Sunshine

5 août 2009 à 23:42

On a vu avec I Dream of Jeannie qu’être astronaute permettait de faire craquer les filles (pour résumer), mais Defying Gravity voit les choses avec un tant soit peu moins d’optimisme. Retour aux affaires
pour notre semaine spéciale astronautes, et un nouveau post La preuve par trois pour comprendre un peu plus ce qu’est l’essence de la conquête de l’espace…

Depuis quelques jours, les impressions que je lis sur Defying Gravity sont plus que tièdes. Et il y a de nombreux points sur lesquels je suis d’accord. Le plus évident, ce sont les amourettes entre les
personnages. Qu’ils en aient, bon, ça semble inévitable surtout sur une série qui espère décrire une mission de 6 ans (à ce que j’ai entendu dire, 6 semaines ce serait déjà un miracle au vu des audiences), mais leur incorporation au scénario est épouvantablement cosmétique. Love interest, couple maudit, tout y est. Le ton général est lui aussi assez superficiel, preuve qu’il ne suffit pas d’un scénario relativement réussi pour accomplir le miracle d’un pilote impeccable. Et enfin, certains acteurs laissent fortement à désirer (et hélas, le personnageprincipal interprété par un toujours plus inexpressif Ron Livingston, en est le pire exemple).

Mais je vous propose de dépasser ces inconvénients, dont je ne nie pas l’existence ni le fait qu’ils nous gâchent un peu la nôtre, pour approfondir un peu ce que le pilote a à offrir sur notre thème de la
semaine.


Le pêché originel.
Il en faut un. En fait on en aura vraisemblablement deux, mais le second ne nous est pas dévoilé immédiatement ni frontalement. Ainsi donc, notre Donner a abandonné l’amour de sa vie sur Mars, contraint et forcé, et ne s’en est jamais remis. On a tout loisir de goûter sa déchéance : c’est une homme plus bas que terre (mais son père, avec qui il vit, creuse encore), il est au bout de sa carrière, il est désabusé, sortez les violons. Il en faut un comme ça dans toutes les séries du genre (voir aussi Armaggeddon, oui, le film, des fois je vois des films), des losers au grand coeur, le mec qui a tout raté et qui porte son fardeau. Car la conquête spatiale, c’est avant tout une industrie, et même de la politique comme on le voit assez vite : les astronautes ne vont pas simplement toucher les étoiles, ils ont des comptes à rendre sur Terre en premier lieu, et ceux qui restent les pieds cloués au sol n’hésitent pas à les briser si cela sert leurs intérêts. Inutile de dire que la beauté de l’espace, elle passe
largement au second plan quand on s’est fait rompre comme une allumette. Oui, ce que nous rappelle Defying Gravity, c’est qu’un astronaute reste un homme soumis à son humanité.


Le paradis perdu.
Le sort s’acharne contre l’équipage d’Antares et c’est normal, puisque chacun défie sa nature, et certains ont même défié les lois de la nature (et croyez-moi, ya un bébé qui n’est pas né et qui n’est pas
prêt à se laisser oublier si facilement). Quand pour le personnel de l’expédition, tout cela était l’accomplissement d’un rêve, l’aboutissement d’un engagement énorme, la récompense de sacrifices
immenses, la mission va en forcer plus d’un sinon tous à déchanter progressivement. En dépit de toutes les comparaisons qui ont été faites avec Grey’s Anatomy, on est bien obligés d’admettre que la situation même de cette expédition spatiale rend le contexte plus complexe et plus sombre, la catrastrophe plus imminente pour les protagonistes eux-mêmes. Ils ne risquent pas des vies, ils risquent leurs vies, et on sent bien que c’est à tout les niveaux que les choses sont fragiles : la santé, le mental, probablement aussi l’équipement.
Rien n’est acquis. Tout peut virer au cauchemar.


La rédemption.
S’il n’y est pas question de religion chrétienne, la religion et les croyances ne sont pas moins présentes de ce pilote. Une opposition entre ces convictions et la raison (Ajay était censé être le plus solide mentalement de tous, et c’est lui qui pête un câble) soulève un point essentielle de la conquête de l’espace : dans l’absolu, le projet est un idéal de l’humanité, mais en pratique, seuls les cerveaux les
plus cartésiens peuvent réaliser ce rêve. Les autres sont voués au rebut. Et pourtant au final, notre héros damné finit par rempiler pour une nouvelle mission et est envoyé sur Antares en renfort. Le final de l’épisode est empli de spiritualité, d’espoir, de foi, et les contigences venues de la Terre s’envolent ; le voyage vers Venus peut enfin commencer. Et comme dans toute série de science-fiction, si on ne part dans l’espace, ce n’est que pour parler mieux d’humanité.

Je suis donc infiniment moins pessimiste vis-à-vis de cette nouvelle série que beaucoup que j’ai lus avec attention. Sur beaucoup de choses, je le répète, ils n’ont pas tort. Mais les défauts qu’ils  attribuent à Defying Gravity ne me semblent pas venir de son scénario lui-même, mais plus de sa réalisation. Il me semble que dans les axes abordés lors de ce pilote, on trouve un grand potentiel, et une capacité à entrer dans l’abstrait qui est toute louable. Mais désormais, plus que la gravité, c’est la superficialité que la série va devoir défier, en évitant les écueils qu’une diffusion sur un network rend plus difficiles à éviter encore. Defying Gravity parvient en tous cas à laisser espérer un peu plus qu’un Grey’s Anatomy dans l’espace, avec une mythologie du complot qui se met vaguement en place et surtout un sens de l’introspection dépassant largement les monologues creux d’un médecin névrosé. Je n’ai pas grand espoir de voir la série réaliser son potentiel, mais elle en a parce qu’elle a su capturer la substance de son sujet.

par

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Maxx dit :

    bizarrement je trouve que ce que tu dis s’applique plus à virtuality (le telefilm/pilot de ronald d. moore), qu’à defying gravity. Je trouve que ces points ne sont pas pour le moment très intéressant dans defying.

    C’est d’autant plus bizarre que le pilot de defying est un peu plus réussit que celui de virtuality, mais virtuality semblait avoir plus de potentiel.

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