In the mood for something else

2 mars 2013 à 23:37

On est d’accord que j’ai un biais… ou un problème, appelez-le comme vous voulez, je suis pas susceptible. D’accord, disons que j’ai un problème, donc, et qu’en toute franchise il devient un peu handicapant par moments : les histoires d’amour commencent à me pomper sérieusement l’air. Bon ok, c’est pas honnête pour moi de dire « commencent » parce que ça n’a rien de nouveau. Mais pendant longtemps c’était circonscrit aux comédies romantiques pur jus (typiquement, les romcoms sud-coréennes), et là je sens que je bascule dans une phase où je me braque dés qu’il y a une histoire d’amour au premier plan.
Ou au second. Bref, ne pinaillons pas.
Donc c’est vrai, les choses empirent un peu. Mais laissez-moi vous expliquer pourquoi.

Parce que je me sens cernée.

Imaginons que vous n’aimiez pas… la science-fiction, mettons. Ça arrive aux meilleurs d’entre nous, après tout pourquoi pas. Eh bien rien de plus facile : vous évitez tout ce qui se passe dans l’espace et/ou dans le futur, et vous parvenez à éviter 90% de ce qui se fait en matière de science-fiction. Simple, net, précis. Efficace.
Ou alors disons qu’un sujet qui vous braque, c’est le boulot. Pour une raison X ou Y, qui vous concerne, si ça parle de quelque chose de professionnel, ça vous irrite. Bon, admettons. Là encore, il suffit d’éviter les « workplace comedies » et généralement ça se passe plutôt bien. En se concentrant sur des films qui se passent en famille, ou qui s’intéressent à un couple, ou encore un road movie, c’est facilement évité.

Maintenant mettez-vous à ma place et essayez d’imaginer ne pas avoir envie de regarder ce qui parle d’amour. Juste un instant. Juste pour deux heures, après on se dépêche de revenir dans la norme, promis ! Et essayez de penser à un film qui n’en propose pas, rien, aucune histoire d’amour. Eh bien je vous dis bonne chance, parce que j’ai un mal de chien à en trouver.
Ce devrait être jouable, et ça l’est sans doute pour quelqu’un qui a une meilleure culture cinématographique que moi (depuis que j’ai repris mon challenge, je complexe plus que jamais sur mon absence de culture cinématographique), mais pour moi, c’est mission impossible. A chaque fois, il faut qu’à la fin du film, l’un des héros tombe dans les bras d’un autre des héros. Imparable.

Alors ça peut être fait d’une façon élégante, ou au contraire prévisible au possible ; ça peut être émouvant, ou drôle, ou rien de tout ça ; ça peut servir le film ou juste aider à lui donner une conclusion plus positive. Quelle que soit la façon de jouer cette carte, dans le fond, ce qui m’importe, c’est qu’elle est jouée systématiquement.

Oh, mais que voilà, un paragraphe à spoilers !
Tenez, je fondais quelques espoirs sur Safety Not Guaranteed, par exemple, ou Lucky. Avec des sujets tels que ceux qui avaient été choisis, les chances pour que les héroïnes respectives tombent amoureuses étaient quasi-inexistantes ! Eh bien non, rien à faire. Alors j’en arrive au point, à force d’accumulation, d’être encore plus ulcérée et de rouler encore plus des yeux quand, patatras, un film que je regardais a ENCORE une romance dedans, alors que je le regardais plus ou moins parce que je pensais qu’il avait envie de dire autre chose, voire même toute autre chose dans le cas de Bad Teacher.

Grand Dieu, non, Stephen ! On ne voudrait pas qu’une telle chose arrive. Qu’une femme traverse un film de deux heures (DEUX HEURES !) et parvienne à être encore célibataire à la fin ? Putain, ça fait flipper comme concept. Un mec passe encore, mais une femme ? Ah non, on change de sujet, ça me fiche bien trop les jetons.

Comprenons-nous bien, je n’ai pas de souci avec le fait de tomber sur une romance dans un film qui est une romance ou une comédie romantique. Quand ça tombe dans ce genre de films, je l’ai bien cherché, après tout. Et à vrai dire depuis que j’ai repris mon challenge, j’ai l’impression d’être aussi dans une quête, espérant tomber sur la romance qui ne me semblera pas trop convenue et cliché (pour l’instant le mieux que j’ai trouvé est The Five-Year Engagement, mais je n’abandonne pas ma mission si vite).
Mais dans un film d’un tout autre genre, j’espère une fois de temps en temps n’avoir pas à en passer par là. Juste avoir des personnages qui, non pas évitent l’amour, mais simplement ont autre chose à l’esprit. Parce qu’une fois de temps ça arrive, quand même, dans la vie.

Ah. Bon. Pardon. Non mais, au temps pour moi, j’ai cru.

Bon, mettons que j’ai pris mon cas pour une généralité, je le ferai plus. Mais en tous cas, moi, je n’y pense pas tous les jours. Je ne pense pas tout le temps, dans tout ce que je fais, que peut-être je vais trouver quelqu’un. Sans parler de passer ma vie avec et tout le tralala ; je veux dire, juste embrasser quelqu’un, passer la nuit avec, ou quelques jours de folle passion, ça ne me préoccupe pas spécialement dans la vie, et je peux passer plusieurs jours dans me demander si ça va se produire, et quand, et comment, et si ça ne se produit pas pourquoi, ce qui cloche chez moi et ce que je devrais changer pour que ça se produise.
Oui, plusieurs jours d’affilée ! C’est déjà arrivé !
Alors ça parait dingue mais j’aimerais passer deux heures à continuer de penser comme ça, certains jours. Parce que ça m’intéresse pas d’avoir ça à l’esprit au moins une fois par jour, chaque jour. Ni même tous les deux jours. Une fois par semaine c’est déjà beaucoup, en fait, je trouve.
Il y a plein d’autres choses dans ma vie ! Le boulot, les projets, les sorties, la créativité, la curiosité… Et il y a plein d’autres gens dans ma vie ! Des collègues, des partenaires pour les projets, des amis, ma soeur, mon chat, mon autre chat, des fois les deux chats en même temps… vous voyez ce que je veux dire ? Trouver quelqu’un à qui explorer les cavités buccales ou autres n’est qu’un des aspects de ma vie, parmi beaucoup d’autres, et le fait de trouver systématiquement comme conclusion d’un film qu’à la fin, oui, ils s’aiment et ils se battent à coups de langues, c’est perturbant parce que… parce que c’est systématique, voilà. C’est l’alpha et l’omega de tout film, ce n’est pas celui de mon existence, et en toute franchise je suis un peu triste pour ceux dont c’est l’alpha et l’omega de l’existence, s’ils existent. Je doute qu’ils existent. J’espère que non.

Et j’en viens à me demander si ya pas une espèce de pression à absolument se mettre en couple qui transparait à travers ces films.
Il y a des films qui parlent de choses passagères, d’autres d’amours éternels, il y a toutes les nuances entre les deux… mais le célibat, non. Quand un film finit avec le héros qui est célibataire, c’est qu’il a un problème.
L’image que ça me renvoie c’est que, si j’ai regardé le film pendant deux heures et qu’à la fin des deux heures, je suis célibataire, j’ai un problème, et de façon plus large, si à la fin de ma journée, je suis célibataire, j’ai un problème. Je ne le ressens pas comme un problème personnellement, je pense pouvoir composer, à mon âge, avec cette réalité qui est qu’il y a des jours où je finis célibataire, mais ces films semblent vouloir dire que j’ai tort, quelque part. Je commence à me dire que c’est ce que la multitude de films qui instaure systématiquement une conclusion romantique à son intrigue veut que je pense : que je devrais penser que j’ai un problème. Que j’aurais dû me demander pourquoi je ne suis pas avec quelqu’un, là, maintenant : « si même une stagiaire amorphe, un tueur en série et une pétasse vénale trouvent chaussure à leur pied… c’est qu’il y a un truc, lady, tu ne penses pas ? ». Un peu de la même façon que les magazines féminins rappellent à des millions de femmes chaque semaine que si elles ne correspondent pas aux critères de beauté en vigueur, elles n’ont aucune valeur, il semble qu’il soit difficile pour un personnage d’avoir de la valeur si elle n’a pas été reconnue par une personne du sexe opposé (la plupart des films étant encore quand même bien hétérocentrés). Et ça se répond, d’ailleurs : répondre aux critères de beauté en vigueur permet d’éviter, oh comble de l’horreur, de ne pas avoir attiré le sexe opposé aujourd’hui ; et personne ne veut ça, n’est-ce pas ? Hollywood est obsédé par les histoires d’amour, c’est fou. Et c’est peut-être aussi ce qui me semble être le plus hypocrite à son sujet.

Quelque part, je sens bien que je sur-réagis. Mais c’est l’accumulation, vous comprenez.
Je comprends qu’un film ait eu envie de finir sur une note « positive » (si on décide qu’être célibataire est inférieur à être en couple, du moins). Je comprends que tel autre film ait décidé que c’était la meilleure façon de faire aboutir son intrigue. Mais mis bout à bout, ça fait beaucoup de films où la finalité semble toujours être la même, encore et toujours.
J’ai besoin d’alternatives. J’ai besoin de penser que si on va enquêter sur un mec qui dit avoir construit une machine à remonter dans le temps, on se concentre sur la supposée machine à remonter dans le temps. J’ai besoin que deux copains tentent de payer leur loyer en tournant un porno et qu’on joue autour du porno, de leurs soucis d’argent et de leurs personnalités marginales. Peut-on envisager juste une fois de combattre des robots venus de l’espace sans que la bimbo tombe amoureuse du looser, juste une fois, pour voir (si ça peut rassurer Michael Bay, ça ne l’empêche pas de mettre une mini-jupe, hein). Juste une fois. Vraiment, juste une.

Alors après, vous allez me dire que des films de ce genre existent. Et vous allez me donner des titres (j’espère ; me laissez pas comme ça !).
Peut-être que vous allez me dire que dans les films d’horreur, ou les trucs gore à la Saw, ça se trouve plus facilement. Et je vous répondrai qu’étant une trouillarde, je ne peux pas regarder ces films, et on sera bien avancés. Je dis pas que c’est facile. Mais je trouve qu’à partir du moment où il faut se creuser autant la tête pour trouver un film qui n’emploie pas cet axe, c’est quand même qu’il y a anguille sous roche.
Et non, ceci n’est pas une métaphore… vous aussi vous êtes obsédés ou quoi ? Décidément je suis cernée.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

9 commentaires

  1. bw dit :

    Et sinon t’as essayé des films porno ?

  2. Arakasi dit :

    Mais y’en a des tas, des films sans romance, c’est juste que c’est plus rare dans les blockbusters hollywoodiens. Je peux t’en conseiller quelques uns si tu y tiens, mais tu commences à avoir pas mal de restrictions, si j’ai bien suivi.
    Si on enlève les vieux films, les films étrangers, les films d’horreur, toute trace de romance, et peut-être même d’autres, je peux toujours trouver un certain nombre de films, mais il me faut un minimum de réflexion.

    En attendant, j’ai vu récemment Extremely Loud and Incredibly Close, je peux toujours essayer de te conseiller ça ?

  3. ladyteruki dit :

    Pourquoi enlever les vieux films et les films étrangers ? Au contraire, mon défi cette année inclut que je regarde plusieurs films étrangers (je n’en ai vu qu’un pour le moment), et même si je n’ai pas mis d’impératif pour les vieux films, je n’y suis en tous cas pas fermée.

    En tous cas merci, je marque pour Extremely Loud and Incredibly Close ! ^_^

  4. Vincent dit :

    Aucun rapport, mais quand même… Ca fait un certain temps que je suis ton blog, et putain, ce que t’écris bien, quoi.

    Voilà.

    Sinon, récemment j’ai vu et apprécié le film « The Winners » (« Win Win » en VO). Un feel-good movie très agréable qui ne joue aucunement sur les relations de couple.

  5. Arakasi dit :

    Oh, my mistake, j’avais cru comprendre que tu n’avais pas plus envie de vieux films que de romance ! Dans ce cas je ne peux que te conseiller 12 hommes en colère, qui est un de mes films préférés. En attendant j’essaie de réfléchir un peu plus à la question, et j’essaierai de revenir avec un petite liste.

  6. Mosca dit :

    Si tu n’as pas de problème avec l’animation (:p), il y a Brave, Rebelle en français, du studio Pixar (je ne me rappelle plus si tu l’as déjà vu ou non). Le célibat de l’héroïne a d’ailleurs fait l’objet d’une polémique aux Etats-Uniens (une princesse qui refuse le prince charmant devait nécessairement être lesbienne…).

  7. Mosca dit :

    Rectification (on a beau se relire) : aux Etats-Unis.

  8. Nac dit :

    Je viens de penser à un film à te conseiller : le film coréen The Crucible/Silenced. Je ne crois pas que tu en aies déjà parlé. Je ne sais pas si tu connais Requiem for a Dream mais j’avais été incapable de revoir ce film pendant des années tellement il m’avait marqué (je l’avais vu quand j’étais encore au lycée, ce qui remonte à quelques années maintenant) et je ne pensais pas que ce genre de chose m’arriverait encore mais récemment,j’ai donc vu The Crucible et ça m’a fait le même effet. Je l’ai trouvé excellent mais je ne pourrais pas le revoir avant un moment.

    Il est très bon mais très éprouvant (surtout en sachant que l’histoire est tirée d’une histoire vraie). Si tu veux en savoir plus : http://www.nautiljon.com/asian_movies/silenced.html

  9. Mila dit :

    Argh.

    Je suis en train de lire quelques articles, et je viens de penser en lisant à ton article à un Jdrama pour lequel j’ai une affection particulière pour sa fin, sauf qu’il est aussi problématique, que je peux pas parler de pourquoi je l’apprécie sans le spoiler, et que je ne peux pas te le conseiller.

    Je fais quoi moi ?
    TU VOIS CE QUE TU ME FAIS LA ?
    … *va lire un autre article pour se consoler*

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