[#Piemarathon] 1×02, dent-de-lion

9 mars 2012 à 19:35

Le Piemarathon continue pour le plus grand bonheur de, euh, moi déjà, pour commencer. Mais je me régale pour douze, n’en doutez pas. Cette fois, adieu pilote vu à peu près cent fois (par an), on se lance dans la suite de la première saison, qu’en revanche je n’ai pas dû voir plus d’une demi-douzaine de fois, je sais, ça fait petit joueur.
Cet épisode a une double importance à mes yeux, car si j’avais aimé le pre-air, puis le pilote de Pushing Daisies, c’est la fantaisie de ce nouvel épisode qui allait finir de me conquérir. Si bien que mon fond d’écran (tant d’ordinateur que de smartphone) depuis lors en est tiré, et n’a plus jamais changé depuis l’annulation de la série ; évidemment, ce fond d’écran se nomme Pissenlee.jpg.


La magie continue donc. Mais l’air de rien, derrière ses jolis pissenlits souriants, cet épisode est quand même ultra-traumatisant.
Déjà, la violence du crime est atroce : faire exploser les gens ! Déjà que le pilote sous-entendait qu’un chien avait arraché un bout de joue à une victime, là on est dans l’ignominie la plus totale. Mais pire encore, on y trouve également des cadavres suspendus dans une salle, balançant légèrement dans le vide dans des combinaisons oranges ajoutant au sordide, comme issus d’un atroce film de science-fiction et/ou d’horreur. Le charnier des crash dummies est à peine plus réjouissant… Pour finir ce bien triste tableau, un personnage secondaire dont la boulimie est dépeint avec un luxe de détails dont très sincèrement on se passerait bien par moments.

Malgré tout cela, la magie opère vaillamment, donc.
Elle opère parce que la série élargit encore son registre, avec cette scène musicale fabuleuse et pourtant si drôle au cours de laquelle Olive tente désespérément de se la jouer version comédie musicale, sauf que l’univers persiste à l’interrompre à chaque fin de couplet ou presque, et qu’elle est frustrée même quand elle essaye d’exprimer sa frustration toute seule au Piehole. Pauvre petite Olive. Merveilleuse petite Olive.
Elle opère encore parce que d’une façon générale, l’épisode prend le temps de se poser un peu et de nous laisser un peu plus apprécier les décors du Piehole, par exemple, et que ce lieu est absolument fantastique, avec ses lustres en forme de cerise et ses banquettes vert émeraude.
Elle opère, enfin, parce que la relation entre Chuck et Ned vire ostensiblement au flirt et que leurs échanges sont pétillants à souhait. Pour deux amoureux transis, ils ne sont pas trop niais, s’envoient des petites piques avec plaisir, se décrochent même parfois des regards parfois exaspérés… Une relation qui date d’il y a un peu moins d’un épisode et qui pourtant connait ses hauts, ses bas, et ne nous enquiquine pas avec une sorte de lune de miel exagérément candide : je dis bon point.


Il faut dire que le couple Ned/Chuck connait déjà ses premiers remous, puisqu’ils ne s’entendent pas très bien sur le degré d’honnêteté que leur relation doit afficher. Ned évidemment est dans une position intenable, il s’entête à prétendre qu’il veut préserver ses secrets alors qu’en réalité, il n’y en a qu’un qu’il souhaite continuer à dissimuler (la mort du père de Chuck). Quant à la jolie fille morte, elle se montre extrêmement insistante dans son besoin de fusion, ce qu’on peut cependant comprendre vu que, comme elle le dit, aujourd’hui Chuck n’a plus que Ned dans la vie. La mort. Enfin vous me comprenez.
C’est d’ailleurs très tendre cette façon pour aucun des deux de se dire que, s’il faut éviter de se toucher, et qu’en plus la pauvre Chuck est maintenant prisonnière de l’affection de Ned (qui n’est pas vraiment le gars le plus expansif du coin), alors peut-être que le mieux serait de partir au contraire à l’autre bout du monde et ça résoudrait tous les problèmes. Objectivement c’est probablement vrai, mais tous les deux sont trop enamourés déjà pour y songer seulement. La romance est donc présente, mais elle avance au lieu de rester figée dans les échanges de battements de cils et de rougissements.

La vraie bonne idée de cet épisode, c’est de faire en sorte que Chuck ne trouve vraiment sa place avec personne, en fin de compte. Avec Ned, évidemment les choses sont un peu compliquées, notamment parce qu’il y a cette histoire d’honnêteté totale, mais parce que vraisemblablement, Chuck est aussi du genre entreprenante alors que Ned suit mollement dans son sillon, l’air un peu béat mais ne sachant trop comment s’adapter. La sensation d’inconfort est bien vue même si, comme on l’a dit, leurs sentiments sont également très clairs.
On se doutait bien, aussi, que la jalousie d’Olive n’allait pas aller en s’arrangeant (et d’ailleurs, cette Olive-là est très touchante, bien plus que dans le pilote), mais qu’Emerson ne digère toujours pas trop bien la pilule, c’est extrêmement savoureux et ça permet d’avoir des échanges très sympathiques, comme par exemple dans la voiture devant la morgue. Chuck et Emerson ne sont pourtant pas en compétition, mais voilà, la petite demoiselle prend beaucoup de place en peu de temps et le contrôle qu’Emerson avait sur le cours des enquêtes s’en trouve menacé. Fort heureusement, notre bonhomme a encore de la ressource (il ne s’agirait quand même pas que l’arrivée de Chuck le réduise à un poids mort, surtout pas), et il le prouvera au moment le plus opportun, en gardant la tête froide pour aider le trio à se tirer d’un mauvais pas.
Chuck ne se laisse pas démonter pour si peu, mais ça lui permet d’avoir des échanges un peu piquants avec tout le monde, plutôt que de se trouver en opposition uniquement avec sa rivale, ou le partenaire de son Roméo.

Pour finir, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer quelques adorables petites loufoqueries qu’on apprend dans cet épisode sur les personnages. Ainsi, Chuck parle un Japonais parfait (mais avec un accent à couper au couteau) et a appris plusieurs autres langues dont le Français, l’Allemand… (il faudrait qu’elle sous-titre des séries, ce serait parfait). Elle a également développé une connaissance des fromages du monde qui a de quoi laisser pantois.
Quant à Emerson, on lui découvre un cri de fillette à se tordre de rire, mais aussi sa fameuse passion pour le tricot.

Entre couleurs folles, excentricités, taquineries et morbidité ambiante, Pushing Daisies confirme ses objectifs : on a une série qui a décidé de cultiver sa différence en dépit de son côté vaguement procédural, et qui ne transige pas sur son grain de folie ou sa tendresse pour cela. Combien de séries procédurales peuvent se vanter de la même chose, hein ? Ne m’obligez pas à donner des noms.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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