Phasée

6 septembre 2009 à 18:39

Tout change et rien ne change, comme toujours.
Cet été, certaines de mes habitudes ont changé, sans raison apparente. Des détails, des bêtises, rien d’important, en tous cas je ne pense pas. Ce n’est rien d’incroyable, comme par exemple me mettre à faire 10h de sport par jour. Mais force est de reconnaître qu’il y a du changement.
Est-ce que ces petites habitudes qui ont disparu, sont apparues, se sont transformées, ont un rapport les unes avec les autres ? Est-ce qu’elles ont une signification ? Est-ce qu’elles vont durer ?

Petite liste des choses que j’ai remarquées :
– je porte des décolletés plus plongeants ; il y a encore un an en arrière, j’aurais été assez embarrassée. Mais comme d’un autre côté, j’ai moins envie de montrer mes bras, je pense que ça s’est équilibré naturellement
– je mets mon portable dans mon soutien-gorge ; ça me laisse les mains libres, surtout que j’ai rarement des poches sur mes vêtements. Je mets la musique et je vaque à mes occupations, la musique m’accompagnant partout, jaillissant comme de ma poitrine. C’est très agréable cette musique qui émane de mes gestes…
– je vis au ras du sol ; j’ai complètement abandonné l’usage de mon bureau, déplacé l’écran, le clavier et la souris sur le lit. Désormais, écran de télé et d’ordinateur forment une parfaite colonne. Je pense que m’équiper en wireless n’y est pas étranger, mais je prends beaucoup de plaisir à rester accroupie, assise, à califourchon, à plat ventre, sur le côté ou allongée, plutôt que de m’asseoir sur une chaise.
– je me nourris quasiment uniquement de thé, de pâtes asiatiques et de poisson ; j’avais un paquet riz basmati mais il n’a pas du tout convenu à mon régime asian-like, pas assez collant. J’envisage de plus en plus sérieusement de ne plus me nourrir que comme ça. Les bento me font de l’oeil.
– je consomme beaucoup plus de fictions japonaises (mon blog téléphagique en est le reflet assez clair) ; je ne dédaigne pas les fictions occidentales mais rétrospectivement je trouve les choses rééquilibrées de la sorte.

Je n’ai pas fait exprès. Je n’ai pas tout commencé en même temps (la vie au sol ayant commencé avant la cure de fiction japonaise, par exemple). C’est juste comme ça.
Ça n’a probablement pas de sens. Ce n’est qu’une phase.

Je vis dans un monde de phases, de toutes façons. Je crois que pendant mes années de chômage, à cause des imprévus qui n’avaient de cesse d’arriver, je me suis créé des phases (la phase où j’arrive à manger, la phase où j’ai un paquet de pâtes par semaine, la phase où j’ai enfin des sous donc j’achète le truc sur lequel je fantasmais avant…) dans mon alimentation et par extension dans le reste, et que ça ressemble à une séquelle.
C’est vrai que je fonctionne comme ça depuis un bout de temps maintenant. Il y a deux ans, j’ai eu une phase laitue qui a duré presque deux mois (en janvier, pratique), suivie d’une phase poulet (froid), suivie d’une phase flan à la pistache (glacé), suivie d’une phase sauce tomate (froide), etc… c’est tout ou rien, tout d’un coup, tout de suite, et plus du tout lorsque le vent tourne et qu’arrive la phase suivante. Mais avec, au fond, une certaine continuité…

En fait, je suis assez confiante dans l’idée que ça ne durera pas. Que je vais pudiquement me couvrir, que je vais réinvestir la hauteur de mon appart, que je vais me baffrer de séries américaines, que je vais avoir une envie de, chais pas, mettons, carottes râpées (ah non ça c’était au printemps) (après la phase taboulé) (avant la phase riz au lait) (froid).

Mais si ça durait ? Et s’il en restait quelque chose ? Si par exemple je décidais que je continue de voir l’appart depuis le sol (ça donne une puissante impression d’espace, entre parenthèses) ? Si au déménagement je décidais que je n’ai pas besoin d’une table et de chaises, mais juste d’une table base, que je n’ai pas besoin du lit en fer forgé qui jusque là me faisait rêver mais qu’un futon pourrait suffire ?
Qui peut dire l’impact que ces phases ont sur moi ? Je me rappelle de la plupart d’entre elles ces dernières années, sur un plan alimentaire ou non. Ce sont même des indices assez précis pour dater un souvenir ou une information quelconque (je mangeais quoi ? des pâtes au beurre sans beurre ? ah, c’était en avril 2006 !). Certaines ne repartent jamais (la phase regarder les débats à la télé en boutiquant sur l’ordi, par exemple… je pensais que ça partirait, ça s’est juste atténué).
Qui peut dire les choses qui sont passagères et celles qui s’intègreront à mon mode de vie ? Ce ne sont sans doute que des tests. Des tests de mode de vie. Je regarde les effets, je sélectionne ceux qui me conviennent.

J’ai ce fantasme depuis des années, celui de me trouver une vie équilibrée. Et pour m’équilibrer, j’ai besoin de me calibrer. Je ne sais pas ce qui est bon pour moi, trop de monde semble le savoir à ma place, alors finalement, ces phases, c’est assez compréhensible. Je fais mes propres expériences de mode de vie. Je regarde comment font les autres. Parfois il y a des phases pendant lesquelles je les imite maladroitement, pour en retirer un détail que j’incorpore à mon mode de vie. Parfois j’en conclus qu’il n’y a rien à piocher dans le mode de vie de la personne que je regarde.
Je continue de chercher ce qui me convient. Je trouve ça finalement assez positif, vu sous cet angle.

De toutes façons je sais très bien que mon objectif, mon point sur l’horizon, c’est 30 ans, et qu’à ce moment-là il faudra que je sois prête pour aborder la plus importante, la plus incroyable, la plus difficile, la plus excitante phase de ma vie : la stabilité.

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