On a tous quelque chose en nous…

31 août 2010 à 17:23

Ça fait quelques semaines qu’au fil de mes lectures, je découvre pourquoi les séries asiatiques sont populaires. Non pas la raison pour laquelle elles sont populaires sur leur continent d’origine, ni même la raison pour laquelle elles peuvent plaire au public occidental, mais la raison pour laquelle elles plaisent à d’autres téléphages encore.
Mais aujourd’hui, il y a eu dans mes stats une requête intrigante : series coreennes doublees

Ainsi donc ce serait vrai. Il existerait quelque part un pays où les séries asiatiques seraient doublées. Mais alors : où ?

La réponse tient en deux mots, et elle a de quoi surprendre ; en fait elle m’a surprise alors que j’avais déjà lu quelques petites choses à ce sujet. Deux mots qui m’ouvrent des horizons :

PAYS. ARABES.

Dans un langage châtié, je me suis écrié : « merde mais c’est génial putain ! », ce qui était ma façon d’intellectualiser le débat.
Rien que l’idée a quelque chose de magique.

Il y a des chaînes arabes (et africaines, d’ailleurs) qui diffusent depuis plusieurs années des telenovela sud-américaines, alors pourquoi pas des séries coréennes ? Eh oui, réfléchissons un instant : que proposent les séries asiatiques ? Eh bien, pour commencer par le plus évident : des romances où, à de rares exceptions près, on ne s’aventure pas dans la profusion de preuves physiques d’affection. Où l’on garde une attitude policée et correcte en toute circonstance. Où l’honneur et le devoir ont de l’importance. Des valeurs qui me semblent parler à bien plus large que le seul public asiatique, non ?

Et effectivement, en remontant la piste de cette requête sur Google, je trouve des forums sur la culture arabe qui confirment ces théories, où notamment un intervenant enthousiaste s’explique : « ça change des séries US sans pudeur » (bon, d’un autre côté on doit pas regarder les mêmes séries américaines, mais qu’importe). Sur un autre, on peut lire « ça nous rappelle que les valeurs morales et spirituelles sont l’essence même de notre humanité ».
Je trouve ça formidable de réussir à se trouver des points communs avec une culture qui n’a rien de commun à la base avec la nôtre.

Avec cette mini-découverte, on touche à l’universalité. Des séries qui, au départ, ne sont conçues que pour le marché national, et donc ne cherchent rien d’autre que toucher le public coréen, finissent par rassembler des spectateurs japonais, américains, français, belges, marocains, tunisiens… Imaginez un monde où on n’a pas la même culture mais où on parvient à communier via une même forme de popculture…

Moi, cette seule pensée me fait rêver. Et je vais acheter mon coffret de Kkotboda Namja en septembre avec d’autant plus de ferveur que je vais penser à toutes les personnes de par le monde avec qui je n’ai rien en commun… excepté la capacité à m’émouvoir devant une même série.

par

,

Pin It

Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

4 commentaires

  1. Nakayomi dit :

    Donc voilà pourquoi on aura jamais de séries coréennes doublées sur nos chaînes… C’est trop lisse, pas assez trash… Et ça manque même sûrement d’un peu de policier…
    Enfin bon, on a bien réussi à exporter Sous le Soleil, alors on est quand même encore en droit de rêver quelque part…

    (Cela étant dit… Bon… Les arguments… J’sais pas quoi… Y’a presque comme quelque chose qui me chiffonne… Ou j’ai l’esprit de travers….)

  2. Livia dit :

    Quand j’ai commencé à vraiment développer une addiction aux séries coréennes, j’étais tombée sur tout un tas d’articles faisant référence à cette vague « Hallyu » et tentant d’explorer ses raisons… Et j’avoue que j’avais été complètement scotchée de découvrir un tel dynamisme et surtout tous les pays où cette vague s’étendait, que ce soit à travers l’Asie ou dans les pays arabes. Notamment j’avais croisé des articles sur le phénomène des kdramas en Iran, j’étais restée vraiment tout étonnée de voir le succès de Jumong l’année dernière (ils avaient même fait venir sur place l’acteur principal ! c’est fou… d’autant que l’Iran, c’est pas forcément le pays le plus ouvert a priori… tiens un lien ici : http://www.payvand.com/news/09/aug/1168.html). Il y a pas mal de littérature sur le sujet.

    Récemment, j’ai lu des analyses assez intéressantes qui tentaient d’en expliquer les raisons, et ils parlaient notamment de ces « valeurs » que tu mentionnes. Il y avait toute une thèse qui était développée sur le fait que les kdramas étaient une passerelle, conciliant tradition et modernité. L’attrait se ressentait d’autant plus fortement dans des sociétés aux traditions déstructurées, où la rupture entre société traditionnelle et valeurs occidentales modernes avaient placé la société en porte à faux. A travers ses fictions, en les irriguant finalement d’une conception confucéenne de la société, cette industrie parvenait à toucher justement le plus petit dénominateur commun de toutes ces cultures, en conciliant passé/présent et en opérant un compromis qui permet de renouer le dialogue.

    A partir de là, on peut ouvrir la porte à une approche sociologique, appliqué au niveau mondial, qui est assez grisant. Mais par contre, je ne sais pas trop jusqu’où le public vraiment occidentalisé peut suivre sur cette voie…

  3. Wax dit :

    Il ne faut pas oublier le poids de l’histoire. Du 6/7eme siècle à nos jours, la Corée du Sud a eu des liens avec les pays arabes (ainsi qu’avec l’islam). Maintenant il existe un institut islamique coréen (ainsi que l’existence de la Korean Muslim Federation) et il y a, je crois environ 100 000 musulmans en Corée du Sud. C’est sur que les valeurs communes que tu mentionnes, ont forcément rapproché mais je pense qu’il y a eu un véritable travail de mélange culturel. ( Y a un paragraphe qui parle de ça sur http://asiasociety.org/arts-culture/performing-arts/music/making-difference-through-arts )

    Je vais m’éloigner du sujet de base mais je reste terre-à-terre et je suis persuadée que les Coréens sont excellent en marketing et communication. Je pense que leur industrie doit surveiller et gérer leur image, parce qu’économiquement parlant, c’est le jackpot. J’élargis bien sur mais à travers le succès de ses séries, la Corée du Sud vend sa culture, son style vestimentaire, sa musique etc. Ça reste encore timide en Europe et aux U.S mais en Asie, ils se taillent une belle part. En somme, c’est dans leur intérêt de garder cet aspect « Pas de vague/bonne attitude » (parce que pour le trash, il y en a même si ces dramas sont minoritaires.), de rester différent.

    Pour revenir à « ça change des séries US sans pudeur » , c’est aussi une réaction que j’ai eu quand j’ai commencé les dramas xD.

  4. Eclair dit :

    Tiens c’est justement une idée de sujet qui m’avait traversé l’esprit ces derniers temps.

    La faute à la campagne de pub de c+ pour Mad Men : la morale de la série c’est qu’elle n’en a pas.

    Il y a de quoi disserter un petit moment sur les valeurs et la morale dans les séries, d’autant que c’est un sujet qui me tient à cœur.

    Oui, peut-être qu’au fond j’ai envie de croire à une éducation télévisuelle. Peut-être qu’au fond j’ai besoin – la nuance est là – de croire à des valeurs.
    Et vous voulez que je vous dise ? je préfère une vision optimiste de l’humanité, qui croit en la compréhension mutuelle lors de rapports humains, qu’une vision pessimiste où l’âme est bafouée et le corps célébré.

    Et vous savez quoi, ça me paraît si naturel qu’au début de ma découverte de la fiction coréenne je n’avais même pas tilté. C’est quand j’ai montré un jour My Sassy Girl (LA comédie romantique) à des amies que j’ai entendu cette remarque : « mais ils s’embrassent même pas à la fin ! ». J’avais pas du tout remarqué l’absence de bisou. Pour moi l’important c’était de savoir ce qui se passait dans leurs cœurs, pas ce qu’ils en faisaient.
    Alors maintenant, quand je vois que dans n’importe quel film romantique US on se rencontre, on s’embrasse et on couche dans les 3 minutes qui suivent, oui ça me choque. Vous avez vécu déjà ça vous avec votre grand amour ? Ou alors je vis vraiment sur une autre planète.
    Le pire c’est qu’en me relisant on dirait que je suis un vieux réac’. (oui bon vous me direz, vieux, c’est vrai ). Mais *****, un peu de poésie dans une vie si triste, *****
    Tiens, j’y reviendrai un de ces jours.

    En ce qui concerne l’exportation de la Corée du Sud, ça ne m’étonne pas. Maintenant il faut aussi voir ce qui s’exporte dans les pays arabes pour pouvoir comparer. Quelle est la proportion de fiction occidentalisée et de fiction coréenne ? Ça dépend des pays.
    Et moi aussi j’espère pouvoir réaliser mon achat militant (DVD de Boys over flowers). J’en reparlerai également le temps venu.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.