis certaine que vous saurez apprécier ce cadeau à sa juste valeur…

En dépit de bientôt deux ans d’existence, c’est le premier Noël que je fête sur ce blog, et je souhaitais marquer le coup ; et quelle meilleure façon pour cela que vous faire découvrir l’une des séries avec lesquelles je vous bassine depuis des lustres ?
Ce soir, un cadeau qui vient vraiment du cœur : SPACE 2063.


La structure de ce pilote est bien l’une des rares choses dans lesquelles Battlestar Galactica n’a pas pioché (sinon, la ressemblance Cylons/IA, le look du Galactica et celui du Saratoga, certaines thématiques, ça, ils n’ont pas hésité, et tout le monde n’y a vu que du feu). En effet, une énorme partie de ce pilote est consacrée à comprendre pourquoi les personnages centraux (j’ai nommé Nathan West, Shane Vansen et Cooper Hawkes) se sont engagés dans les Marines. Cela peut d’ailleurs sembler d’autant plus étonnant que ces axes ne seront employés qu’avec grande parcimonie par la suite (et seul Nathan y trouvera une à-peu-près-conclusion), mais la vérité, c’est que SPACE 2063, avant de se présenter comme une série de science-fiction, avant même de se présenter comme une série de guerre, se présente comme une série dramatique. Du coup, on apprend d’abord à faire connaissance avec les personnages, à les apprivoiser, et à prendre la mesure de leur personnalité. Immédiatement, on est touché par la rudesse de Shane, la loyauté de Nathan ou encore le côté immature de Cooper, chacun de ces traits de caractère ayant, on le pressent, autant d’avantages que d’inconvénients.


Chacun de ces trois personnages a, je l’ai dit, une bonne raison d’entrer dans les Marines, mais il est bon de noter qu’aucune n’est belliqueuse. Cependant, chacune nous donne un excellent éclairage sur le cadre dans lequel se situe SPACE 2063 qui, vous n’allez pas le croire… se déroule en 2063. Du coup il y a toute une époque à présenter, un contexte auquel nous familiariser ; plutôt que de parier sur ses effets spéciaux pour montrer qu’elle se déroule dans le futur (effets spéciaux qui, bien qu’ayant vieilli, n’avaient vraiment pas à rougir), la série nous parle donc d’un contexte social, scientifique, historique, et même politique. D’ailleurs, les histoires de Nathan et de Cooper se répondent entre elles : Cooper est un sans-ventre (comprenez : un être créé in vitro et né à l’âge de 18 ans, ex-race d’esclaves et de chair à canon), qui bien que libre, est confronté à un racisme violent, alors que Nathan fait les frais d’une politique de discrimination positive et est évincé du programme de colonisation Tellus, et ainsi séparé de sa fiancée. Inutile de dire que leur relation ne commence pas exactement sous des auspices favorables ! Quant à Shane, elle nous offre l’occasion de mieux comprendre la partie historique de la chose, ayant vécu de très près la guerre contre les IA (ou Silicates). Trois histoires, et surtout trois façons de nous présenter non seulement les personnages, mais aussi le contexte de la série. Je sais pas pour vous, mais je trouve ça brillant.


C’est peu après leur arrivée parmi les Marines que ceux qui deviendront le 58e escadron vont apprendre la destinée funeste de la colonie Tellus, sonnant le glas d’une époque de Paix qui n’aura pas duré très longtemps. C’est le moment pour le pilote de s’éloigner des aspects les plus introductifs de sa trame, pour se concentrer sur le lancement de la saison. A travers ce message, on apprend cependant que la Terre est désormais fédérée, et qu’elle possède un Président (en fait un Secrétaire Général, mais vous saisissez l’idée). Ce ne sera pas du tout anodin arrivé à un certain stade de la série, puisqu’à l’occasion, SPACE 2063 se transformera également… en série politique. Et dire que vous m’avez prise pour une allumée quand j’ai comparé Battlestar Galactica à la série ! Si-si, j’ai bien vu votre air, allez.
Il ne faut pas, en effet, oublier qui est derrière SPACE 2063 : James Wong et Glen Morgan, deux hommes qui ont très largement contribué au succès et à la renommée de Chris Carter (ce sont aussi eux qui ont introduit les arcs mythologiques de Millennium, sauvant ainsi la série du chaos dans lequel elle s’était embourbée pendant sa 1e saison) de par leur amour des imbroglios à vocation conspirationnistes et/ou politiques, et qui n’ont jamais reculé devant la perspective d’inclure de nombreux axes variés dans une seule et même trame au départ fantastique ou SF. On sent d’ailleurs, à un certain point de la série, que s’ils avaient eu l’opportunité de continuer, nos deux lascars auraient, sans le moindre doute, également travaillé ce côté-là de leur histoire… notamment avec celle qui deviendra en cours de saison Madame la Présidente, un personnage complexe qui se préparait à développer des intrigues non-militaires, en dépit (ou grâce à) ses ennuis de santé. Non mais, quand je vous dis des trucs, ya une raison…


Il faudra attendre d’être entrés dans la seconde partie du pilote pour voir arriver les Chigs (les ennemis sans visage, cachés sous leur armure), et c’est ce qui démontre qu’on n’est pas du tout dans une logique guerrière ; car la première rencontre Homme/Chig, elle ressemble à quoi ? A une étrange comparaison. Le Chig pris en otage pas le 58e est en effet très semblable à eux, à bien des égards : il porte sur lui un objet familier, semble paniqué par la situation, et finit par mourir par honneur. Dans une série qui appuie tant sur le code de l’honneur des Marines et leur sens du devoir, inutile de dire que cette première scène a de quoi étonner. Les Chigs ne sont pas dépeints comme de simples êtres sanguinaires, les vilains méchants de service, c’est juste une autre nation, et s’ils ne sont pas humains (parce qu’ils ne le sont évidemment pas…!), ils ont en tous cas des traits de caractères qui en font des personnes. Ce sera aussi cela, l’enjeu de la série : affronter la guerre avec des êtres qui, finalement, ne sont pas si différents de nous. Et devoir parfois les tuer avec cette donnée à l’esprit. C’est pour des séries comme celle-ci que je dis et répète à l’envi que la science-fiction est un genre métaphorique, vous comprenez : on parle de tuer des extraterrestres mais en fait, on parle de tuer, point barre. Les questions se poseraient, et se sont posées par le passé ce que là aussi la série n’hésitera pas à évoquer, tout autant s’il s’agissait d’humains. D’ailleurs, avec ses multiples références militaires et/ou stratégiques, notamment à la Seconde Guerre Mondiale, SPACE 2063 montre bien que ses enjeux sont de parler de la guerre en général, et pas juste de faire péter l’hémoglobine.


A ma droite : Colonel McQueen. Rrrrraw. A ma gauche : une pauvre table innocente. Pour bien donner le ton, celui qui ne s’était pas spécialement distingué au sol pour sa franche camaraderie montre qu’il ne va pas s’en laisser compter. Le Colonel McQueen et son numéro de table volante, c’est un peu un grand classique (les personnages n’hésiteront pas à en rire ensuite, à leurs risques et périls), je dois dire. Un de ces petits moments où, vous savez ? On se cale au fond de son fauteuil parce qu’on est chez soi. Reste que ce qu’il dégage a de quoi impressionner, et c’est sans conteste le personnage le plus charismatique (bien que souvent taciturne) de la série. Aaah, le colonel McQueeen… j’en fais des rêves encore aujourd’hui, vous savez. Son regard bleu, son air fermé, ses cicatrices et sa tendance à philosopher en plein espace… Et sa femme a divorcé ? J’y crois pas un seul instant.
Cependant, ce qui se passe dés cette scène, c’est que McQueen va immédiatement et définitivement s’adjuger l’admiration et le respect du 58e escadron, pas juste parce que la table était méchante et qu’il l’a bien punie, mais véritablement parce qu’il déborde de charisme et d’expérience, ce grand bonhomme. Ils lui deviendront très rapidement fidèles, et c’est l’une des relations les plus touchantes, celles de cet escadron de têtes dures avec leur supérieur qui n’est guère plus tendre. Dés le pilote, on voit d’ailleurs comment Hawkes et McQueen fonctionnent tout de suite très bien ensemble, par des jeux de regards et un ou deux dialogues brefs mais qui en disent long, parce que ces deux hommes partagent quelque chose : leur nombril. Je me comprends.


Est-ce la fin ? Mais non… Ça ne fait que commencer ! (celui qui trouve de quel film ce dialogue est tiré gagne un cookie à la myrtille) Il y a à la fois tout un univers, et presque rien, une seule saison, entre ce pilote et la fin de la série. Arrivée à la fin de ce pilote, pourtant en deux parties, j’ai l’impression de ne pas en avoir assez dit, et je brûle de l’envie de vous parler des épisodes suivants… De l’ambiance de peur de L’Ennemi, du sentiment d’abandon de Reste avec les morts, Pearly, Poussière d’étoiles ou Qui pilote les oiseaux ?, de comment Le Cinquième Element a tout pris dans La Permission (Coolio étant alors remplacé par Chris Tucker), des questions de spiritualité et de croyances des Silicates dans Le Cheval de Troie et La Face cachée du Soleil… Il y aurait tant à dire sur la mythologie, sur les personnages, sur les axes, sur les différentes lectures…!
Tant de choses se sont passées, depuis ce moment du pilote où Nathan a levé les yeux vers le ciel. Et puis, plus rien. Je suis partagée entre l’envie de vous parler des courriers de Shane à sa soeur, du cri de terreur de Wang dans l’épisode final, de Chiggy Von Richtoffen, de Patsy Cline et bien d’autres… et l’envie de vous faire tout découvrir par vous-mêmes, comme ç’a été le cas pour moi voilà maintenant, doux Jésus… ça fait 13 ans.

Parce que parfois on a peur que notre propre passion ne soit pas contagieuse, ou le soit trop.
En fait voilà, j’aurais dû vous en dire du mal, et vous auriez été surpris dans le bon sens… ou non, ne pas vous en parler du tout, juste vous donner votre cadeau, et ne plus rien dire.
Comme ça :

Et gloire aux posts qu’on peut programmer à l’avance !

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7 commentaires

  1. Jérôme dit :

    Je sais que j’ai vu 1 ou 2 épisodes de SPACE : ABOVE & BEYOND, mais impossible de m’en souvenir.

    Ca a du me plaire ton truc…

  2. Jérôme dit :

    On va dire que si ça repasse un jour sur SciFi ou Sérieclub, je pourrais redonner sa chance à ce produit…

    Car je n’en ai vraiment pas le moindre souvenir, si ce n’est que ça passait dans la trilogie du samedi.

    Désolé.

  3. ladyteruki dit :

    Sauf que ça n’a jamais été diffusé dans le cadre de la Trilo… u_u

    D’accord, message reçu, vous n’aurez plus de cadeau de Noël les ptits gars !

  4. Nakayomi dit :

    Bon, alors, je développerais plus ailleurs (non, non, promis, aucun teasing d’aucune sorte pour un quelconque blog, je ne me permettrai pas), mais… Disons qu’il y a quelque chose d’accrocheur… Et des choses qui me rebutent (notamment l’aspect « guerre » et militaire)… Par contre, j’ai pas trouvé la présentation forcément très claire par rapport au contexte. Je ne sais pas si ça le devient plus en ayant vu la suite, si c’est moi à qui il faut expliquer peut-être plus explicitement, mais faut réussir à réunir les éléments… Notamment par rapport aux « sans-ventre » dont j’ai eu un peu de mal à comprendre l’exacte situation (cela dit, la lecture du post a aidé -oui, j’ai lu après visionnage, pour pas être influencé, non mais dis donc ! -). D’ailleurs, Hawkes me dit quelque chose (faudra que je cherche où je l’ai déjà vu)… Et je comprends mieux d’où vient le fait que tu aies cité Shirley Walker je ne sais plus quand !

    Et si ça peut éventuellement un peu te rassurer, j’ai un peu plus accroché qu’à Battlestar Galactica (même si je suis toujours pas celui sur qui il faut compter pour ce genre de série a priori).

  5. ladyteruki dit :

    Tu as sans doute vu ce bon Coop dans Pensacola. Il a aussi fait des apparitions ici ou là, évidemment, notamment dans X-Files (dans la vraie vie, il se tapait Gillian Anderson à ce moment-là), il s’est méchamment fait défoncer la gueule dans Veronica Mars aussi…

    Bon, ça ma reassure un peu mais en même temps je conçois qu’on n’ait que peu d’affinités avec le genre militaire (même si comme on l’aura compris ce n’est pas du tout mon cas), cela dit je t’assure, c’est plus un moyen qu’un but, ces histoires de guerre : elles servent le propos de la même façon qu’en réalité, Oz aurait très bien pu dire la même chose sans se passer en prison. Zon zon.

    (j’ai besoin de sommeil je pense)

    (mais j’ai trop peur de Billy Hyde)

  6. ednath dit :

    Géant

    Salut !

    Merci pour cette présentation de la série la plus géniale de l’histoire de la télé. Y’a rien à ajouter, tout est dit.

    Il ne reste plus qu’à prier pour que M6 retrouve un jour par miracle une copie dans la poussière de ses archives, et qu’elle lui donne ENFIN une diffusion à la hauteur de sa qualité (et pas à 18h00 en semaine).

  7. ladyteruki dit :

    Je vais te dire où elles sont les bandes, ednath, parce que je les ai vues il y a plusieurs années, par une connaissance qui travaillait chez M6/SérieClub et qui m’a fait entrer (par un soir de 2003) : elles sont soigneusement rangées avec tout le reste, toutes les séries du catalogue de la chaîne, et tout le monde sait très bien où elles se trouvent. Tout le monde, sauf les programmeurs, évidemment. Mais ladite connaissance a su les trouver pour me faire des copies à partir des masters (et je les chéris comme tu n’imagines pas, évidemment), c’est donc bien que ces bandes n’ont rien de perdu…

    En tous cas merci pour ta réaction si enthousiaste à ce post ! …Et l’adresse de ton blog, ce serait trop fort si c’était vraiment La face cachée du soleil !!!

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