Honor among thieves

26 septembre 2021 à 22:32

C’est toujours quand on s’y attend le moins qu’on tombe sur une série intéressante. Tenez, un exemple pris au hasard : cette semaine, je fais du tri dans mes dossiers de séries, et je tombe sur le premier épisode de Los Internacionales, une série argentine que j’avais… récupérée il y a plusieurs mois. Tout d’un coup je me dis : « tiens, c’est vrai que finalement je ne l’ai jamais regardé, celui-là ». C’est comme ça que les ennuis commencent, et pourtant me voilà à regarder une série argentine alors qu’on est en pleine rentrée US et que la prochaine rentrée japonaise arrive à grands pas. Du suicide, quoi.
Résultat ? Bah résultat je vous parle du premier épisode pendant que je… récupère la suite, parce qu’en fait, ça m’a plu. Bon sang, je n’apprendrai jamais.

Los Internacionales est un crime drama a la particularité d’être une série historique : l’action se déroule en 2002 (…oui je sais, c’est dur à avaler pour certaines d’entre nous, mais 2002 c’était il y a presque 20 ans, ça en fait une série historique), et il y a même de nombreux flashbacks remontant à 1991 dans ce premier épisode. « Los Internacionales » est le nom que se donne un groupe de voleuses basées en Colombie, mais qui peuvent frapper dans n’importe quel pays. Dans les années 90, ce groupe est constitué de 3 membres : Dimi, Fausto et Marina.
Cinq règles essentielles leur permettent de travailler ensemble depuis des années :
1 – Personne n’est au-dessus de personne. Le butin est divisé équitablement. Toujours. Pas d’exception.
2 – On n’utilise jamais d’armes pour voler. On utilise notre cervelle, notre malice et notre rapidité d’esprit. Sans compter que, si les flics nous attrapent avec des flingues, la peine est plus lourde.
3 – Quoi qu’il arrive, on garde la part d’une camarade pour son retour.
4 – Si une camarade meurt ou finit en prison, on s’assure qu’elle ait ce qu’il faut. Elle et sa famille.
5 – La femme d’une camarade est encore plus interdite que votre propre femme.

…Evidemment sur le papier ces règles sont très bien, mais quand l’intrigue de Los Internacionales démarre, plusieurs d’entre elles ont déjà été bafouées.
En 2002, Fausto sort en effet de prison après une condamnation pour le meurtre d’un flic, un soir de 1991. Pire encore, jusqu’à ces événements tragiques, il fréquentait la fille de celui-ci, Maria Fernanda dite « Mafe »… qui était elle-même dans une relation avec Dimi. Mais le plus dramatique dans la façon dont les événements ont tourné, c’est que Dimi a été tué ce soir-là par un collègue de ce flic.
Une fois sorti de prison, Fausto retourne auprès de Marina, qui a passé la dernière décennie seule et a complètement mis à l’arrêt sa vie criminelle. Après avoir récupéré sa part, qui comme de droit lui a été mise de côté pendant toutes ces années, notre homme vit un moment de flottement, pas vraiment capable d’y voir clair dans ce qui l’attend.

C’est à ce moment-là que Walter, le fils de Dimi, qui n’avait qu’une douzaine d’années au moment des faits en 1991, vient le supplier de le prendre, lui et ses 3 comparses (dont sa petite amie Jennifer), comme apprenties pour qu’elles deviennent à leur tour des Internacionales. Au début réticent, Fausto change d’avis avant la fin du premier épisode, lorsqu’il découvre l’ampleur de la crise de 2001 en Argentine… et l’opportunité que cela représente pour quelqu’un comme lui. Marina ayant raccroché les gants, les petites jeunes sont les complices les plus logiques à embarquer dans son plan.
Pendant ce temps-là, en Argentine, alors que les manifestations se succèdent, une avocate brillante du nom de Marta Costas se distingue dans une affaire qui lui permet, à défaut d’obtenir l’assentiment du grand public, de se distinguer auprès de ses paires. Eprise moins de justice que de victoires personnelles, son chemin s’apprête à croiser celui des Internacionales.

La série est apparemment adaptée de faits réels, bien que j’ignore dans quelle mesure parce que mon espagnol se limite aux mots transparents. En tout cas, la crise argentine, elle, est sans nul doute réelle, et c’est intéressant de voir une fiction de heist s’intéresser à un sujet socio-politique comme celui-là. En fait, s’il y a bien un ingrédient récurrent dans la fiction mettant en scène des vols et autres casses du siècle (quel que soit le siècle), c’est qu’on est très souvent dans le registre de l’escapisme ! Mais ici c’est tout le contraire, et la série argentine Los Internacionales prend le parti assez rapidement d’insinuer que le crime n’est pas du côté que l’on pense. Ou pas uniquement. Il faudra bien-sûr voir les épisodes suivants pour en avoir la confirmation. Dirigées par un code de l’honneur strict (d’autant plus strict qu’elles ont vu ce qui s’est produit la dernière fois qu’il a été ignoré), les voleuses colombiennes de Los Internacionales s’apprêtent à prendre la direction de l’Argentine pour y vivre quelque chose qui est bien plus qu’une opportunité.
Fausto, Walter, Jennifer et les autres vont, ça fait partie du jeu, essayer d’éviter le tomber dans les mailles de la Justice (ou plutôt entre les griffes de Costas, qui est techniquement du côté de la loi mais s’intéresse clairement peu à la moralité), mais elles ont aussi des choses à régler. D’ailleurs clairement, Fausto n’est pas seulement rongé par la culpabilité, il nourrit encore de la nostalgie pour Mafe, voire plus, qui est la seconde personne qu’il tente de contacter à sa sortie de prison. Je doute qu’il s’arrête là.
Et d’ailleurs, il est particulièrement appréciable que Los Internacionales ne néglige pas son aspect dramatique. C’est même beaucoup plus important que le vol, comme le soulignent bien les règles qui dirigent la vie en groupe. Ce code de l’honneur, instauré plus d’une décennie plus tôt, a cédé aux réalités des pulsions humaines une fois… quelles sont les chances que cela ne se reproduise pas avec cette nouvelle équipe ?

Faibles. Très faibles. Mais je vais quand même aller vérifier par moi-même. D’ailleurs, la série ne dure que 8 épisodes donc franchement, c’est pas non plus la fin du monde. C’est juste que le timing pour tomber sous son charme, alors qu’elle dort dans mes archives depuis des mois, n’est pas idéal. M’enfin, si on pouvait programmer précisément les coups de cœur, où serait l’intérêt ?


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. Tiadeets dit :

     » mais 2002 c’était il y a presque 20 ans, ça en fait une série historique » – It’s a no from me.
    C’est toujours passionnant de voir les séries sud-américaines traiter de ce genre de sujet. Les situations sont différentes et ce ne sont pas les seuls pays à le faire, mais ça me rappelle le traitement de sujets de société dans les k-dramas (peut-être ai-je aussi un bien du fait que je regarde beaucoup plus de dramas ces derniers temps.
    (Je n’avais pas réalisé que je n’étais pas venue depuis 6 mois, oups.)
    « M’enfin, si on pouvait programmer précisément les coups de cœur, où serait l’intérêt ? » On est bien d’accord (cela dit, on peut parfois repousser l’inévitable, j’ai repoussé mon visionnage de The Untamed d’un an parce que je savais que j’allais faire une hyperfixation dessus (et j’ai bien eu raison)).

    • ladyteruki dit :

      C’est certain que le timing est important pour apprécier pleinement une série, et du coup c’est important de trouver le bon moment pour certaines séries en particulier. Pour autant, quand ça se produit par hasard, l’effet est aussi déstabilisant qu’au premier jour !

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