Politics of compromise

6 novembre 2010 à 22:21

Rares, trop rares ont été les posts La preuve par trois dédiés à des séries asiatiques. Pour faire amende honorable, je vous propose de faire un petit détour par la Corée, avec le pilote de Daemul. Une série sur laquelle j’ai été légèrement induite en erreur par les résumés des uns et des autres, car si effectivement, la série s’intéresse au monde de la politique, les autres éléments ne sont pas exactement tels qu’annoncés.


Quand on aborde Daemul, c’est typiquement ce à quoi on s’attend : de la politique. Puisqu’on vous dit que c’est la première femme Présidente ! C’est donc par un aperçu de la carrière politique de Madame qu’on commence, en la voyant déjà dans ses fonctions. D’ailleurs on a très vite une trame similaire à celle d’un épisode d’A la Maison Blanche, le mètre-étalon incontournable dans ce domaine, avec un sous-marin sud-coréen perdu dans les eaux territoriales de la Chine (pour que ce soit vraiment fun, il aurait fallu oser les eaux territoriales de la Corée du Nord, mais d’accord). Et on va vite comprendre que la Présidente Hye Rim n’a pas la même notion que Bartlet de ce que peut être la raison d’État (et même lui prenait volontiers des libertés avec…), car elle ne cherche pas à entendre raison. C’est une idéaliste pur jus, pleine de bonnes intentions mais qui au final, est totalement irréaliste. La Corée du Sud qui va défier la Chine quitte à entrer en guerre ? Mais bien-sûr.
Le plus gros problème, ce n’est pas vraiment le choix politique que fait Hye Rim dans cette affaire. Ce qui m’ennuie c’est qu’on a encore une fois droit à une séquence d’introduction, se déroulant dans le présent, et que cette première séquence est en fait un aperçu de l’issue des élections. Mais qu’en fait, on va ensuite opérer un retour de plusieurs années dans le passé, et ainsi reprendre l’histoire depuis le début ! Absurde manie très coréenne de donner la fin de l’histoire avant même d’avoir commencé à la raconter. Et encore, là on comprend assez bien la façon dont ça se déroule sur un plan chronologique (Hye Rim faisant vraisemblablement plus adulte dans ses fonctions de Présidente que dans les scènes suivantes), c’est pas encore aussi agaçant que pour Lobbyist ou IRIS où on ne le comprenait qu’après plusieurs minutes de souffrance. Mais quand même, c’est la misère. A croire que c’est trop demander aux scénaristes que de varier de ce schéma narratif. Insupportable.


Le pire est à venir. Car outre le parcours de Hye Rim pour devenir Présidente, on va aussi (surtout ?) assister au parcours de l’enjeu masculin de la série, Do Ya. Enfin, disons que des enjeux masculins, il y en a deux, mais on sait avec qui Hye Rim va finir parce qu’il y en a un qui a plus de temps de présence à l’écran. A ce stade de ce post, je suis bien consciente que tous vos espoirs se sont envolés, mais persistez quand même au moins jusqu’à la fin, d’accord ? De toute façon, ça vient de moi, parce que j’ai un énorme problème avec les romances dans les séries asiatiques et plus particulièrement coréennes. J’ai sempiternellement l’impression de les avoir vues douze fois (même s’il s’avère ensuite que ce n’est pas le cas). Donc ça vient en partie de moi, je le sais. Mais c’est usant. Et c’est d’autant plus usant que c’est ridicule. Si la carrière de Hye Rim est bien écrite, la transition de Do Ya est d’une niaiserie consommée. Finalement on en sait plus sur lui que sur elle, mais au bout du compte ça dessert le personnage.


Malgré tout ces bons sentiments, Daemul s’avère aussi être d’une grande dureté, voire d’une certaine violence. L’intrigue amoureuse et les élans d’amélioration personnelle des protagonistes ne doivent pas nous faire oublier (ce semble être leur vocation afin de ne pas effrayer le grand public, d’ailleurs) qu’il n’y a pas de la place que pour un idéalisme forcené. Daemul, c’est aussi une scène de suicide collectif, un homme qui veut trancher le sexe de son fils à la hache, puis le fils qui veut se couper le sexe à la hache lui-même, des hommes corrompus dans la police, les médias et la justice, des journalistes envoyés en Afghanistan, la prostitution… J’en oublie mais même si ce n’est pas le cas, admettez que c’est bien loin de ce qui rendait le paragraphe précédent désespérant. Et c’est justement là que réside le potentiel du pilote de Daemul, dans la conviction que certains sujets peuvent être évoqués dans une série où l’on trouve des passages niais. Aussi incroyable que ça paraisse, les deux peuvent coexister. En gros, voilà comment on avoisine les 30% d’audience : en donnant un peu à tout le monde. Et moi je dis : si vous me donnez ce que je veux, ça ne m’ennuie pas que vous adonniez ce qu’ils veulent à ceux qui attendent de la romance sirupeuse.

Alors au final, Daemul est peut-être moins courageux que d’autres séries politiques sur la forme et même une partie de son histoire, mais il y a finalement de bons ingrédients, qui donnent envie de voir comment tout cela se développe. Les axes de romance pathétique ? Gardons-les, s’il n’y a que ça pour faire plaisir à la majorité du public. Tant que l’équilibre me semblera préservé, je continuerai à regarder. C’est peut-être justement, plus que certaines séries politiques trop intellectuelles, un bon moyen de pousser les spectateurs vers des séries sur ce sujet. Et au pire, il faudra voir ce que donnera President dans quelques semaines !

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Livia dit :

    Tu cernes parfaitement le cahier des charges qui transparaît de ce pilote ! Ca me fascine assez cette distribution des thématiques et des genres de manière à ce que tout le monde y trouve son compte. C’est assez transparent comme procédé narratif, et, en même temps, la recette fonctionne, donc pourquoi s’en priver ? J’avais eu un peu la même impression devant le Boulanger cet été (même je n’ai tenu que 10 épisodes).

    Pour le moement, avec Daemul, j’avoue ne pas être arrivée au bout de ce pilote lors de ma première tentative, sans doute faute à un mauvais timing pour la commencer, avec trop de fatigue accumulée qui m’a rapidement fait décrocher. Je retenterai si j’ai le temps dans le courant du mois. ^^

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