C’est grave, docteur ?

22 octobre 2012 à 23:21

En matière de téléphagie, une qualité essentielle est la résilience : ce n’est pas parce qu’un pilote et/ou une série sont mauvais, qu’il faut se laisser abattre et perdre tout espoir. D’autres pilotes, d’autres séries attendent, et seront mieux. Peut-être. Mais si on ne dépasse pas les mauvaises expériences, comment aller vers les bonnes ? Oui, la CW m’a maltraitée ce weekend avec le pilote de Beauty and the Beast, est-ce une raison pour snober un autre pilote ce soir ? Ca se trouve, il est bon !
whisperintherain connaîtra, à son tour, ce sentiment, et dés qu’il aura parlé de la série, vous trouverez au bas de ce post un lien vers sa propre review ; alors n’hésitez pas à revenir plus tard pour comparer notre capacité à nous remettre de nos traumatismes téléphagiques, dans l’espoir toujours de trouver mieux.
On appelle aussi ça de l’inconscience.

L’hôpital, c’est tout comme le lycée. Vous savez ce qui est également tout comme le lycée ?
Le lycée.

Ce n’est peut-être que moi, hein, mais si vous avez besoin de répéter pendant plus d’un tiers de votre pilote (via la voix-off de l’héroïne ET un cas rencontré) combien l’hôpital, c’est comme le lycée, peut-être qu’il faut arrêter les frais, peut-être que le concept n’est pas assez fort par lui-même, et surtout, peut-être qu’il faut arrêter de chercher à le vendre sur une cible si spécifique. Les adolescents (public de base de la CW même si avec des Arrow ou des Nikita, ça a tendance à se modifier) ont assez peu de chances de se sentir concernés par l’univers hospitalier. Ca ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas l’apprécier (combien d’entre eux regardent Grey’s Anatomy, après tout ?), mais ça veut certainement dire que l’identification ne jouera pas. Alors il est inutile de mener une guerre perdue d’avance.

Pourtant, courageusement, Emily Owens, M.D. va s’acharner sur sa comparaison. L’hôpital c’est comme le lycée. Il y a des profs froids, des profs sympas, des bullies et des types sur lesquels on flashe. C’est comme le lycée ! Vos rapports avec vos parents conditionnent la façon dont vous travaillez. C’est comme le lycée ! Vous êtes là pour apprendre, mais vous êtes tellement certains de tout savoir que vous ne prêtez l’oreiller qu’en cas d’absolue nécessité. C’est comme le lycée, on vous dit !

J’ai un secret à vous confier sur le lycée : je l’ai quitté il y a 12 ans. Du coup, pour les séries médicales, je peux être dans la cible ; pour les séries adolescentes, pas tellement.
Oh naturellement, pour moi non plus l’identification n’est pas un pré-requis, loin de là. Mais c’était la seule option qui restait, alors qu’Emily Owens M.D. donnait également dans un autre genre qui m’attire peu : la comédie romantique. Si ça m’intéressait, je regarderais encore Grey’s Anatomy, puisque la comparaison est difficile à ne pas faire.

Le problème d’Emily Owens M.D., c’est que la comparaison avec le lycée est la seule chose qui lui apporte vaguement de l’originalité.
Je ne sais pas pourquoi tant de séries optent pour un personnage central gauche, par exemple ; je comprends l’efficacité du procédé, il n’est d’ailleurs pas éloigné de celui qu’on évoquait avec TOKYO Airport et les séries japonaises à vocation professionnelle, mais il est tellement suremployé qu’à un moment il faut opter pour autre chose. On peut très bien trouver un personnage qui ne soit pas antipathique mais qui soit un peu sûr de lui, par exemple ; ce pilote tentera désespérément d’en mettre en place deux (également des personnages féminins, comme quoi rien n’est impossibles), mais ils sont bloqués dans la zone des personnages secondaires sur lesquels Emily peut s’appuyer pour avancer. On aimerait bien qu’elle s’assume un peu plus mais on n’est pas tombés dans la bonne série.
Peut-être que si, juste une fois, on suivait une Christina Yang ou une Cassandra Kopelson, on accepterait plus facilement de vivre perpétuellement dans le même univers, pourvu de le voir avec un regard nouveau. On pourrait explorer les fragilités du personnage, ses premières déconvenues, ses incontournables bourdes, mais on éviterait de proposer encore et toujours le même regard naïf, limite un peu gros bêta, sur l’univers médical et/ou amoureux, qui semble être devenu la norme dans tant de séries de ce type. Pas étonnant qu’à côté, j’ai moins de grief à formuler contre le personnage central de The Mob Doctor : quels que soient les défauts de la série, au moins son héroïne a des tripes et du répondant.

Enfin bon, on n’est jamais gagnants à comparer les navets entre eux, de toute façon. Clairement, Emily Owens M.D. voulait faire du Grey’s Anatomy pour la CW, c’est très exactement ce qui a été fait, et c’est très exactement la raison pour laquelle la série n’avait aucune chance avec moi.

…Mais c’est pas grave ! Résilience. Demain est un autre pilote.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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