Kids these days

17 avril 2017 à 14:00

Ami téléphage, parce que tu es bien informé, tu sais que le format d’une demi-heure n’équivaut pas nécessairement à de la comédie. Et tu n’inventes pas non plus des termes comme « sadcom » juste parce qu’un drama n’a pas duré une heure… Du coup, tu as pris tes billets pour la séance de Metomtemat (Dumb de son titre international) en connaissance de cause, en te disant que ces épisodes de 35 minutes n’allaient pas nécessairement te rendre hilare.
T’es vraiment quelqu’un de bien.

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Shiri est une actrice qui essaye désespérément de percer, mais qui a un gros désavantage pour faire avancer sa carrière : son apparence. Elle ressemble en effet à une adolescente, alors qu’elle va sur ses 31 ans, et si de prime abord cela ne semble pas catastrophique, cela l’empêche néanmoins d’être prise au sérieux professionnellement. En attendant de réussir à décrocher un rôle intéressant, elle est donc condamnée, semble-t-il, à faire des jobs bien pourris ; celui qu’elle tient actuellement est dans un spectacle pour enfants où elle doit enfiler un costume d’oiseau qui n’a probablement pas été lavé depuis la naissance de l’Etat d’Israël. Même si son amie et collègue Natti la soutient moralement, on est d’accord que c’est pas franchement le rêve.

Ce fragile équilibre est sur le point de chavirer, en plus. Déjà, ce boulot pourri, elle le plaque, excédée par le comportement de son patron qui la traite comme une enfant (et harcèle Natti sexuellement). Pire, son petit ami Nimrod, également un acteur, s’apprête à partir à Paris pour un tournage d’une durée de 3 mois, et il n’est pas chaud pour l’embarquer avec lui alors même que plus aucun impératif n’empêche Shiri de le rejoindre. Le couple a une pénible dispute, au cours de laquelle il apparaît que Nimrod envisageait de peut-être profiter du voyage pour rompre discrètement avec Shiri ; il finit par officialiser la rupture avant de partir, et Shiri est dévastée.
Surtout que tout ça s’est déroulé en une même journée.

De fil en aiguille, Shiri décroche ce soir-là un petit job en allant tenir le bar dans une fête privée. Ce sera toujours quelques shekels à prendre. Elle n’y va pas spécialement le cœur léger, et est déçue d’apprendre qu’il s’agit d’une soirée de flics et qu’elle ne pourra donc pas en profiter pour se murger (ou autre), mais la soirée va tout changer.
Parmi les convives, ce soir-là, il y a en effet Dudi, un flic au moins aussi morose que Shiri. Il passe une mauvaise soirée dans laquelle la barmaid est la seule personne avec laquelle il ait envie de converser.
Dudi et Shiri, bien que totalement désabusés, décident finalement de s’envoyer en l’air dans la cabane de jardin voisine. Un coup d’un soir pour essayer de conclure une pénible journée. Pas de chance : au dernier moment, Dudi n’arrive pas à bander, et tous les deux contemplent leurs échecs du jour, amers. Dudi fait toute la fin de l’épisode, en boucle, sur le mode « je comprends pas ça m’est jamais arrivé », tu connais la chanson ; il a le malheur d’évoquer comme possible raison à sa panne le fait que Shiri ait l’air d’une gamine, ce qui bien-sûr n’arrange rien à l’ambiance.

Malgré tous les désagréments des dernières heures, et leur rencontre assez peu excitante (littéralement), Shiri et Dudi n’ont pas fini de se recroiser. Entre autres parce que loin d’eux, il se trame deux autres choses.
D’abord, il y a le cas d’Assaf, le proviseur d’un lycée. Il est à une soirée où il s’apprête à recevoir une récompense pour son travail auprès des adolescents, et même si on ne saisit pas les tenants et aboutissants complets de ses interactions (ou celles de son père, présent à la cérémonie), on comprend qu’il n’est pas aussi certain que son entourage de mériter pareille distinction.
Ailleurs, une adolescente, Nofi, s’est de son côté présentée à une soirée entre potes où l’on s’inquiète pour elle, parce que récemment elle s’est mise à fréquenter un homme plus âgé qui lui fournit de l’ecstasy en abondance. La lycéenne finit l’épisode par une overdose…

Je vais être franche avec toi, ami téléphage : je n’ai vu que le premier des épisodes de Metomtemat (ils seront deux à être diffusés à la séance de ce soir), mais j’ai de forts soupçons quant au rôle que Shiri va tenir, figurativement et littéralement, dans la suite des événements. Et je les trouve très intéressants. Ce retournement du cliché des actrices de 30 ans qui jouent des adolescentes dans la fiction est puissant à de nombreux égards, à plus forte raison parce que Shiri, elle-même, n’est pas la personne la plus mature au monde. Son attachement fusionnel à Nimrod, et sa capacité à tout envoyer péter lorsqu’elle est contrariée, montrent qu’elle a encore du chemin à faire. Peut-être d’ailleurs que la source de ses problèmes n’est pas que physique.
Mais quand bien même elle le serait, Metomtemat s’apprête à raconter une affaire de stup vraiment pas comme les autres, où même le cliché de l’infiltration en milieu scolaire est tournée en quelque chose de plus profond.

Ce rôle en or pour Bat Hen Sabag (qui l’a écrit elle-même, venant s’ajouter à la liste de femmes de la planète mettant en scène dans les séries leurs expériences éloignées des clichés sur la féminité) est vraiment très riche. Cela, quand bien même Metomtemat a ses longueurs, notamment des scènes de confrontation particulièrement longues qui plombent une ambiance déjà peu jouasse.
Ami téléphage, Metomtemat ne va pas forcément te faire te plier de rire, mais tu as bien fait d’aller au-delà de cette histoire de format, et de prendre tes billets pour la séance. Tu me confirmeras si mes soupçons quant à la suite des événements sont confirmés, ok ?

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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