The Not So Honorable Judge Alkobi

20 avril 2017 à 14:00

L’été dernier, je me faisais la réflexion que les séries sur les juges n’étaient pas légion, alors que le legal drama est un genre qui se porte plutôt bien de par le monde. Eh bien regardez ce qui nous arrive : Kvoda (alias Your Honor de son titre international), une série qui précisément s’intéresse à la trajectoire de Micha Alkobi, un juge.

Toutefois, la série israélienne Kvoda n’est pas un legal drama à proprement parler : il ne s’y agit pas de suivre les affaires traitées par un juge dans son quotidien, mais bien de s’intéresser à des circonstances exceptionnelles qui remettent en question la carrière et l’éthique d’un homme de loi comme le Juge Alkobi.

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Ne nous mentons pas : la faute en revient à son fils Shai, un adolescent qui par une belle journée, tente pour la 3e fois de passer son permis auto, et le foire. Pour gérer son échec, il ne lui vient pas d’idée plus brillante que de subtiliser la voiture de son père, exceptionnellement stationnée ce jour-là dans l’allée devant la maison (réalisant que la date du contrôle technique a été dépassée, le Juge Alkobi a en effet décidé de ne pas s’en servir ; c’est un homme profondément attaché à ce qui est légal). Or, en conduisant sur une route quasiment déserte, le jeune homme percute un motocycliste qui passait par là. Dans la panique, Shai prend la fuite, laissant sa victime au beau milieu de la route. Le simple accident vient de se transformer en délit de fuite.

Lorsqu’il l’apprend plus tard dans la soirée, notre juge est estomaqué. Son premier réflexe est d’exhorter son adolescent de fils à se rendre à la police, et à se confronter aux conséquences de ses actes. Après tout Shai n’a pas de casier, il est encore mineur… il a ses chances dans le système.
En arrivant au poste de police, toutefois, le Juge Alkobi découvre que la victime n’est autre qu’Assaf Ben Atar, un jeune homme au lourd passé criminel et issu d’une famille à peine plus recommandable. Alors que Ben Atar est entre la vie et la mort à l’hôpital, la presse commence en outre à se demander si l’accident ne serait pas une tentative de meurtre perpétrée spécifiquement contre cette famille. Si c’est le cas, les Ben Atar vont probablement vouloir se venger…
Alkobi fait donc machine arrière, et pour protéger la vie de son fils, décide de mentir…

Tout l’enjeu de Kvoda est de suivre le Juge Alkobi alors qu’il hésite entre moralité et protection de son unique enfant. Notre juge est en effet un homme profondément droit, dont le premier réflexe est d’être honnête en toutes circonstances ; mais c’est parce qu’il part du principe que dans ce cas, c’est au système judiciaire qu’on a affaire. Et le Juge Alkobi a confiance dans le système judiciaire. Mais face à quelqu’un d’autre, cette confiance en une solution raisonnable disparaît, et avec elle, la droiture…
Alkobi va donc commencer à mentir, à voler des preuves, à maquiller le « crime », pour s’assurer que personne ne prend son fils pour cible. Soudain ses connaissances du monde juridique ne l’aident plus à suivre une procédure, mais au contraire à l’éviter…

Ce sacrifice est la marque, bien-sûr, d’un amour paternel sans borne. Mais au-delà de ce simple amour, Kvoda esquisse aussi une vraie relation père-fils pleine d’affection et de confiance (un peu fusionnelle peut-être, mais dans une cellule familiale plus réduite, ce n’est pas rare). C’est parce que l’un compte sur l’autre et vice versa que l’intrigue se poursuit avec autant de fluidité malgré le revirement total de convictions morales : de foncièrement honnête, le Juge Alkobi est devenu un criminel en quelques minutes à peine.
Après tout, pour sauver la chair de votre chair, ne seriez-vous pas prêt à tout renier ?

Construite à la fois comme un thriller (pas haletant, mais thriller quand même) et comme une tragédie morale, Kvoda a vraiment beaucoup de force sur un plan thématique et dramatique. Avec un bémol toutefois : l’émotion est quand même bien absente de cet épisode introductif, qui se refuse à nous inquiéter vraiment pour Alkobi et/ou son fils quand bien même on le devrait sûrement. Peut-être que cela changera après le cliffhanger de fin d’épisode, mais en même temps, ai-je vraiment envie de m’inquiéter pour les personnages d’une série que je ne pourrais jamais finir ? C’est peut-être mieux comme ça, du coup.

[MAJ] Retrouvez également l’étude comparée de 3 adaptations de la série : Your Honor (Inde), Your Honor (USA) et Un homme d’honneur (France).

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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