Drop dead, divas

8 juin 2017 à 15:37

Il y a encore des chaînes pour penser que produire une série s’adressant essentiellement à des femmes et mettant en scène essentiellement des femmes… doit essentiellement consister en des femmes se crêpant le chignon. Daytime Divas m’arrache un soupir de frustration parce qu’il aurait pu en être autrement, mais ce n’est pas encore aujourd’hui qu’on va révolutionner le monde de la télévision, en tous cas pas sur VH1.

Le principe, il est simple : imaginer un talk show quotidien fonctionnant sur le modèle du panel (type The View, The Talk ou The Real ; ici ça s’appelle The Lunch Hour), et en décrire les coulisses. A priori, l’envers du décor de tout divertissement donne déjà amplement de la matière à des scénaristes, mais Daytime Divas bénéficie d’un twist supplémentaire, puisque sa créatrice et présentatrice principale tombe dans le coma suite à une opération de chirurgie esthétique qui tourne mal, et que les autres membres de l’émission ne s’en déchirent que plus.

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S’adressant spécifiquement à des spectatrices familières des codes de cet univers (que ce soit par le biais de références indirectes et directes, voire de cameos), Daytime Divas se propose de montrer dans son premier épisode comment fonctionne une émission de daytime de ce type. Emission pour laquelle, je crois, nous n’avons pas d’équivalent en France ?
La formule est simple : les présentatrices du panel donnent leurs opinions, forcément contrastées, sur un sujet donné ; la raison de leur présence est précisément tout ce qui les différencie. Ainsi il y a forcément la grande gueule (Mo, une comédienne de stand-up), la mère de famille pieuse (Heather, mariée, deux enfants, et bientôt un livre lifestyle sur les présentoirs), la caution sérieuse (Nina, une journaliste qui a gagné un prix Pullitzer) et la jeune starlette au fait de ce qui est à la mode (Kibby, anciennement une enfant-actrice qui tente de reprendre pied après une descente aux Enfers spectaculaire). Elles sont dirigées par la véritable star de l’émission qui sert aussi de rédactrice en chef (Maxine, dont le fils Steve est le producteur de The Lunch Hour).

Pas très difficile de deviner ce qui peut attirer des scénaristes de fiction (Amy et Wendy Engelberg, dont c’est la première création). Le simple fait que ces personnages hauts en couleurs soit réunis devant des cameras uniquement dans le but de confronter leurs opinions est déjà, en soi, un ingrédient riche en conflits interpersonnels. Si l’on ajoute à cela le discours habituel des séries sur les coulisses des media, qui aiment à souligner la différence entre ce qui est montré au public et ce qui est réellement pensé une fois les cameras éteintes (…autrement dit : le discours sur l’hypocrisie inhérente à l’industrie du divertissement), forcément il y a matière.
Mais Daytime Divas part aussi du principe, et c’est plus gênant parce que c’est un cliché vieux comme le monde, que plusieurs femmes réunies dans une même pièce vont forcément toutes se mettre sur la gueule. Toutes différentes qu’elles soient, ces pimbêches ont toutes le point commun d’être forcément des arrivistes et des nombrilistes de la pire espèce.

Daytime Divas ne veut jouer que de cela, et c’est d’autant plus évident à la fin de son pilote, lorsque Maxine se réveille d’un coma de quelques jours, et découvre que ses co-présentatrices s’écharpent comme des hyènes sur le poste de présentatrice principale. Evidemment, parce qu’elle est une femme je suppose (parce qu’autrement, étant déjà en position de pouvoir, elle n’a pas vraiment besoin de pareille mise en scène), Maxine décide de maintenir le secret autour de son réveil. Ce, afin de manipuler l’émission discrètement, et mener la vie dure à ses harpies de co-présentatrices ! L’aide que pourra lui apporter Steve en produisant l’émission depuis l’hôpital sera précieuse pour continuer son petit jeu aussi longtemps qu’elle le désire (c’est-à-dire quelques épisodes, mais pas toute la saison, si l’on en croit le trailer de fin de pilote de Daytime Divas).
Ces petits jeux de pouvoir mesquins ont vocation à constituer l’essentiel des intrigues de Daytime Divas, qui ne se cache pas de proposer des personnages extrêmement simplistes, pour le moment incapables de dépasser la caricature. Les quelques éléments que l’on apprend de la vie privée des présentatrices (Mo couche avec un assistant, Heather a une fille trans de 5/6 ans, Nina n’arrive pas à concevoir d’enfant avec son mari et a une aventure avec Steve, Kibby replonge dans l’addiction après avoir revu sa mère) sont moins des façons d’approfondir les personnages, que de donner des munitions à court ou moyen terme à quiconque veut leur nuire. En coulisses de The Lunch Hour, tout le monde semble chercher de quoi faire du chantage à quelqu’un d’autre, à l’exception pour le moment de Kibby qui, considérant Maxine comme une figure maternelle, est d’une loyauté sans faille, et plus généralement tente de reprendre pied tant bien que mal.

Il n’est rien dans les promesse que fait Daytime Divas dans ce premier épisode qui ne relève du cliché sexiste, mais qu’importe. L’essentiel c’est que les spectatrices coutumières de The Real regardent le soir une série qui leur promet de braquer les projecteurs sur les coulisses de ce qu’elles ont vu l’après-midi, et ça, ça n’a pas de prix.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Mila dit :

    Argh. Bon eh bien tant pis hein. Je ressors déjà d’un drama qui avait l’air de penser qu’on ne peut pas mettre deux femmes dans une même pièce sans qu’elles deviennent mesquines, et CATFIGHT ! … donc j’ai eu ma dose, et je ne vais pas insister avec cette série.

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