Vos paupières sont lourdes

12 septembre 2017 à 21:37

Ca faisait un moment que je n’avais pas pris le temps de tenter une webserie, et quelle meilleure période pour s’en souvenir et tâcher d’y remédier que la rentrée ? Toutes.
Écoutez, je sais que mon timing pue, et qu’on aimerait tous discuter à bâtons rompus de trucs récents, parce que l’excitation de la rentrée nous y encourage. Mais vous me connaissez suffisamment pour savoir que je marche au coup de tête (et, quand c’est possible, au coup de cœur), et qu’il ne sert à rien d’attendre de moi que je me tienne au calendrier.

Alors aujourd’hui, laissez-moi vous parler du premier épisode d’Hypno, une webserie québecoise lancée au début de l’année par ICI Tout.tv, la plateforme en ligne de la télévision publique. Car c’est un étrange mélange que voilà : on y trouve des éléments fantastiques, du policier, et même un peu de romcom…

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Luc Potvin est doté d’un immense pouvoir : il est capable d’hypnotiser n’importe qui, suggérant les scénarios les plus fous à ses interlocuteurs. Ceux-ci sont alors convaincus de vivre réellement les événements tels que Luc les décrit ! Dans les faits ? Eh bien dans les faits, de telles capacités permettent tout juste à Luc de vivoter à grand’peine en donnant des spectacles qui n’ameutent pas foule. Bien que son pouvoir soit réel, il est sûrement un peu trop ringard.
Hypno commence toutefois sur une séance d’hypnose pas comme les autres : dans une supérette où il est de passage, Luc a hypnotisé un braqueur et, à l’aide de son seul pouvoir de suggestion, il est en train de le désarmer en attendant la police. Le résultat impressionne le policier Montpetit le chef de la police locale, à plus forte raison parce que l’intervention, totalement pacifique, a permis à la jolie caissière de la supérette d’avoir la vie sauve. Or, cette jeune caissière n’est autre qu’Amélie, la fille de Montpetit. Ce dernier encourage Luc à envisager d’utiliser son don pour faire des choses plus impressionnantes, et lui demande sa carte.

Quelques jours après, Luc n’y pense plus… jusqu’à ce que Montpetit le rappelle, et lui demande de venir l’aider sur une affaire : Amélie a totalement perdu la mémoire du jour au lendemain, dans des circonstances suspectes.

Bon, mettons les choses au point : Hypno est une webserie dont les épisodes tapent dans la dizaine de minutes environ, et ce premier épisode n’a pas le temps de faire bien plus que vous exposer ce que je viens de vous dire. L’intrigue, pour l’instant, est assez simpliste, et même si l’enquête ne se résout pas au premier coup d’œil, on ne peut pas dire qu’elle rive le spectateur à son fauteuil (ou son lit, ou son siège de bus, ou peu importe où les gens consomment leurs webseries de nos jours).
En revanche Hypno brille sur deux autres aspects, et non des moindres.

D’abord il y a un excellent travail sur le protagoniste : Luc est un personnage hésitant, maladroit, mais relativement assuré lorsqu’il s’agit d’hypnose, un art qu’il maîtrise. Ce mélange permet de n’avoir pas affaire, pour la 712e fois, à un héros passant son temps à jouer les idiots, tout en ne nous présentant pas non plus un personnage central trop zélé. Cet équilibre transpire dans les scènes, qui sont ainsi un peu maladroites, mais jamais au point de navrer le spectateur ou de susciter chez lui une bouffée de secondhand embarrassment.
Et surtout, il y a l’hypnose elle-même, que ce premier épisode va s’ingénier à montrer en détail pendant pas moins de trois séances différentes (le braqueur, un spectateur venu voir Luc sur scène, et finalement Amélie). Parce que ces séquences collent parfaitement à la personnalité de Luc, à son mélange d’assurance et de gaucherie, Hypno trouve un ton qui est sublimé pendant ces scènes.

Sublimé, parce qu’il faut aussi préciser que la réalisation est très, très soignée. Les séquences d’hypnose, en particulier, montrent combien des trésors d’imagination et d’astuce visuelle ont été déployés pour donner au pouvoir de Luc toute sa crédibilité ; il ne fait aucun doute que ce don est réel, et maîtrisé.
L’hypnose d’Amélie, en particulier, revêt même quelque chose de poétique, mêlant à la suggestion de l’hypnotiseur quelque chose d’onirique, une vraie entrée dans l’inconscient.
Lorsque Hypno en arrive à cette scène, tout le reste a été installé, mais c’est à ce moment du premier épisode qu’on comprend qu’il ne s’agit pas d’une dramédie comme les autres. Son mélange des genres, grâce à son ton maîtrisé, son personnage bien cerné, et ses démonstrations visuelles d’un imaginaire riche, sont une preuve supplémentaire si besoin était (moi j’étais déjà convaincue, mais ça ne fait pas de mal d’en remettre une couche) qu’il est possible de faire une excellente fiction en une dizaine de minutes… quitte à donner envie de voir les épisodes suivants si ça paraît trop court. En tous cas, sur la forme comme sur le fond, Hypno réussit son pari, et moi, je sais ce que je fais ce soir. Par contre, si j’oublie de vous en reparler, vous saurez pourquoi.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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