Le miracle de la vie

25 mai 2014 à 21:22

Ceux d’entre vous qui ont déjà eu à cœur de trouver une série en particulier savent combien parfois il peut s’agir d’un parcours du combattant.
Il y a les fausses joies (le pilote surdoublé en russe…) comme les moments de rage (pourquoi reporter encore et toujours la sortie de cette première saison en DVD ?!). On se retrouve régulièrement à placer ses espoirs dans une nouvelle recherche tout en se préparant à l’idée qu’elle sera infructueuse. Plus les années passent, plus on se dit qu’il va falloir se faire une raison et accepter que le simple visionnage du pilote est hors de portée…

En ce qui me concerne, ça m’arrive avec pas mal de pilotes ; tout simplement parce que j’aime bien regarder des pilotes sans obligation d’engagement, et que du coup ça ne m’ennuie pas de n’être capable que de trouver le pilote, si déjà j’y arrive.
Pardon si je me répète, mais il y a des séries américaines qui ont moins de 10 ans et dont le pilote est déjà totalement introuvable (je ne parle même pas de la suite). Alors imaginez sitôt qu’on chiffre en décennies l’âge de la série en question, et/ou qu’on s’éloigne en des contrées plus « exotiques ». Alors, une fois de temps en temps, je me bloque quelques heures, je ressors ma liste, et je me dis : allez, cette fois c’est la bonne.

Et vous savez quoi ? Parfois, c’est la bonne. Je me rappelle encore quand on m’a donné les liens pour les trois saisons de Rude Awakening après des années de recherche. Je les avais loupés de quelques mois, tout simplement. Mais ce n’était pas faute d’être après eux depuis que j’avais eu accès à internet.

Mesdames et messieurs : le pilote d’Inconceivable. Enfin. Et, oui, je perçois l’ironie de la chose.

Pourquoi j’étais attachée à l’idée de découvrir un jour le pilote d’Inconceivable ? Parce que j’avais vu son générique et que j’étais juste sous le charme, c’est tout bête.

Mais l’idée de s’intéresser aux problèmes de conception était, de surcroît, une idée intéressante pour offrir un cas particulier de la série médicale. Le sujet revient dans à peu près toutes les séries médicales, précisément, mais prendre le temps d’en faire une série pour en épuiser les ressources dramatiques, c’est rare.
L’infertilité est en fait un thème qui à ma connaissance est unique à Inconceivable comme base de départ pour une série ; même des séries sur des services de gynécologie (et, oui, ça existe) à l’instar de Gyne ne prennent pas le pari d’arpenter le sujet en long en large et en travers. Je cherche encore à ce jour la série qui essayerait de suivre la même problématique du point de vue d’un couple, et non d’un service médical ; je pense que ça ferait un drama épatant, sûrement pour le câble, mais à l’impossible nul n’est tenu… Bref, Inconceivable n’est pas une série médicale parmi tant d’autres, elle a un point de vue unique, et c’était vraiment attirant téléphagiquement.

Le visionnage du pilote confirme qu’Inconceivable s’est vraiment attelé à son sujet sans se cacher derrière son petit doigt. Ce n’est pas un prétexte pour faire un drama médical classique, et encore moins un drama soapesque dans lequel les médecins occuperaient la première place. Ce premier épisode en fait même juste un peu trop ! Il saute à pieds joints dans plein d’idées à la fois…
On ne peut pas enlever au pilote d’Inconceivable son intention de mettre en place des fils rouges, chose pourtant assez rare dans une série médicale, et plus encore dans une série de network récente ; certaines intrigues sont bouclées avant la fin de l’épisode, bien-sûr, mais d’autres mettent en mouvement quelque chose de plus large que très sincèrement je ne m’attendais pas à voir la série mettre en place.

Ainsi Ming-Na Wen incarne-t-elle Rachel, un médecin (c’était juste après sa sortie d’Urgences, rappelez-vous ; cependant Inconceivable n’est en aucune façon un spin-off) qui a choisi d’avoir un enfant par fécondation in vitro, et qui se retrouve dans ce premier épisode à devoir expliquer à son petit garçon l’absence d’un père.
En parallèle, la clinique privée qu’elle a co-créée avec le médecin britannique Malcolm, qui est aussi impulsif et obstiné qu’elle est ouverte et à l’écoute, est plongée dans une crise sans précédent après qu’un couple vienne de voir naître un enfant obtenu via une mère porteuse… sauf que tous les trois sont blancs et que l’enfant né dans les premières minutes du pilote est noir. Les deux experts en fertilité sont menacés d’un procès qui a de grandes chances de les déposséder de leur cabinet. Il s’agit pourtant d’une coûteuse opération, comme on a l’occasion de très vite le constater, puisque la clinique regroupe à la fois une banque du sperme, un laboratoire, une clinique d’insémination, ainsi qu’un cabinet psy pour sélectionner et suivre les mères porteuses ou les adoptions (et même un service néo-natal si l’on en croit certaines séquences dans la seconde partie du pilote).
Ce n’est même pas tout ! A tout cela, il faut encore ajouter une intrigue secondaire sur le fait que Malcolm se tape une employée de la clinique ; un veuf qui envisage d’utiliser les œufs congelés de sa femme pour accomplir la dernière volonté d’avoir un enfant avec celle-ci, implanté dans l’utérus de sa sœur ; un couple qui doit faire face à un nouvel échec d’insémination ; un couple gay (dont l’un est l’avocat de la clinique, laissant augurer d’une intrigue à long terme) qui attend un enfant avec une mère porteuse, mais où l’un des hommes est paranoïaque quant aux risques qu’elle prend ; et l’introduction brève d’un personnage amené à prendre de l’ampleur au sein du cabinet ensuite (Angie Harmon). Je ne vous mentais pas quand je vous disais que cet épisode est chargé !
Et encore, au cours de certaines de ces intrigues, d’autres sous-thèmes seront abordés (on aura ainsi un des membres du personnel qui remettra en question le concept complet de clinique de fertilité…). Tu m’étonnes que la série s’est fait annuler après deux épisodes : tout semblait avoir été dit d’entrée de jeu !

Le fait est qu’Inconceivable gère plutôt bien ces intrigues, et les mène avec intelligence (l’intrigue sur le futur papa parano sert de ressort plus léger, mais en évitant la caricature), même l’histoire de la relation de Malcolm avec l’employée qui finit l’épisode de façon soapesque, mais intégrée dans les thèmes de la série. Mais ça fait quand même vraiment beaucoup, et certaines de ces intrigues passagères auraient mérité un peu plus de temps pour en tirer partie de façon maximale sur un plan dramatique.

En dépit de ces problèmes, dus à un trop-plein d’enthousiasme pourrait-on dire, ce premier épisode d’Inconceivable ne commet pas d’erreur irréparable, de faute de goût suprême, ni d’erreur fatale. J’ai récemment revu des pilotes de séries bien plus boiteux (3 Lbs., très ambitieuse mais plus qu’inégale, me vient à l’esprit du fait de son thème médical), où la raison pour laquelle la série n’a pas survécu est assez claire. Dans le cas d’Inconceivable, je suppose que c’est le thème qui n’attirait pas les spectateurs avant tout ; ses qualités intrinsèques ne me semblent pas remises en cause. Tant pis pour eux, je persiste à penser qu’il y a du matériel pour une bonne série.

Et ça tombe bien : après des années d’attente, c’est la quasi-intégralité des épisodes produits d’Inconceivable (y compris ceux non-diffusés aux USA) sur lesquels j’ai mis la main, et pas seulement les 2 premiers vus sur NBC. Un miracle, je vous dis.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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