Unmaking of a murderer

27 avril 2017 à 20:00

Le monde réclamait un héros, le voici. Trial & Error est le mockumentary qui prend à bras-le-corps la tendance récente des séries inspirées de faits réels, des docu-dramas, des documentaires, des podcasts d’investigation, et toutes les autres émissions de type « true crime« . En fait, rien que pour sa capacité à capter l’air du temps puis prendre l’initiative de dédramatiser ces reconstitutions souvent très solennelles, la comédie de NBC a du mérite ; elle prouve qu’on peut garder un œil sur ce qui marche ailleurs sans le copier bêtement.

Trial & Error suit donc les étapes qui précèdent le procès de Larry Henderson, un notable d’East Peck, en Caroline du Nord, soudainement accusé du meurtre de sa femme alors qu’il semblait mener une vie tranquille. Pour assurer sa défense, ce n’est nul autre que son riche beau-père qui engage le meilleur cabinet de New York (un choix géographique effectué pour des raisons antisémites…) ; ce n’est cependant qu’un avocat inexpérimenté qui est dépêché en Caroline du Nord, Josh Segal. La relative gaucherie et surtout la naïveté de Josh pourraient être des obstacles à la défense de Henderson, mais l’optimisme forcené du jeune avocat, et son bon cœur, le poussent à faire son possible pour son client, en dépit de conditions de travail suboptimales…

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C’est le mélange d’une méthode éprouvée (suivre une équipe de bras cassés mais ayant bon fond alors qu’ils s’attaquent à une importante mission) et du format mockumentary (autorisant alors la série à s’orienter vers le parodique) qui fait que Trial & Error fonctionne plutôt bien. Les personnages hauts en couleur sont toujours prêts à commettre une bourde hilarante (hey, la formule a fait quelques saisons à NBC sur Parks and Rec, après tout), mais si jamais les choses tombent un peu à plat, l’épisode peut toujours se rabattre sur ses références au tournage ou à la présence de cameras pour faire rebondir les choses (et donc tirer avantage de sa condition de mockumentary). Cette méthode assure à la série un plan B qui fonctionne plutôt bien, étant donné que le reste de ce premier épisode est, lui, plutôt inégal.

Cependant, Trial & Error court aussi le risque de verser dans les défauts de ses qualités, c’est-à-dire de n’exceller dans aucun type d’humour, puisqu’il y a toujours l’option de se reposer sur l’autre. Certains gags visuels, qui rappellent un peu ceux d’Angie Tribeca, sont ainsi vite balayés au profit de blagues plus conventionnelles. Les particularités des protagonistes deviennent alors l’occasion de retomber sur un humour moins recherché, à plus forte raison parce que ces références deviennent vite redondantes et sont sans véritable payoff. La plus irritante à mes yeux est la réceptionniste/assistante juridique/stagiaire Anne, qui n’existe que pour les étranges désordres psychologiques qui sont rabâchés à longueur d’épisode ; les rappels réguliers que Dwayne, l’enquêteur rattaché au jeune avocat Josh, est un redneck, sont à peine plus hilarants au bout de la deuxième fois.

Fort heureusement, ce premier épisode n’est, précisément, qu’un premier épisode, et une fois l’installation de ces personnages faite, la série pourra peut-être trouver un peu plus de finesse et de mordant par la suite. On peut espérer que la série affine ses griffes et écorche un peu plus soit ses personnages (c’est après tout le propre des productions true crime que de ne faire preuve d’aucune complaisance), soit son contexte (se moquer de lois locales absurdes, par exemple, est une vraie bonne idée de ce premier épisode ; j’ai aussi apprécié la pique contre l’industrie du tabac). Il serait aussi intéressant de voir comment les nombreux, très nombreux défauts de la fine équipe assurant la défense de Larry Henderson provoque des catastrophes, au lieu qu’elles interviennent ex machina à longueur d’épisode comme c’est le cas ici.

Vous l’aurez compris, au-delà de ce premier épisode, Trial & Error n’est pas sortie d’affaire, mais elle a du potentiel. Venant de quelqu’un qui a énormément de mal avec le mockumentary, ce n’est pas un petit compliment.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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