Quand la réalité dépasse les fictions

26 août 2012 à 23:03

En cette rentrée, whisperintherain et moi-même avons convenu d’un petit défi à deux : nous regarderons absolument chaque pilote de cette saison, et nous rédigerons, chacun de notre côté, un post pour absolument chacun de ces pilotes. Mais notre défi ne se cantonne pas à la saison américaine, loin de là, et aujourd’hui, nous nous dirigeons vers l’Australie, avec la nouvelle série de la franchise Underbelly.
Naturellement, à la fin de ce post, vous trouverez un icône sur lequel il vous suffira de cliquer pour accéder à la critique du pilote d’Underbelly: Badness de whisper, et ainsi lire nos deux avis sur un même pilote.

Mais d’abord, laissez-moi commencer par un aveu : je n’ai jamais regardé un seul épisode de la franchise Underbelly en entier. Ca peut surprendre venant de quelqu’un qui peut affirmer regarder 95% des pilotes australiens diffusés ces deux dernières années et qui tente quand l’occasion se présente de rattraper au maximum son retard sur les années précédentes, mais les faits sont là. Je connais l’excellente réputation de la franchise, je sais bien qu’il sort des nouvelles saisons régulièrement, j’écris même à leur sujet (comme ça a pu être le cas pour Underbelly: Razor ou Underbelly: Land of the Long Green Cloud dans ces colonnes), mais rien à faire, une fois que je me retrouve devant l’un des pilotes de cette franchise, peu importe lequel : je freine des quatre fers. Je regarde les premières minutes à la grande rigueur (le temps de découper un générique, en gros), et encore. Je n’ai rien contre le principe, le cast des séries me semble à chaque fois plutôt prometteur, mais quand ça veut pas, ça veut pas.
Alors, c’était une grande première, ce pilote d’Underbelly: Badness, et je tiens à remercier whisperintherain parce que, sans ce défi et s’il ne m’avait pas confirmé qu’il était prêt à inclure les pilotes australiens dans celui-ci, j’aurais sans doute encore fait machine arrière au dernier moment. C’est une chose précieuse que la motivation mutuelle entre deux téléphages, et j’espère pouvoir, au long de notre expérience, pouvoir lui rendre la pareille.

Comme toutes les séries de la franchise, Underbelly: Badness est inspirée par des faits réels ; ici, les évènements de cette nouvelle série se déroulent entre 2001 et 2012. Inutile de dire que pour le dépaysement chronologique, on n’a pas frappé à la bonne porte, et que si vous vouliez de l’historique, il fallait regarder Underbelly: Razor. Personnellement ce n’est pas un problème pour moi, et je le vois plus comme un retour aux sources vis-à-vis de la première franchise qui se déroulait à peu près à la même période, mais je peux comprendre que ça déçoive légèrement après ce que nous ont offert les derniers opus en termes de voyage dans le temps.

Pour vous consoler, dites-vous qu’Underbelly: Badness, c’est un peu Underbelly: Dexter.
Notre criminel cette année est Anthony Perish, surnommé Rooster, condamné le 13 avril dernier à une peine de 18 ans pour avoir commandité le meurtre de Terry Falconer.
Voilà l’histoire telle qu’elle s’est produite : Falconer, qui à l’époque purgeait la fin d’une peine de prison pour trafic de drogue, assorti d’une autorisation de sortie afin de travailler, était selon Perish la personne qui avait torturé et exécuté ses grands-parents en 1993 ; le kidnapping puis le meurtre de Falconer relevaient donc plus du règlement de comptes et de la vengeance, que de la violence gratuite.
Mais ce sont les méthodes de Perish qui attirent l’attention : après avoir fait enlever Falconer, il l’avait laissé mourir d’asphyxie enfermé dans une malle en métal, avant de se débarrasser du corps par petits morceaux emballés individuellement dans des sacs poubelle lestés, et jetés dans un cours d’eau. Et, au passage, oui, vous assisterez à cette séquence de découpage pendant le pilote. Du Dexter, vous dis-je.

Comment Perish a-t-il pu réaliser cette vaste entreprise si bien organisée ? C’est que, voyez-vous, avec son frère Andrew, Rooster avait en réalité monté une petite entreprise qui ne connaissait pas la crise, et était également à l’origine d’une douzaine d’autres meurtres, sans compter le fait que les frères Perish étaient également fabricants et trafiquants de drogue. Donc c’est aussi un peu Underbelly: Breaking Bad.

Le plus fort dans tout ça, c’est qu’au moment du meurtre de Falconer, en novembre 2001, personne ne connaissait l’existence de Rooster Perish. Et par « personne », je ne veux pas dire « personne dans les services de police », non, absolument aucune trace de l’existence de ce type nulle part. Alors qu’il était l’un des criminels les plus dangereux du secteur, qu’il avait un labo (non-mobile !) de confection de drogue, et qu’il faisait même peur aux gangs de bikies locaux, depuis plusieurs années ; oui, c’est aussi un peu Underbelly: Bikie Wars. Alors forcément, la police était un peu sur le c*l. Et accessoirement, ça explique que l’enquête sur Perish ait duré si longtemps, l’une des plus longues d’Australie, en fait.

Dans l’ensemble, Underbelly: Badness, bien qu’elle ait des aspects excessifs, n’a pas l’air d’être une mauvaise série au vu de ce pilote. La prestation de Jonathan LaPaglia est par exemple plutôt solide (même si en-dessous de celle offerte dans The Slap), et la scène d’ouverture, dans un excellent face-à-face avec Matt Nable (dans le rôle de Gary Jubelin, le flic qui a enquêté sur Perish pendant des années avant de réussir à le coincer), atteint parfaitement son objectif de mettre face à face un être malfaisant et un autre d’une grande droiture.
En voulant insister sur la « mauvaiseté » du personnage d’Anthony Perish (ce qui par ricochets insiste sur le fait que pas âme qui vive à la police ne connaisse son existence), le pilote a tendance à en faire un peu trop. C’est un peu aussi la faute de la voix-off (celle de Caroline Craig, qui signe toutes les voix-off de la franchise) qui a un ton quasi-documentaire. Ca accentue le contraste.
C’est peut-être justement là que le bât blesse : si vous ne saviez pas qu’il s’agit de faits réels, vous trouveriez que c’est trop, que c’est caricatural, que c’est cliché. Que chacun est bien dans son rôle, que chaque chose est parfaitement à sa place. Qu’il ne reste aux 7 épisodes restants (c’est la série la plus courte de la franchise Underbelly) qu’à nous expliquer comment Jubelin a remonté la piste, mais qu’aucun personnage ne nous réserve de surprise, et donc d’émotion.
La réalité est parfois bien mauvaise scénariste.

A ce stade, je n’ai pas encore décidé si j’allais suivre Underbelly: Badness jusqu’au bout de sa saison.
D’un côté, 8 épisodes, c’est un engagement assez minime. Mais je serais bien malhonnête avec vous si je vous laissais croire que j’ai vu dans ce pilote quoi que ce soit qui me donne envie de lancer un autre épisode, si ce n’est le sentiment de culpabilité de ne pas adhérer à une franchise qui, depuis 5 ans, représente pour beaucoup la fine fleur de la fiction australienne. Si j’avais envie de ménager du temps dans mon planning téléphagique pour une série australienne constituant un court engagement, je préfèrerais me faire une nouvelle fois une intégrale de Cloudstreet, plutôt que de me taper une enquête en milieu criminel jalonnée de prostituées et de bikers.
Maintenant que j’ai vu mon premier pilote de la franchise, je ressens une grosse impression de « tout ça pour ça ». Ce qui est idiot : rien ne dit qu’Underbelly: Badness soit représentative. Ca se trouve, elle est moins bonne que les précédentes. Il n’y a qu’une façon de le savoir. Mais après des années à entendre parler de cette franchise, vraiment, je me dis que la fiction australienne mérite d’être connue internationalement pour autre chose que ça (heureusement, l’une des prochaines étapes de notre défi nous emmènera vers Puberty Blues !).

D’ailleurs ça fait un bout de temps qu’on n’a plus entendu parler des projets de Starz pour installer la franchise aux USA, et avec le recul, je me dis que ce n’est pas plus mal.
Underbelly: CSI, non merci.

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