In nomine filou

19 février 2022 à 20:16

Etant tombée, par le plus grand des hasards, sur les épisodes de la première saison de Sankt Maik, j’étais bien partie pour vous en toucher deux mots de cette dramédie allemande. La série date de 2018, ce qui ne nous rajeunit pas, mais elle a apparemment été acquise par Walter Presents assez récemment. De toute façon, toute occasion de parler d’une série allemande non-policière est une bonne occasion à mes yeux. Sauf que Sankt Maik n’est pas sans rappeler une autre série, américaine celle-là, que je évoquais déjà dans un fun fact il y a plusieurs années : Impastor. En fait les ressemblances sont tellement confondantes, que je suis surprise de ne trouver aucune trace d’un procès pour contrefaçon, même avorté.
Or, à l’époque de son lancement, je n’avais pas écrit de review du pilote d’Impastor (enfin, si, j’ai un brouillon avec une intro d’une ligne et demie, tu parles…). Du coup, avant de parler de Sankt Maik, remettons-nous en jambes avec un aperçu de ce dont il s’agissait.

Impastor est une comédie en single camera de TV Land (pourtant pas spécialement connue, pendant sa brève incursion dans le monde de la fiction originale, pour ses séries en single camera) qui s’intéresse à un criminel du nom de Buddy Dobbs qui s’est endetté jusqu’au coup. Lorsqu’un criminel et son bras droit le menacent physiquement, il décide de prendre la route avec sa petite amie Leeane… qui refuse et le plaque, fatiguée de cette vie de crime. C’est la goutte qui fait déborder le vase : Buddy décide de se jeter du haut d’un pont. Mais alors qu’il est sur le point de sauter, un inconnu s’arrête et tente de l’en dissuader. Sauf qu’en essayant de le convaincre de sa bonne foi, l’homme glisse et tombe du pont vers une mort certaine, ce qui coupe toute envie à Buddy de se jeter à son tour. Il se réfugie dans le véhicule de l’inconnu et, sur la base de leur conversation (l’homme était sur le point de se rendre à son nouvel emploi), décide d’usurper son identité. Il se rend donc à Ladner, une petite ville de l’Oregon où il a appris que le défunt se rendait, et y découvre… que sa nouvelle identité est celle d’un prêtre gay.

Avec sa durée d’à peine plus d’une vingtaine de minutes, Impastor n’a pas le temps dans ce premier épisode d’entrer dans beaucoup de détails. Hors se dettes apparemment astronomiques et la relation avec Leeane, on ne sait pas grand’chose de lui à part qu’il est un criminel loin d’être repenti. D’ailleurs la première chose à laquelle il pense, c’est comment récupérer l’argent qui dort sur le compte en banque de l’homme dont il emprunte l’identité, histoire de se remplir les poches et quitter Ladner au plus vite.
Les couleurs vives, les décors assez cossus (Ladner est apparemment une petite ville un peu paumée mais le niveau de vie y a l’air très élevé), la galerie de personnages de la série, ne laissent aucune ambiguïté quant au fait qu’on est devant une comédie qui est surtout là pour rester légère. Les deux « cas » que Buddy va résoudre dans ce premier épisode (un conflit marital, et la supplique d’une mère désemparée face à son ado de fils) lui sont imposés, et sont réglés de façon très superficielle. Impastor n’a ni le temps ni l’envie de pousser son personnage, pas plus que son concept, très loin.

Dans Sankt Maik, l’histoire commence plus ou moins de la même façon, en tout cas dans les grandes lignes. Arrêtez-moi si vous l’avez déjà entendue : Maik Schäfer est un escroc à la petite semaine qui, lorsque la série démarre, a trouvé un plan plutôt original ! Il se fait passer pour un contrôleur de train et peut ainsi faire les poches de passagers sans attirer l’attention. Du moins le croit-il… en réalité, il n’est pas aussi discret qu’il le droit. Dans le train qu’il essaie de détrousser, les objets manquants sont vite remarqués et bientôt une foule en colère se met à sa recherche. Abrité dans un wagon de première classe, Maik y découvre qu’un des passagers, un curé, vient de décéder de mort semble-t-il naturelle, et décide de voler son uniforme pour s’échapper incognito. Sauf qu’en prenant la fille de l’air au premier arrêt venu, il est promptement identifié comme étant le nouvel homme d’Eglise à rejoindre le petit village de Läuterberg ! Eh oui, le curé qui est mort dans le train s’y rendait précisément pour prendre ses fonctions dans le village.
Maik pense ne pas rester, et envisage de voler l’ostensoir en or massif pour le revendre et éponger ses dettes. Cependant, il réalise bientôt, par le biais de son ami Kevin resté à Berlin, qu’il est dans son intérêt de rester discret pendant un moment, car des truands sont clairement à sa recherche.
Sauf que la seule policière de Läuterberg (pour laquelle il a d’ailleurs le béguin) travaille sur l’affaire du train…

L’avantage principal de Sankt Maik dans ce petit exercice de comparaison, c’est que ses épisodes sont plus longs. Parfois c’est aussi simple que cela. Cela force la série à faire un peu plus que délivrer quelques blagues ou jouer sur les quiproquos, et pousse les intrigues à inclure un petit quelque chose de plus. Et ça marche ! Ce premier épisode comporte, certes, son lot incontournable de scènes avec un cureton qui jure, ou de paroissiennes lui faisant les yeux doux (toutes choses qu’on trouvait dans Impastor, sauf qu’ici on ne la joue pas Three’s company et Maik n’a pas besoin de se faire passer pour gay par-dessus le marché), sans parler de l’exposition nécessaire pour poser les bases de l’intrigue.

Toutefois, cette introduction de Sankt Maik affirme aussi que son ton n’est pas purement celui de la comédie : il y a une vraie tendresse qui s’en dégage. Dans cet épisode, et à son corps défendant, Maik se prend d’affection pour Tim, un petit garçon qui lui rappelle beaucoup l’enfant qu’il a lui-même été : il a grandi trop vite, il se sent responsable de sa mère, et il ne recule jamais devant une bonne combine si ça peut arranger ses affaires. La série n’insiste que très peu sur cette ressemblance (au moins pour le moment ?), restant légère sur les parallèles sans les ignorer, mais s’en sert surtout pour montrer à Maik que, même s’il n’est pas un vrai religieux, il peut, et va, s’intéresser au sort de ses ouailles. C’est une différence fondamentale avec Impastor, dans le premier épisode de laquelle les requêtes de sa paroisse lui tombent dessus bien malgré lui ; ici, Maik s’implique, d’abord parce que ses intérêts sont engagés, mais rapidement, parce qu’il ressent quelque chose. Et du coup, nous aussi.
De toute évidence, les méthodes de notre homme sont peu conventionnelles, mais il est évident qu’il prend à cœur de venir en aide à ce garçon qui le touche (…non, pas comme ça ! Maik n’est pas un vrai curé on a dit), et à travers lui, sa mère qui a bien besoin d’aide. Et que ces bonnes actions vont, à la fin de l’épisode, faire un peu boule de neige, améliorant encore la vie d’une troisième paroissienne. Et peut-être aussi la vie de Maik lui-même, parce que, comme nous l’apprenons à travers quelques flashbacks de cet épisode, lui aussi a besoin de tendresse…

Au vu de ce seul épisode, je ne saurais dire si cela annonce un format semi-procédural pour Sankt Maik ; Läuterberg n’est pas une large bourgade, et je doute qu’il y ait des problèmes à résoudre pour un personnage différent chaque semaine, mais après tout je peux me tromper. En tout cas, que Tim et sa mère soient amenés à être récurrentes, ou pas, les faits sont là : la série pousse son héros dans une direction plus émouvante qu’Impastor. Le choix de situer la série dans un village de campagne participe également à cette ambiance (soulignée par les couleurs un peu vieillottes de la série), qui incite à plus d’intimisme et de réalisme émotionnel, aussi. Sankt Maik ne veut pas que faire rire, elle veut avoir l’air, autant que possible vu son sujet, authentique.

Est-ce que j’ai envie de finir la saison de Sankt Maik ? Dans un monde où je n’ai rien d’autre à voir, sûrement ; en tout cas plus que pour Impastor dont j’ai dû regarder, deux, peut-être trois épisodes maximum à l’époque, avant d’oublier de me mettre devant la suite (et revisionner le pilote au nom de la review ici présente ne me motive pas plus).
En soi, ni l’une ni l’autre ne sont absolument indispensables, mais si vous cherchez à passer un bon moment, amusant mais touchant, c’est clair que j’en recommande une plus que l’autre.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. Tiadeets dit :

    Effectivement la ressemblance entre les deux est assez troublante.

    • ladyteruki dit :

      Bon après il n’est pas interdit de s’inspirer d’une série existante, du moment qu’on ne copie pas le format à l’identique ; et puis c’est pas TV Land qui va intenter un procès à un diffuseur allemand (je pense même pas que TV Land sache qu’il y a des séries allemandes 😛 ), mais… ouais, franchement, on est au-delà de la coïncidence !

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