Dix sur 20

2 novembre 2012 à 13:46

Vous pensiez que notre défi, à whisperintherain et moi, avait permis de faire le tour de toutes les séries québécoises de la rentrée ? Nenni. Et je m’apprête aujourd’hui à en aborder une nouvelle, histoire d’enfoncer le clou. J’ai lu que cela faisait plusieurs années qu’autant de séries n’avaient pas débuté simultanément au Québec, je le crois bien volontiers, et j’ajoute qu’en plus, la plupart n’ont vraiment pas à rougir (même si dans le cas des Bobos, il faut parfois accepter de se contenter d’épisodes faibles régulièrement).
Naturellement, whisper vous offrira sa propre critique sous peu, donc n’hésitez pas à harceler le lien en bas de review pour guetter l’apparition de son post.

Connaître le pitch d’Un sur 2 est un véritable plus quand on aborde la série, alors, pour ceux qui ne lisent pas les world tours (bien que l’idée semble saugrenue), voilà le tableau : après trois mois d’absence, Michel revient voir sa femme Luce et leur fille Léa. Il n’est pas franchement bien accueilli et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il squatte chez son meilleur ami plutôt que réintégrer directement ses pénates. La raison ? Michel a pris la poudre d’escampette avec une jeunette quelconque, et forcément il n’est pas accueilli comme le messie à son retour, alors qu’il semble avoir repris ses esprits.
Mais cela, le pilote d’Un sur 2 aura du mal à vous le dire. On pourrait prétendre que c’est parce que le premier épisode de la série s’ingénie à dépeindre la situation en filigrane avec subtilité, mais puisqu’on est entre nous, on peut bien nommer les choses pour ce qu’elles sont : c’est vraiment très flou. On ne comprend pas vraiment pourquoi Michel a tellement de mal à aller parler à son épouse, pourquoi il pionce chez son pote, pourquoi d’ailleurs l’épouse parait un peu mal lunée… On a quelques indices çà et là mais au lieu de piquer notre curiosité, ça entretient plutôt une sensation de frustration et même d’énervement par moments. Cet épisode inaugural donne en réalité l’impression d’avoir manqué un backdoor pilot qui aurait explicité les informations dont on a besoin pour s’investir… et éventuellement choisir son camps.

Car dans un premier temps, Michel passe pour le pauvre héros contrit et incompris, et Luce pour la mégère détestable, et dans cette version des faits, forcément, le spectateur a envie à plusieurs reprises de faire un gros câlin à Michel (le fait que Michel soit interprété par Claude Legault étant un facteur aggravant de ces soudaines envies de hug). En fait les femmes ont particulièrement le mauvais rôle dans l’épisode, alors que même la copine/épouse du pote râle parce que Michel a transformé leur chambre d’amie en porcherie, ou que la patronne du café se montre particulièrement désagréable vis-à-vis du pauvre homme. Cette position de victime, on mettra du temps à le comprendre, ne se justifie pas vraiment : c’est quand même Michel qui a trompé son épouse, mis les voiles vers une destination exotique, et qui revient le bec enfariné maintenant que le démon de midi affiche quatorze heures. Pas franchement le mec innocent envers qui les femmes du coin sont injustement féroces… In extremis, Luce aura même droit à quelques lignes de dialogues permettant d’établir qu’elle n’est pas totalement obtuse, et qu’elle voit encore un peu de bon dans cet homme.

Malgré tout, il n’est pas tout-à-fait mauvais, ce Michel. Il met une énergie louable à essayer de revenir dans la vie de sa fille, Léa (une adolescente qui aura une scène, et une seule, mais quelle scène, pour nous prouver le génie de son personnage), et à également retrouver le chemin de sa maison et de la quincaillerie que le couple possède. Et d’ailleurs, la quincaillerie a besoin de lui, et l’étage de la maison était sur le point d’être loué de toute façon, alors…

Evitant de justesse de tomber dans la caricature, Un sur 2 nous promet donc de voir comment la réconciliation va se dérouler entre Michel et Luce, impliquant leur fille malicieuse, et les amis pas toujours super objectifs. Malheureusement ce premier épisode un peu brouillon manque de vraiment nous entraîner dans une histoire qui nous touche.
A trop vouloir nous inciter à soutenir Michel, Un sur 2 évite énormément les vraies questions soulevées par le départ de celui-ci, et ne respecte pas la pluralité des points de vue, nous incitant à vouloir à tout crin une réconciliation qui ne va pas de soi. Il faut espérer que ce sera accompli dans les épisodes suivants, mais j’avoue que j’ai été assez refroidie par la trame de cet épisode qui, outre son évidente partialité, s’enfonce dans des contingences (logement, travail, etc…) qui font un peu perdre de vue l’essentiel, à plus forte raison parce que les solutions sont très rapidement évidentes de ce point de vue là. Il manque aussi à Un sur 2 un peu de tendresse dans sa façon de montrer les personnages et ce qui les tourmente ; sans aller jusqu’au travail magnifique réalisé sur Tu m’aimes-tu?, un peu plus de subtilité n’aurait pas été de trop pour montrer ce que traversent intimement ces personnages.

Cependant, on peut dire que c’est une bonne saison pour Céline Bonnier, qui trouve ici une deuxième série cet automne dans laquelle faire la démonstration de son talent (la première étant Unité 9 ; j’ai pensé à vous dire qu’il FALLAIT regarder Unité 9, je ne me souviens plus ?), et dans un rôle diamétralement opposé qui plus est. Et puis, Claude Legault…
Bon allez, d’accord, je tente un deuxième épisode. C’est bien parce que c’est vous deux.


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