Lost comme au premier jour

22 septembre 2014 à 20:30

La semaine dernière, j’ai retrouvé une capture d’écran du post que j’avais écrit sur les forums de SeriesLive, voilà maintenant 10 ans, après avoir vu le preair de Lost. La capture n’étant pas d’une grande qualité, et surtout, ayant envie de conserver cette review, j’ai décidé de la retaper intégralement et de la mettre ici, à la fois en guise d’archives (il y a tant de reviews que j’avais écrites sur les forums à l’époque, et qui ont aujourd’hui disparu à jamais), et pour la nostalgie.
Voici le texte intégral, avec ses quelques petites erreurs, ses interprétations forcément incomplètes, et surtout son grand enthousiasme.

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Ainsi qu’annoncé sur un autre topic, j’ai vu cette nuit le pilote de la série Lost. Prêts pour mon verdict ? Attention ça va être long…

En guise de préambule

Je préfère vous avertir maintenant. Afin de respecter au mieux la Charte des Forums, je ne répondrai à aucune question du type : « comment as-tu pu le voir ? » ou « comment puis-je le trouver moi aussi ? ». Pour les autres questions, vous savez comment me contacter… Du fait de ces conditions particulières, il est possible que ce ne soit pas la version définitive du pilote (ça s’est déjà vu), mais je ne pense pas que les grandes lignes changent…

Courte introduction

Pour rappel, Lost est la dernière création de JJ Abrams, à savoir l’heureux papa de Felicity et bien-sûr ALIAS. ABC a officiellement annoncé qu’elle diffuserait cette série à compter du 22 Septembre prochain. C’est une des séries les plus prometteuses et les plus attendues de la saison.

On trouve au casting des visages plutôt connus : Matthew Fox (La vie à 5), Terry O’Quinn (Millennium, Harsh realm, ALIAS, JAG…), Ian Sommerhalder (Young Americans), Harold Perrineau (Oz), Daniel Dae Kim (Angel, 24)… dans le pilote on trouve aussi le joli minois d’Emily de Ravin (Roswell). Je ne sais pas si on la retrouvera ensuite. Des bonnes surprises, aussi, telle Evangeline Lilly, dont c’est le premier rôle important… et qui brille par sa seule présence.

Lost, en résumé, raconte l’histoire des rescapés d’un crash d’avion sur une île déserte. C’est à peu près tout ce qu’on en sait au regard des annonces faites à ce jour… Ça va changer !

Film catastrophe

Lost commence ses premières minutes comme un téléfilm catastrophe tels qu’on en voit en périodes creuses le soir en semaine sur M6. A savoir : une situation de panique et un volontaire pour jouer les héros. La crispation commence, à mi-chemin entre crédulité (nul doute que c’est horrible) et l’énervement (ça sent le déjà vu). Après avoir passé quelques douloureuses mais courtes scènes, ourlées d’une musique angoissante et lourde de promesses, à se réveiller dans la jungle, notre homme (Matthew Fox) marche et arrive sur une plage tropicale digne d’une carte postale. Quelques secondes paradisiaques, vite gâchées : des cris de terreur (Stephen King n’en aura jamais motivés d’aussi tordus de douleur et de peur dans l’ensemble de son œuvre) servent de fond sonore à partir de cet instant.

Je vous décris brièvement la scène : des gens qui hurlent et courent dans tous les sens, hébétés, terrorisés, complètement perdus, les sifflements de l’avion (un réacteur tourne encore, visiblement, d’autres parties mécaniques également) et les amoncèlement de corps, d’objets en feu ou déjà carbonisés, et de figurants en pleurs, finissent de vous mettre la pression.

Et attention, à partir de là, attendez-vous à un peu de déception. Pendant quelques minutes, ça va être rocambolesque. Au milieu de la panique, notre héros va presque instantanément prendre les choses en main, d’ailleurs, c’est normal : on apprend qu’il est médecin. Ça va aller très vite : en quelques minutes (et pendant que nous entr’apercevons les visages des personnes qui l’entourent, et qui ne sont pas si anodines qu’il n’y paraît), il va tirer un homme de sous une énorme pièce de l’avion (obligeant plusieurs personnes autour de lui à l’aider, comme si lui seul avait eu l’idée), lui poser un garrot, aider une femme enceinte (il va pas jusqu’à l’accoucher, quand même), la protéger de l’explosion de la carlongue, lui trouver quelqu’un pour s’occuper d’elle pendant qu’il fait du bouche-à-bouche à une femme, lui sauvant la vie juste à temps pour retourner sauver la jeune mère et son protecteur de l’écrasement d’une autre pièce de l’avion… et on va quand même s’arrêter là. Tenez-vous bien, l’épisode n’a commencé que depuis un peu moins de 8mn…

C’est à ce moment, ce moment précis, pendant que les premiers noms du générique s’affichent sur votre écran et que le héros (il s’appelle Jack) déambule, en état de choc, dans les décombres, que vous commencez à comprendre l’ampleur du génie de Lost. Toute sa magie se trouve dans les silences. Ces scènes, troublantes, émouvantes, et qui n’ont pas fini de vous heurter de plein fouet, sont la véritable force de la série. Non seulement elles lui redonnent du souffle, mais permettent ainsi de s’attarder sur des portraits parfaits, que peu de mots viennent troubler. Là, tels quels, on vous livre les personnages avec noblesse mais sans faux-semblant. Vous pourriez être assis à vous tenir la tête entre vos mains à deux mètres d’eux, vous comprendriez toute l’émotion qu’il y a à saisir…

Ayé, zêtes accroché…

La série qui joue avec nous

Vous êtes à une scène près d’en avoir fini avec les pires poncifs du genre. Il reste encore à Jack une épreuve : découvrir l’enjeu féminin de l’histoire, Kate de son doux nom. Pas déçu. La demoiselle est belle comme le jour, avec un visage d’ange (elle va faire des ravages cette petite, si vous me demandez mon avis) et des expressions à faire pleurer les pierres. Elle offre sa fragilité et sa force dans une même scène d’introduction, ça c’est très fort, ce qui l’est moins c’est le prétexte à cette rencontre : elle recoud une blessure de Jack avec une aiguille à coudre, à vif. Vu le peu de cas que Jack fera ensuite de sa blessure, on aurait pu se passer de cette scène. Reste un joli dialogue.

Le pilote commence trouver ses marques. Et c’est un très joli exercice de style qui nous attend. Je ne vous raconterai pas tous les tours et détours, bien-sûr (ce serait particulièrement mesquin de ma part de vous gâcher le plaisir que j’ai eu à découvrir, je ne suis pas là pour laisser libre cours à mes pulsions sadiques…), mais je vais vous donner les grands axes. Chaque fois que l’histoire utilise un passage obligé du genre (les gens se regroupent, s’organisent, s’apprivoisent…), ce n’est que pour mieux les détruire plus tard. D’entrée de jeu, on se laisse prendre par l’habitude de téléspectateur que l’on a de se dire : ceci égale cela. Si un tel est montré de tel façon, sous un angle étrange, avec le regard fuyant, il est forcément méchant. Criminel, au moins. Pensez-vous !

Je vous prédis de vous faire avoir au moins deux ou trois fois à ce petit jeu. Lost joue avec notre culture du film catastrophe, notre culture de téléspectateur docile. Là où on en prend plein les mirettes, ce n’est pas tant dans les quelques explosions du début, les scènes d’action, la course-poursuite… là où on s’en prend plein la figure, c’est quand vous réalisez que vous vous vous étiez convaincu tout seul de quelque chose… et que ce quelque chose est faux. Vous finissez par comprendre la chose, et au bout d’une vingtaine de minutes, vous jouez avec les scénaristes : vous attendez une chose et attendez en même temps d’être épaté et surpris par une tournure carrément impossible à voir venir.

Quand ladyteruki crie au génie…

Une fois qu’on a bien pris le coup, qu’on a compris qu’on se ferait surprendre (et que ce serait toujours en bien), l’épisode atteint son apogée. Notamment avec une scène que je qualifierais de capitale.

Dés le début de la soirée suivant le crash, d’étranges bruits se font entendre dans la jungle. Des craquements sourds, des arbres qui rompent et tombent, des cris étranges… Le poil de la petite communauté se hérisse comme celle d’un seul homme. Plus tard, Jack, Kate et un troisième larron, Charlie (faites attention il y aura pas mal de noms à retenir), s’enfonce dans la jungle, espérant trouver un moyen d’appeler les secours. Et là, ils tombent sur l’origine des phénomènes de la veille. Nos trois personnages tentent de s’enfuir vers la plage, Kate en tête, Jack derrière elle, Charlie à la traîne (on saura pourquoi plus tard quant à moi je ne dirai rien, même sous la torture). Musique de circonstance. Craquements. Cris d’un animal, non indentifiable mais qui sème bien la terreur. Tout un tas d’embûches en cours de route. Un instant vous vérifiez si vous ne regardez pas Jurassic Park 8, pour tout dire : un peu méfiant, quand même… Et là, Charlie (un perso qu’on a pas vraiment eu le temps d’approfondir) tombe à terre, le pied pris dans une liane qui court au sol. La bête se rapproche. Ses deux compagnons courent, loin devant lui. Il hurle, panique, on sent que c’est le moment…

A votre avis ? Il meurt comme dans les classiques du genre ?

Autres intrigues

Et en pagaille, d’autres choses viennent se greffer sur l’histoire principale :

– Un couple d’étrangers (selon moi c’est des Japonais, mais peut-être que je fais une fixation aussi…) vit en marge du groupe. Le mari est un mufle patenté, qui pêche mais interdit à sa femme de manger. Il cherche à faire goûter le poisson qu’il a pêché aux autres rescapés, l’air mauvais, on se dit : ça doit être empoisonné… Heureusement l’homme à qui il en offre refuse. On est soulagé, mais… il en offre à la femme enceinte…

– Pendant ce temps sa femme commence à ressentir une sorte d’écœurement devant son comportement. Malheureusement, elle ne parle pas un mot d’Anglais. Que va-t-elle faire ?

– Un enfant a perdu son chien, qui était à bord de l’avion. L’homme qui l’accompagne est particulièrement maladroit avec lui, se trompe sur son âge : est-il vraiment le père ? En cherchant le cabot, l’enfant trouve un paire de menottes : qui les avait aux poignets, et pourquoi ? Les soupçons se tournent vers un homme d’origine musulmane, avec un fort accent, Sayid, et qui a fait la guerre du Golfe… dans son pays natal. Rescapés d’un crash d’avion, tout le monde est convaincu d’office qu’il est terroriste. Mais l’homme qui l’accuse, l’air mauvais, est armé et regarde tout le monde d’un drôle d’air ; n’est-ce pas lui qui tente de retourner la situation à son avantage et de faire croire qu’il n’est pas le criminel…?

– Un vieil homme solitaire, Locke, semble un peu toqué. Il reste tête nue sous la pluie, ne parle à personne, mais semble très cultivé. Difficile de savoir à quoi s’attendre venant de lui…

– Un homme a reçu un éclat d’avion dans le ventre et ne peut pas encore parler. Jack va tenter de l’opérer avec les moyens du bord. L’homme ne s’éveillera qu’à deux minutes de la fin du pilote. Qui est-il ?

– Un radio est découverte dans le cockpit de l’appareil, mais elle ne fonctionne pas. Après que Sayid ait tenté de la réparer (la plupart des gens doutent qu’il soit animé de bonnes intentions), une expédition est organisée jusqu’au sommet de l’île, afin de capter les plus possible d’ondes… Que vont-ils découvrir ?

Etc, etc, etc… En 1h30, vous n’auriez jamais imaginé penser à tant de choses à la fois, et devoir faire attention au plus petit des détails (sauf peut-être dans A la Maison Blanche, avis perso)…

En conclusion

De toute évidence, voilà une série qui n’aurait jamais vu le jour sans le 11 septembre. Eh oui, eh oui, c’est un commentaire assez banal, mais il fallait le faire ! L’ambiance des premières scènes : l’avion, la terreur… Tout cela sent à plein nez l’exutoire. Avec quelques années de maturation afin de ne pas prendre les choses trop au tragique, Lost peut se permettre d’évoquer ce à quoi nous avons tous un peu pensé, nous qui n’y étions pas : à quoi ça pouvait ressembler ? La série décrit avec une précision cinglante la gamme d’émotions par lesquelles on peut passer dans pareille situation, de Locke, stoïque sous la pluie, semblant profiter de chaque goutte d’eau comme d’une bénédiction, à la jeune Shannon, sûre que les renforts ne vont pas tarder, et qui prend des bains de soleil au milieu des décombres… toutes les facettes d’un état de choc sont montrées, palpables. Elles ne se révèlent que visuellement, subtilement. Le jeu des acteurs sert formidablement le scénario, le repêche quand il risquait de tomber dans un excès ou un autre. Tout est juste… Jusqu’à la peur des autres, que trahit la présence de Sayid. Les amitiés se forment. On sent qu’une communauté se tisse, dans la douleur, dans la peur.

Et au fur et à mesure, à travers d’incroyables flashbacks des minutes précédent le crash, on en apprend plus sur la véritable personnalité des protagonistes… La véritable ? Hm, à mon avis il y a bien plus encore à découvrir, mais commencez déjà par survivre à cette heure et demie de pression. On verra ensuite…

Ce serait sous-estimer JJ Abrams que de croire qu’il va se contenter de suivre les règles du genre sans y ajouter sa petite sauce. Comme dans ALIAS, on retrouve des personnages très naturels et profonds, des intrigues qui s’annoncent compliquées, et de l’action.

De l’action, parfaitement dosée, saupoudrée de ce qu’il faut de drame, de suspense, d’ambiance… Lost est capable de donner à un public jeune ou peu regardant l’action et le mouvement, et d’offrir à un public exigeant des intrigues complexes et délicatement tissées, de jouer avec les stéréotypes pour mieux nous piéger.

Finalement, ne l’a-t-on pas enfin trouvée, la recette du succès ? A voir en septembre…

Le verdict final

Pouces levés !!! 19/20 pour un pilote prometteur. Le risque d’une série pareille, c’est de tomber dans les affres des clichés, et de s’embourber dans de l’action sans queue ni tête. Là, le scénario est maîtrisé presque 100% du temps. Peut s’améliorer, et le fera très certainement…

Et vous, vous souvenez-vous de vos premières impressions sur Lost ?

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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