Brûler son soustale, un dorama à la fois

14 août 2009 à 21:38

Des histoires de guerre des sexes, encore. Finalement, au Japon comme (presque) partout ailleurs, l’évolution de la société passe aussi par la télé. Aujourd’hui, post du vendredi oblige, je vous propose cependant une présentation un peu différente de ce que j’ai fait le reste de la semaine, puisque c’est de deux pilotes que je vais vous parler ici. Mais bien-sûr, ce ne sont pas les pilotes de deux séries prises au hasard : At Home Dad et Oniyome Nikki ne sont pas étrangères l’une à l’autre ; pour tout vous dire, la seconde est le spin-off de la première.

At Hone Dad et Oniyome Nikki ont plusieurs éléments en commun, et le plus évident est leur contexte : toutes les deux se déroulent dans un quartier résidentiel à l’occidentale, flambant neuf, et relativement huppé. Une sorte de Wysteria Lane vaguement adapté à la société japonaise. On y trouve de larges avenues, des maisons de style moderne, etc… L’autre point commun est un couple de résidents de ce quartier, mais dont je reparlerai plus loin.

At Home Dad commence alors qu’emménage la famille Yamamura, composée de Kazuyuki, un papa qui travaille, de Miki, une maman qui a arrêté de travailler, et de Rie, une petite fille. Et ça par contre, pas de doute, c’est bien japonais. Sauf que le papa se retrouve sans travail, et par la force des choses, son épouse accepte une offre d’emploi et déserte les tâches ménagères (hou, la vilaine). Pour le mâle nippon lambda, qui fait montre d’une parenté insoupçonnée avec le macho méridional bien de chez nous, c’est évidemment très dur à accepter, étant entendu qu’un homme ne peut mettre si facilement sa virilité au rebut (woh l’autre, eh) pour s’occuper de la maison, et remplir les attributions normalement dévolues aux femmes… Des tomates et des œufs pourris sont à votre disposition à côté de ce post, n’hésitez pas, balancez-les lui.

Comme un coup de karma ne vient jamais seul, notre Macho Man nippon a bien pris soin de se moquer ouvertement de son nouveau voisin, Yuusuke Sugio, qui est père au foyer depuis trois ans (autant dire qu’il a perdu tous ses attributs virils). Donc évidemment, il va avoir beaucoup à apprendre à son nouvellement émasculé Macho Man de voisin, et on sera bien vengées, ah, ah, ah ! Girl Power ! Brûlons nous soutien-gorges ! (sauf le violet, j’ai eu du mal à le trouver à ma taille)
Notre Kazuyuki est également sur le point d’apprendre l’importance sociale de la mère au foyer, qui doit faire, en quelque sorte, de la politique à l’échelon très local : entretenir de bonnes relations avec les voisins, plaire à la bitch du quartier qui est aussi présidente de l’association des parents d’élève, être en bons termes avec les intervenants majeurs de la vie du quartier (institutrice par exemple), etc… et la diplomatie, ce n’est peut-être pas son fort à la base, mais il faudra apprendre, c’est non négociable !

At Home Dad est donc une série où hommes et femmes réenvisagent leur place dans la hiérarchie familiale et au-dehors, et ce qui l’illustre très bien, ce sont les échanges entre deux tourtereaux qui commencent à envisager la vie commune. Partage des tâches, égalité et autres réjouissances attendent les jeunes également, puisque se pose la question du poids des traditions et de l’envie de modernité.

Oniyome Nikki reprend le même contexte (banlieue aisée, place des époux dans la maison et donc ailleurs) et va plus loin encore : ce qui compte, ce n’est pas qui travaille comme un forçat et qui glande à la maison (hou ! qu’on l’abatte), mais qui porte la culotte, point barre. Le personnage principal y est en effet tyrannisé par sa femme. Il work hard for the money, et elle dépense tout en égoïste. Il doit obéir à ses caprices, elle ne fait que ce qui lui chante. Il fait tout le travail à la maison, elle récolte les louanges. Ah, de dehors elle est charmante, c’est sûr. Mais quand on vit avec…
Le petit couple de la série At Home Dad fait la liaison : aujourd’hui mariés, ils continuent d’évaluer la place de chacun notamment à la maison, déchirés entre l’envie de bien s’entendre et l’envie d’appliquer le modèle qui les arrange.

La bataille des sexes a donc bel et bien eu lieu au Japon télévisé. Ça fait même quelques années. Mais en regardant aussi bien Kimi wa Pet, At Home Dad qu’Oniyome Nikki, on voit bien que la société japonaise a encore des comptes à régler avec elle-même quand à l’égalité des sexes.

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1 commentaire

  1. Nakayomi dit :

    Dare Yori mo Mama wo Aisu reprend justement ce contexte de père au foyer et où c’est la femme qui travaille et tout… Sans en faire une guerre des sexes mais un autre modèle. J’avais bien aimé cette approche plutôt « anti-conformiste » qui vaut pour la plupart des membres de la famille.

    L’inversion des rôles pour At Home Dad, c’est une approche différente mais pourrait être sympathique.

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