Your life will return to you

18 avril 2015 à 2:00

La catégorie « Review vers le futur » est nommée ainsi parce qu’à l’origine je voulais y parler des séries que je voyais avant leur venue en France (il s’avère que nombre d’entre elles n’ont même jamais fait le voyage, ce sont les risques du métier). Aujourd’hui on renverse la dynamique, puisque Wayward Pines était projetée il y a quelques heures, en ouverture du festival de Series Mania… avant même que les spectateurs américains ne puissent y jeter un oeil. Juste retour des choses !
FOX démarrera le mois prochain la diffusion de la série dans 120 pays (la première internationale se fait sur les chaînes FOX internationales), et pour préserver le suspense autant que nos nerfs, seul le premier épisode nous a été dévoilés à Séries Mania. Il paraît que ç’aurait été encore pire de nous lâcher après deux épisodes, apparemment, quand de nouveaux twists apparaissent ! Admettons.

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Ethan Burke se réveille, le visage tuméfié, dans une forêt moite. On apprend rapidement qu’il est un agent des Services secrets tourmenté par un attentat qu’il n’a pas su déjouer (et qui a coûté la vie à 621 victimes), hanté par des cauchemars et après une période très traumatisante pendant laquelle il a été suivi psychologiquement, il a repris du service récemment. Pas plus tard que la veille, il a été envoyé sur une mission de recherche : deux agents ont disparu, dont Kate Hewson, autrefois partenaire de Burke (et également, brièvement, sa maîtresse). Hélas, pour autant qu’il puisse le dire, lui et son collègue n’ont jamais commencé cette mission de recherche : ils ont eu un accident de voiture particulièrement brutal.

Burke découvre bientôt qu’il est en fait à Wayward Pines, une charmante petite ville de l’Idaho, où l’on prend grand soin de lui dans l’hôpital local… peut-être même un peu trop. Coupé de tout (apparemment personne n’a retrouvé son téléphone ni ses papiers dans la carcasse de la voiture), il n’arrive pas à prévenir sa femme et son fils, ou ses supérieurs, de sa localisation ; l’infirmière Pam, qui prend soin de lui avec juste un peu trop d’empressement à l’hôpital, ne semble pas vouloir coopérer pour lui donner les outils adéquats à ses communications. C’est à peine mieux quand Burke décide de se diriger tant bien que mal vers le bureau du Shériff Pope, qui ne le prend pas beaucoup au sérieux non plus.

Malgré tout cela, les mésaventures d’Ethan Burke ne seraient qu’anodines, s’il n’y avait pas… tout le reste.
Wayward Pines est une étrange ville provinciale. En apparence parfaite et plutôt typique, elle semble receler de toutes petites anomalies un peu partout. Et la façon dont les interlocuteurs de Burke repoussent sans cesse ses tentatives de joindre l’extérieur de la ville est de plus en plus inquiétante.
Il y a aussi la barmaid, Beverly. C’est la seule à lui avoir laissé passer un coup de fil depuis le téléphone du bar (il n’a pas réussi à joindre sa femme, alors il lui a laissé un message), c’est la seule à lui donner une adresse où se rendre (le 604 First Avenue, où il fait une macabre découverte), c’est la seule à l’orienter vers les incohérences mineures de Wayward Pines. Qui est-elle et pourquoi veut-elle l’aider ? Plus important encore : pourquoi est-elle la seule à vouloir l’aider ?

Wayward Pines installe tous ces ingrédients de départ en jouant sur la perception de Burke. Au point qu’on passe beaucoup de temps à se demander si ce qui semble clocher vient de lui (la série nous rappelle régulièrement combien il a été instable récemment), de la ville… ou des deux !
Certaines choses ne peuvent pas tout-à-fait être attribuées au mental fragile d’Ethan Burke (son épouse ne reçoit pas son message ; ses supérieurs ont trouvé la carcasse du véhicule et la font analyser par les scientifiques des Services secrets sans pouvoir y confirmer que Burke a jamais été dans la voiture ; et puis, il y a naturellement les grillons…). La réalisation insiste, parfois lourdement, mais à dessein, sur ces oscillations.
C’est un peu maintenant ou jamais pour essayer de laisser planer le mystère, après tout : à la fin de l’épisode inaugural, ce mystère semble résolu (je ne vous dis évidemment pas comment). Nous avons la confirmation que non, Wayward Pines n’est pas une ville comme les autres. Cela n’exclut pas qu’Ethan Burke soit aussi en train de patauger dans la semoule, mais tout n’est en tous cas pas de son fait.

Ce premier épisode est bourré de références (que je veux croire volontaires), généralement dues à la réalisation, à énormément de séries. Citons celle qui apporteront le moins de spoiler (mais il y en a d’autres) : Lost, Le Prisonnier, Eureka, et j’ai même eu de brutaux flashbacks de Kingdom Hospital dans les premières scènes sous les bons soins de Nurse Pam.
En fait, ce premier épisode est plutôt clair, et globalement réussi dans son objectif : présenter de façon efficace un monde où tout n’a pas de sens, et dont le personnage central est complètement perdu. On ne nous fait pas mariner 712 ans sur certains aspects et c’est tant mieux (la nature de Wayward Pines est loin d’être anodine !), mais une fois que certaines questions ne sont plus en suspens, Wayward Pines va être confrontée à un vrai défi ! Il va lui falloir cesser de nous rappeler les séries citées plus haut (et quelques autres), et commencer à avoir une personnalité propre. Vu que la série est adaptée d’un roman, le défi n’a rien d’impossible : Wayward Pines existait avant d’être une série, il lui est donc tout-à-fait possible d’exister sans ses rappels à la culture télévisuelle. Mais lâcher la rampe et s’aventurer en eaux profondes exige aussi que la réalisation (et dans une moindre mesure, le scénario) prennent des risques. Et du coup, là, ce sera le coup de poker.

Je suis sortie de Wayward Pines avec, au départ, la brûlante envie de voir la suite. Ça m’est rapidement passé (pour des raisons extérieures à la série elle-même). A présent j’ai envie de dire : pourquoi pas, mais attention à se bouger un peu.
Un épisode d’exposition, après tout, surtout pour une série profondément feuilletonnante comme celle-là, n’a pas pour vocation d’être totalement inédit. Le reste de la saison, en revanche, ne peut s’offrir le même luxe.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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