Killer move

26 septembre 2014 à 7:03

Avertissement : cette review contient des morceaux spoilers. D’ordinaire je ne crois pas au spoiler dans un pilote, mais par prudence, assurez-vous quand même de l’avoir vu avant de me lire plus en avant. Je ne saurais d’ailleurs que conseiller d’adopter cette position systématique lors de vos lectures sur How to get away with Murder à l’avenir, quelle que soit votre source.

Je peux m’imaginer regarder How to get away with Murder pendant toute une saison ; spontanément, je n’aurais dit cela d’aucune série produite par Shonda Rhimes après en avoir vu le pilote. Et à peine plus sous la torture. Le mot abdication a éventuellement été prononcé par le passé.
Certes, certes ; j’ai regardé les premières saisons de Grey’s Anatomy en des temps reculés, mais j’ai rapidement lâché l’affaire, et surtout, ce n’était pas une décision consciente prise en fin de pilote, comme on se dit parfois : « eh bah ça, mon cochon, je vais pas laisser ma part d’épisodes au chien ! ».

HowtogetawaywithMurder-650

Au juste, il n’est pas encore certain que je suive How to get away with Murder hebdomadairement ; je pressens qu’elle va faire bon usage de son rythme de diffusion, ne serait-ce que parce que les productions Shondaland ont développé un art consommé du cliffhanger, peaufiné avec soin au rythme des nouvelles séries (Scandal se débrouille plutôt bien dans le genre, même si je n’ai vu que la première saison). Mais je crains également d’être rapidement lassée par les coucheries ; s’offrir un ou plusieurs marathons permettrait de surmonter la frustration et pouvoir se focaliser sur l’aspect thriller ou legal drama. Pour l’instant, je regarderai le second épisode à un rythme hebdomadaire, mais je n’exclus pas cette solution.

L’intérêt central de How to get away with Murder, c’est justement d’avoir réussi à mêler trois types d’ingrédients.

D’abord, évidemment, le meurtre central, indiqué dans tous les pitches de la série, et dont la toute fin du pilote nous dévoile la victime mais pas si les coupables vont réussir à s’en sortir. Voilà pour le thriller, qui promet d’emblée de nous tenir occupés pendant bien des épisodes, potentiellement toute une saison. C’est un peu agaçant que pour en arriver là, la série se sente obligée d’utiliser un fast forward, mais il semblerait que ce soit désormais légalement obligatoire pour une série d’avoir soit des fast forwards, soit des flashbacks, soit les deux, alors ma foi.
On devine que le meurtre de ce fil rouge s’imbrique essentiellement avec les affaires interpersonnelles des protagonistes ; cela donne un côté Cluedo à ces histoires qui permet de se tamponner le coquillard un peu moins violemment de qui couche avec qui et pourquoi. Personnellement c’est encore et toujours l’angle qui me dérange le plus dans un grand nombre de séries, je m’y ennuie puissamment sauf extraordinaire réussite (un défi que même The Good Wife ne parvient pas toujours à relever ; les histoires amoureuses de Kalinda ont par exemple fini par me lasser en saison 5). Aussi, le fait que les romances, alliances, inimitiés et secrets semblent trouver, en grande partie, une forme de résolution avec le meurtre en fil rouge, aide à faire passer la pilule. C’est d’autant plus nécessaire que j’ai déjà levé les yeux au ciel trois fois et demies.
Et puis, pour varier les plaisirs, il y a aussi le dossier en cours pendant l’épisode, qui rejoint un peu la structure de Scandal en cela qu’il oblige à se concentrer sur une « affaire-de-la-semaine », avec ses détails et ses rebondissements. C’est la partie la plus traditionnelle du legal drama dans How to get away with Murder, mais qui s’entremêle facilement avec les affaires plus personnelles. On le voit dans le pilote, cela aide à la fois à répondre à certaines questions (qui a obtenu le trophée Survivor-like), et à en poser d’autres (pourquoi seuls 4 des 5 étudiants du Pr Keating sont impliqués dans le meurtre, par exemple). La façon dont l’intrigue au tribunal permet aux élèves de se positionner par rapport aux autres, et vis-à-vis de leur prof, est également intéressante, et les possibilités que cela ouvre sont infinies, au moins sur un plan structurel. Peut-être même que sur le fond ça peut amener quelques tentatives originales, on verra.

Un petit mot pour le casting, qui se débrouille plutôt bien ; j’avoue que Viola Davis, qui partait grande favorite lorsque j’ai lancé le pilote, s’est retrouvée flanquée d’un personnage assez difficile à apprécier (la crise de larmes devant Wes, j’en avais le sourcil tellement levé que je me suis cogné l’omoplate avec), et il faut espérer qu’elle aura plus de matière à l’avenir. Nos élèves s’en sortent en revanche très bien, et ont pas mal de potentiel. Enfin, retrouver des visages comme ceux de Liza Weil (qui s’est même retrouvée en trending topic mondial cette nuit sur Twitter sous son nom de code Paris Geller, volant la vedette à tout le monde !), Matt McGorry ou Tom Verica, réjouit l’œil du téléphage.

Ouais, How to get away with Murder commence plutôt bien, ya pas à dire. On n’y touche pas au génie mais on est loin d’avoir affaire au fond du panier téléphagique, et le potentiel est là, clairement. Il faudra donc attentivement veiller au grain pour que la part soapesque des choses ne prenne pas le dessus, et qu’on reste dans le domaine du raisonnable pour les twists et retournements de situation. Et encore, quand ç’aurait été accompli, il faudra être encore plus vigilant pour la saison 2. C’est toujours regrettable quand un legal drama cesse d’être intelligent…
Mais pour le moment, on n’en est pas là, donc rendez-vous jeudi prochain !

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Al dit :

    C’est marrant, ce que tu dis du personnage de Viola Davis, parce que je suis tombée sous le charme tout de suite, et pendant 40 minutes. Et la scène de larmes, j’avoue que j’ai aussi levé le sourcil, mais parce que j’étais certaine qu’elle le manipulait, mais la série ne le confirme ni ne l’infirme (à mes yeux) et j’ai aimé cette ambiguïté.

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