(Life)hack

19 avril 2016 à 19:00

Kari Sorjonen est un flic de talent (encore un), dont les capacités d’observation et de déduction ont fait la réputation. Le problème c’est que son épouse Pauliina est en rémission d’un cancer et que toute la famille aurait vraiment besoin d’un nouveau départ. Avec leur fille adolescente Janina, ils déménagent donc pour Lappeenranta, une petite bourgade tranquille où Kari a décroché un poste dans une unité nouvellement créée pour lutter contre les crimes les plus sérieux, mais où l’activité devrait être beaucoup plus calme que dans une grande ville.
Sorjonen alias Bordertown ne brille pas par son originalité sur le papier. Je vous rassure, sur la longueur non plus ce n’est pas l’extase, et si vous avez décidé de faire l’impasse sur cette série finlandaise, pour une fois je ne vous dirai rien.

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La série suit exclusivement Kari après cette installation à Lappeenranta, essayant à la fois de s’intéresser à son travail et à sa vie de famille, mais gardant toujours les autres personnages à la périphérie des scènes.
Les Sorjonen se sont en effet juré que cette fois ils allaient lever le pied et passer plus de temps ensemble, apprécier leur vie de famille, avoir des vrais dîners autour de la table tous les soirs, le grand jeu. Le problème c’est que Kari est profondément workaholic. Il ne peut pas s’en empêcher ; même quand il tente de résister, ce sont sa femme et sa fille qui abdiquent et lui ordonnent de décrocher ce fichu téléphone qui sonne à toute heure du jour et de la nuit.

Il faut préciser quelque chose à propos de Kari Sorjonen : la série ne l’explicite pas exactement, mais il semblerait qu’il soit sur le spectre de l’autisme. Il reconnaît ainsi avoir du mal avec certaines interactions sociales, ou bien son attitude trahit une incompréhension de certains codes sociaux ; il a également tendance à prendre les choses au premier degré (bien qu’étant capable de traits d’humour par ailleurs). Sorjonen a décidé que, naturellement, le fonctionnement de Kari était le « revers de la médaille » de son intelligence hors du commun ; la scène d’ouverture du premier épisode est, à elle seule, indicative du degré de talent de notre homme, capable à partir de trois fois rien de tirer des conclusions hallucinantes (il voit un dessin d’enfant et en conclut qu’une femme se cache probablement dans la maison qui vient d’être fouillée par la police). Le bon point, c’est que cette intelligence n’est pas nécessairement dépeinte comme étant innée : Kari passe plusieurs minutes à son arrivée dans la brigade de Lappeenranta à expliquer la technique du palais de la mémoire, transformant ainsi le visionnage de Sorjonen en une video de Lifehacker. Mais cela reste quand même assez usant d’assister à cette supériorité quasi-magique, et on a parfois l’impression d’assister à « Monk à la campagne » plutôt qu’à une série policière se prenant au sérieux.

Quant à l’intrigue policière lancée dans cet épisode inaugural, elle laisse particulièrement froid. En cause ? Essentiellement le fait que les quelques éléments glanés ne permettent pas vraiment de se figurer ce qui se passe. Il est vaguement question de kidnapping d’une adolescente, mais peut-être sur fond de pornographie. Ou peut-être pas. Non j’avoue que j’ai pas tout pigé. En tous cas, relations cordiales de voisinage obligent, Sorjonen mêle aussi à cette intrigue des personnages russes (Katja, une victime potentielle ; sa mère, qui se met à sa recherche ; et probablement un type louche basé à St Petersbourg même si on ne l’a pas vu beaucoup, mais qui n’a sûrement pas été introduit pour rien).

Je vais être honnête : même si Sorjonen s’était échinée à détailler cet angle de son intrigue et nous donner plus que des miettes, je m’en serais désintéressée. Le problème de la série, au-delà de cette simple question, est que Sorjonen arrive en 2016 après 712 millions de séries similaires (et d’enquêtes similaires dans des séries procédurales), et qu’on n’en a, très sincèrement, plus rien à carrer à ce stade. Je sais que j’ai dit que j’étais contente que des séries finlandaises commencent à profiter progressivement de la popularité des séries nordiques, mais ça veut pas dire qu’il faut ramener tout et n’importe quoi, non plus.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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