Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie…

31 mai 2013 à 19:49

Vous connaissez la Rose d’Or ? Non, ça rien à voir avec la caverne du même nom…
Hier soir se tenait la cérémonie d’origine suisse, qui revenait sous une nouvelle forme, mais un même nom (bien que désormais suivi de la mention « a Eurovision award » qui indique le changement de direction aux plus étourdis parmi nous). Et comme vous me savez friande de cérémonies de récompenses internationales, vous vous doutez de la suite de ce post. Attention, un twist n’est cependant pas exclu…

Pour cette 52e édition placée sous le signe de la renaissance, pour la première fois, les prix n’ont pas été remis en Suisse, mais à Bruxelles ; ils n’ont pas non plus clôturé un festival, mais se sont inscrits dans le déroulement du 2013 Media Summit. Plein de changements, donc, enterrinés lors d’une soirée animée par la Néerlandaise Lucille Werner, et sous le haut patronage de la Princesse Astrid et du Prince Lorenz de Belgique, excusez du peu.
Et vous allez voir que le changement va encore plus loin…

Avec cette réorientation sont également venus des changements jusque dans les prix remis, et non des moindres : 6 Roses d’Or seulement sont remises.
La plus grande surprise est que les catégories relatives aux programmes scriptés se bornent à deux awards à présent, et pas forcément les plus évidents. Ainsi, exit les séries dramatiques, sayonara les mini-séries, adieu les séries pour la jeunesse, ciao les soaps et telenovelas ; même les téléfilms ont tiré leur révérence. Le transmedia est également aux abonnés absents.
Que reste-t-il dans le domaine du scripté ? Sitcom. Les cinq autres prix sont Comédie (ce qui inclut les émissions humoristiques, notamment à sketches), ainsi que Emission de jeu, Arts, Divertissement, et enfin Réalité et divertissement factuel, que je ne couvrirai pas ici parce que je ne traite que de fiction. Je suis assez d’accord, ça n’envoie pas vraiment du rêve.

C’est un peu décevant de la part d’un prix qui a su par le passé récompenser la qualité de fictions telles que la Sud-Africaine Hopeville, l’Espagnole Aguila Roja, la Sud-Coréenne Dream High, l’Allemande Krimi.de, ou la Britannique Skins. Ou la Française Sous le Soleil, mais convenons ici, maintenant, tous ensemble, de collectivement ignorer cette anomalie.
Bien-sûr, la Rose d’Or a une histoire très fluctuante en matière de prix, il faut le reconnaître ; à ses origines en 1961, une seule Rose d’Or était remise (avec une Rose d’Argent et une Rose de Bronze pour deux autres programmes moindres), et ce jusqu’en 2004 lorsque le festival de la Rose d’Or, auquel la récompense est adossée, se lance dans une réorientation. Depuis lors, c’étaient environ une douzaine de prix qui étaient remis aux oeuvres, plus des prix d’interprétation masculins et féminins, et un prix aux présentateurs d’émissions. Quelques « mentions spéciales » permettaient en outre de récompenser un deuxième titre pour une catégorie donnée  ; par exemple, en 2008, quand Skins avait emporté la Rose d’Or dans la catégorie Dramatique, un prix spécial dans la catégorie Dramatique avait été accordé à la série britannique The Street histoire de ne pas laisser ses bonnes actions impunies.
Mais vous le comprenez donc, par le passé, la Rose d’Or était plutôt ouverte aux changements s’ils permettaient à son jury d’être flexible et de souligner l’excellence de plus de programmes, plutôt que de moins.

Focalisons-nous donc sur les deux prix dédiés au scripté, en étouffant nos sanglots de téléphages contrariés.

 

Meilleure comédie :
Wat Als? (Belgique)

Etaient également nommés les comédies à sketches Cardinal Burns et The Revolution Will Be Televised (Royaume-Uni).
Spy-UK-300 Meilleur sitcom :
Spy (Royaume-Uni)

Étaientégalement nommées The Thick of It et Twenty Twelve (Royaume-Uni).

 

Ce qu’on constate aussi, et qui est encore plus criant quand on voit les nominations dans les 4 catégories non-scriptées, c’est la prédominance du Royaume-Uni dans ces prix. On ne peut pas dire que les créations britanniques souffrent d’être méconnues. Cela ne veut pas dire qu’elles ne doivent pas être récompensées (l’an dernier, Black Mirror avait amplement mérité son prix !), mais qu’il y a aussi la télévision ailleurs !

Là encore, historiquement, la Rose d’Or, qui constitue son palmarès sur la base des dossiers de candidature spontanée (comme c’est le cas pour tous la plupart des festivals internationaux, par soucis évident de commodité), a des antécédents.
Beaucoup de séries et émissions britanniques ont, par le passé, été récompensées ; si on s’amusait à compter le nombre de Rose d’Or remises par pays, le Royaume-Uni serait plus que probablement sur le podium. Pour autant, le phénomène semble amplifié à présent… entre autres, tout simplement, de par le choix des prix supprimés que j’évoquais plus haut ! Eh oui, en décidant de ne plus récompenser les soaps et telenovelas, par exemple, la Rose d’Or a fait le choix d’écarter certains pays qui ne produisent peut-être pas un grand nombre de comédies (ou pas de nouvelles, l’Allemande Pastewka ayant déjà été récompensée, et une même production ne pouvant remporter un même prix deux fois).
Sans doute aussi que les productions britanniques sont, de leur côté, particulièrement pro-actives, et ont envoyé des dossiers en masse ; peut-être que bien des sociétés de productions dans d’autres pays pensaient que les prix de la Rose d’Or avaient disparu en même temps que le festival. Plein de raisons sont possibles, et ne s’excluent pas mutuellement.
…L’accumulation d’explications n’empêche pas de constater que la diversité fait cruellement défaut à ces prix à présent.

Pour toutes ces raisons, la Rose d’Or perd énormément de son intérêt pour le téléphage curieux. « Les prix de la Rose d’Or reconnaissent l’originalité, la qualité et la créativité […] et encouragent l’excellence à la télévision », dit-on sur les communications officielles des récompenses. C’est sûrement vrai pour la reconnaissance, mais je ne sens pas trop où est l’encouragement dans ce palmarès.
Oui, j’ai fait un post sur une récompense… pour vous dire qu’elle a un peu perdu de son intérêt. Parfois, l’information est aussi cruelle qu’elle est ironique.

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