La fin d’une ère

26 juillet 2013 à 4:28

Dans de nombreux pays, le hiatus estival implique que l’actualité télévisée porte en fait généralement sur l’automne. Quelles séries se préparent à revenir, quelles nouveautés vont débuter dans quelques semaines…
Cela implique que j’aurais des tonnes de posts Love Actuality à écrire dans le même ordre d’idées, afin de faire les présentations avec une série qui vous semblera étrangement familière en Russie (Sherlock Holmes), une seconde au concept totalement improbable en Colombie (Cumbia Ninja) et quelques autres encore. Mais à un moment il faut faire des choix.

Alors je vous invite en Turquie, avec la série que désormais vous connaissez tous pour m’entendre en parler depuis deux ans maintenant : Muhteşem Yüzyıl.
Si jamais vous êtes exposé au soleil plus que de raison et qu’une insolation vous a causé une amnésie temporaire, ne craignez rien ! Vous pouvez aisément vous rafraîchir la mémoire en lisant mon post sur le pilote, celui sur la controverse entourant la série, ou tout simplement en suivant le tag à la fin de cet article pour éplucher toutes les archives de ce blog au sujet de la série. Promis, je ne jugerai pas.

Muhteşem Yüzyıl, qui met donc en scène le désormais internationalement célèbre sultan Süleyman Ier, aura connu une existence pour le moins chaotique, ce qui n’a nullement fait entrave à son énorme succès à la fois en Turquie et à l’étranger ; c’est une plutôt bonne nouvelle si on y pense.
Entre la polémique entourant régulièrement la série (généralement en raison de réactions de conservateurs), la mort de sa créatrice Meral Okay l’an dernier, les problèmes rencontrés par certains membres du cast (et nondesmoindres), et tous les trucs auxquels je ne pense pas là tout de suite, on peut dire sans trop se tromper que tout n’aura pas forcément été facile pour la série historique, en dépit de ses très bonnes audiences et de ses ventes de droits pléthoriques à l’international.

Süleyman 1er, un homme au goût sûr en matière de femmes. De chapeaux, un peu moins.

Seulement voilà : toutes les bonnes choses ont une fin. Et Star TV, qui diffuse actuellement la série depuis qu’elle l’a rachetée l’an passé à Show TV (qui l’avait initialement lancée en 2011), a prévu que Muhteşem Yüzyıl s’achève à l’issue de la saison 4, laquelle commencera à être diffusée pendant la première quinzaine de septembre, et ce jusqu’au printemps. Ca laisse un peu moins d’un an à Star TV pour trouver avec quoi remplacer cet énorme succès dans ses grilles…

Il y en a en revanche qui n’ont pas attendu que le corps soit froid pour s’activer. La chaîne Kanal D a en effet annoncé avoir mis en projet une nouvelle série, Fatih, dont on ignore pour le moment quand elle sera lancée.

Mais ça se trouve c’est une totale coïncidence, vous allez me dire ce que vous en pensez : Fatih retracera l’histoire d’un sultan de l’Empire ottoman, Fatih Sultan Mehmed (ou le sultan Mehmed pour les intimes), qui a vécu au milieu du 15e siècle et qui est considéré comme l’un des deux plus importants sultans de l’histoire turque… je vous laissez deviner qui est l’autre. La différence résidant essentiellement dans le fait que Süleyman, techniquement son arrière-petit-fils, a vécu 23 ans de plus que Mehmed, et tient le record du règne le plus long de l’Empire ottoman.

Point Histoire : Mehmed II est en particulier entré dans l’Histoire pour avoir pris Constantinople aux Byzantins et fait de la ville la capitale de son empire ; rappelons qu’elle est encore aujourd’hui la plus grande métropole turque sous le nom d’Istambul. Par-dessus le marché, Mehmed était un homme très lettré : il parlait plusieurs langues dont le latin, organisait des débats théologiques dans son palais, s’entourait d’artistes européens et arabes, a fait ouvrir une université, était passionné par les mathématiques, l’astronomie et la poésie, et était plutôt laïc puisqu’il autorisait ses sujets à pratiquer la religion de leur choix tant qu’ils se soumettaient à son autorité. Il a régné deux fois, d’abord à l’âge de 12 ans lorsque son père lui a cédé son trône (une période de deux ans, pendant laquelle il a contré avec succès une croisade, quand même), puis son père a repris le pouvoir, et ensuite, une seconde fois, à partir de 19 ans et jusqu’à sa mort, deux décennies plus tard. Au privé, il s’est marié 7 fois (dont une fois à une ancienne esclave), a eu 5 enfants, et certains historiens occidentaux prétendent qu’il était bisexuel (mais je doute qu’on retrouve ce dernier point dans la série !).
Guerrier émérite, homme de culture et vie personnelle trépidante ? Un personnage intéressant dont on imagine toutes les possibilités qu’il offre sur un plan scénaristique…

Ce n’est évidemment pas la première fois que la vie de ce grand homme est portée à l’écran, vous pensez bien. Début 2012, Fetih 1453 était LE film du box office turc, et reste le long-métrage le plus coûteux de l’histoire du pays (jusqu’au prochain, quoi). Du coup je vous ai mis l’affiche ci-dessous, pour vous faire une idée. N’allez pas croire d’ailleurs que Fetih 1453 n’a été lancé que pour profiter du succès de Muhteşem Yüzyıl, puisque la production du film a duré plus de trois ans. On peut en revanche débattre sur l’idée que le succès final du film en salles peut éventuellement être lié à l’engouement pour l’empire ottoman, que connaît à nouveau le public turc depuis plus de deux ans.

La biographie de Mehmed II ne mentionne rien à propos d’un éventuel sens de humour.

Kanal D semble donc avoir trouvé avec Fatih un projet parfait, jouant à la fois sur le regain d’enthousiasme du public envers les fictions historiques, et l’appel d’air provoqué par l’annulation de Muhteşem Yüzyıl.
Mais comme on l’a vu avec Veda, dans le monde de la télévision, rien n’est jamais totalement certain. Pour peu que les spectateurs ait l’impression d’une redite, ou que le budget soit trop pingre, ou tout autre phénomène jusque là imprévisible, Fatih pourrait aussi bien être le prochain gros bide de la télé turque.

On va donc patiemment attendre de voir ce que donnera cette nouvelle fiction avant de décréter que la relève de Muhteşem Yüzyıl est assurée. Ca pose dans tous les cas plein de questions sur le futur de la fiction turque, puisque beaucoup de dramas historiques avaient vu le jour suite au succès des aventures de Süleyman 1er, et que l’exportation de séries avait connu un boom dont Muhteşem Yüzyıl était le cheval de tête. Nul doute qu’on aura encore beaucoup de mutations à observer, dans un panorama qui n’en manque pourtant pas.

En attendant, mon prochain post vous emmènera en Australie, au Cambodge et à Singapour… en une seule fois !

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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