Plan retraite

20 décembre 2019 à 20:39

Je faisais du tri dans ma telephage-o-thèque, quand je suis tombée sur un pilote de série suédoise que je n’avais jamais pris la peine de regarder, et forcément, moins encore de reviewer. Un pilote ! Suédois ! Avec Lotta Tejle ! Du grand délire. Donc on va corriger ça vite fait.
Mais le plus fou dans l’histoire, c’est qu’Enkelstöten est exactement la série que sans le savoir je voulais regarder en ce moment. Et pas juste parce que ça se déroule juste avant les fêtes de fin d’année. Cette comédie suédoise s’intéresse à Cecilia et Jenny, deux femmes âgées, qui décident de se lancer dans un braquage de banque pour améliorer leur situation financière. Il s’agit d’un remake d’une série des années 80, Dubbelstötarna, où les rôles principaux étaient incarnés par deux hommes.

L’idée ne vient pas d’elles, mais de Stellan, un patient de Cecilia. Son cancer en phase terminale est désormais devenu impossible à combattre avec la chimio, et Cecilia doit lui annoncer qu’il n’a plus que quelques jours à vivre. On est début décembre et il n’ira sans doute pas jusqu’à Jul… mais ce n’est pas Jul qui le préoccupe. Il veut savoir s’il sera toujours en vie le 16 décembre.
Pourquoi le 16 décembre ? Parce que c’est le jour qu’il avait prévu pour attaquer une banque pour voler entre 8 et 9 millions de kronas ! Il avait un plan en béton armé, qu’il propose à Cecilia sur son lit d’hôpital, parce que d’après lui 95% des braqueurs se font coffrer parce qu’ils sont déjà connus des services de police. Mais Cecilia est totalement insoupçonnable, avec ses airs de grand’mère ! Par contre, elle aura besoin de quelqu’un de confiance avec qui organiser ce casse.

Il s’avère que Cecilia, bien qu’ayant une profession très confortable, est dans une situation qui l’est moins : elle avait investi toutes ses économies en bourse pour acheter une maison en Provence. Son mari Jan ne cesse d’en parler pour être honnête, elle en rêvait aussi. Mais un crash boursier à Shanghai a ruiné le couple et Cecilia n’a pas osé en parler. Elle cherche une solution et la proposition de Stellan tombe pour le moins à point nommé.
Comparativement, la vie de Jenny est plus compliquée. Cette prof de math proche de la retraite est en pleine procédure de divorce avec son mari, Gunnar, qu’elle a trompé avec un collègue prof de chimie. Gunnar essaie donc, de façon assez passive-agressive il faut le dire, de le lui faire payer ; il ne l’a donc pas simplement mise dehors, mais aussi déterré un vieux contrat de mariage qui implique que chacun repart avec ce qu’il avait avant le mariage. Elle qui a passé tant de temps à s’occuper des enfants, a toujours eu une carrière modeste et s’est occupée de la maison, n’a donc droit à rien. Elle est également trop proche de la retraite pour avoir droit à un prêt et ainsi acheter un logement, ce qui l’angoisse d’autant plus qu’elle voudrait vivre avec Harriet, leur fille de 16 ans. Désespérée, elle est cependant réticente à l’idée de se lancer dans un braquage, mais étant donné qu’elle est aussi un peu prise à la gorge…

Enkelstöten est définitivement une comédie, il n’y a aucun doute là-dessus. Mais son utilisation de thèmes comme le déséquilibre entre les retraites des hommes et celle des femmes, les écarts de salaire tout au long de la carrière, et dans une moindre mesure les aléas boursiers alors que les banques battent tous les records de profit, font que son discours touche dans le mille.

J’ai été surprise par la rapidité avec laquelle les deux femmes commencent à s’organiser dés ce premier épisode. La série ne joue d’ailleurs pas tellement sur les stéréotypes éculés sur les personnes âgées, et montre plutôt un braquage DIY qu’autre chose. Comme Cecilia le dit : à elles deux, elles ont presque 10 ans d’études, elles ont la capacité à monter une opération. Outre le plan de Stellan (qui leur est présenté comme parfait mais qui, on s’en aperçoit déjà, a aussi quelques trous), elles vont mettre en place toutes sortes d’idées pour parvenir à leurs fins. Ces femmes font le boulot, laissez-moi vous le dire.
Ça ne signifie pas, naturellement, que tout va bien se passer (sinon il n’y a pas de série !). La scène d’introduction, qui en réalité se déroule le 16 décembre, nous laisse penser qu’effectivement les choses ne vont pas se passer comme prévu. Reste que Cecilia et Jenny sont vraiment à fond dedans, et c’est aussi ça qui donne tout son sel à Enkelstöten !

Bon, évidemment, même si elles réussissent ce coup, ces 8 ou 9 millions ne changeront que la vie de Cecilia et Jenny. Alors pour ce qui concerne le capitalisme, les inégalités de salaire et la question des retraites, il vaut mieux ne pas trop compter sur un braquage providentiel.

EDIT : on me dit dans l’oreillette que la série a été diffusée plus tôt cette année par arte.

par

, , , ,

Pin It

Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. Mila ♥ dit :

    Je suis désolée de ne pas avoir beaucoup commenté ces derniers temps. Je lis tout (lentement, parfois, donc il me reste un ou deux articles à découvrir) mais simplement je ne sais pas toujours quoi dire… mais je lis, et avec plaisir 🙂

  2. Tiadeets dit :

    Décidément il faut que j’aille faire des tours sur SVTPlay plus souvent !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.