Services d’urgence

2 juin 2022 à 23:58

Ce n’est pas souvent que je tombe sur une série médicale scandinave, alors croyez-moi que, lorsque le premier épisode d’Åreakuten (« urgences d’Åre ») m’est passé devant la souris. A l’origine, cette fiction suédoise est arrivée sur la plateforme Viaplay en 2020, mais il s’avère que je n’avais jamais pu mettre la main dessus jusque là, donc on est parties pour une review de son premier épisode.
Åreakuten a l’originalité supplémentaire d’être une série médicale d’urgence, un sous-genre qui vient avec ses propres codes et impératifs… généralement forgés sur d’autres continents.

Lovée dans les montagnes dans le centre de la Suède, Åre est une municipalité qui vit en grande partie de l’activité hivernale, notamment de ses pistes de ski. Åreakuten démarre toutefois pendant la basse saison, ce qui, nous assure-t-on, ne signifie absolument pas qu’il ne s’y produit pas d’accidents. Un centre médical sert de centre névralgique aux opérations de tous les services d’urgence du coin, où sont adressés les cas les moins graves ; les autres sont emmenés en hélicoptère à une centaine de kilomètres de là (seulement 20 minutes par les airs). Cela seul nous annonce la couleur : on ne va pas beaucoup voir d’urgences impressionnantes, ou jamais très longtemps. L’essentiel de l’intrigue tourne autour du personnel médical lui-même (ambulancières, infirmières, docteures…) avec, dans des rôles secondaires, des pompiers, une agente de police, ou encore un secouriste cynophile. Vu le décor, vous vous doutez donc bien que c’est pas trop Third Watch, ici, et que les cas sont à l’avenant : on n’est pas du tout dans un environnement urbain, et il y a plus d’arbres que de gens dans les environs. Aussi, l’essentiel des interventions concerne des fractures et autres accidents du même genre.

Le centre médical est co-administré par Lennart et son épouse Kerstin ; elles ont bien besoin de renfort, et viennent donc d’embaucher une nouvelle docteure, Zara. Avant même son arrivée, toutefois, son recrutement fait débat : Kerstin a un a priori envers la jeune femme, que le couple connaissait il y a environ 20 ans, mais qui a, semble-t-il, été recrutée sans avoir été reçue dans les locaux du centre médical.
Au fur et à mesure de cet épisode introductif, on nous donnera quelques menus détails de cette situation : Zara était la fille d’une famille hébergée dans un foyer non loin de là pendant quelques mois. Elle s’est prise d’affection pour Lennart et est devenue docteure en médecine sur ses pas, mais visiblement pour Kerstin ce n’est pas suffisant, et celle-ci aurait voulu quelqu’un de plus expérimenté. Bon, on va dire qu’on la prend au mot, sans remarquer que Zara est absolument la seule personne de couleur de tout cet épisode, ou que son histoire de foyer temporaire avant d’être relocalisée à Stockholm sent vraiment le parcours de réfugiée ; disons donc que Kerstin n’en a qu’après l’expérience. Elle est en tout cas très mécontente de cette embauche, malgré les propos qui se veulent rassurants de la part de Lennart.
C’est donc le premier jour de Zara et, hormis la froideur de Kerstin, elle a un plutôt bon accueil. On lui présente plusieurs membres de l’équipe (le chef des infirmières Björn, le médecin Yousef, etc.), avant qu’elle ne parte en intervention avec l’ambulancière Sofia. Une intervention de routine, s’il en est, puisqu’il s’agit de secourir une jeune femme qui faisait du parapente et qui a fait une chute au beau milieu de la forêt de pins. Ni une ni deux, Åreakuten s’oriente un peu plus vers de l’action, nous montre l’intervention, les différentes unités présentes sur les lieux, nous laisse assister aux premiers soins avant que la parapentiste malchanceuse soit évacuée en hélicoptère. Une affaire rondement menée, qui sert à introduire quelques personnages secondaires de plus, ainsi qu’à nous donner une idée de ce à quoi il faut s’attendre.

Si je devais dresser un parallèle avec d’autres séries, je dirais qu’on est dans le voisinage directe des très, très nombreuses séries d’intervention d’urgence qui jalonnent les écrans australiens depuis environ les années 90 : il y a un peu d’action, et surtout beaucoup de scènes en intérieur où ça discute un peu plus parce que, ma foi, vous avez vu le prix d’une scène d’hélicoptère de nos jours ? D’ailleurs visuellement c’est très intéressant parce que les scènes extérieures d’Åreakuten (a fortiori parce qu’elles se déroulent en été) sont pleines de couleurs vives et de nature ; tandis que le centre médical n’est que couleurs pastels et couloirs à perte de vue. Un intéressant contraste !

Là où je ne sais pas trop ce qui attend Åreakuten, c’est que cet épisode introductif prend une tournure plus sombre : en se rendant à une réunion budgétaire, le véhicule de Lennart est percuté par une mystérieuse voiture, et après un tonneau, finit dans le bas-côté. Au risque de vous spoiler, ce pauvre Lennart, bien que secouru aussi vite que possible par une équipe encore plus attentive qu’à l’ordinaire, refuse d’être envoyé à l’hôpital, et finit par faire un malaise cardiaque au centre médical. Je ne sais pas trop dans quelle mesure il s’agit là d’un prétexte ; de toute évidence, Åreakuten veut se débarrasser du vieux médecin comme tampon entre Kerstin et Zara, c’est assez transparent. En revanche je ne comprends pas trop pourquoi la série veut en faire un fil rouge car, grosso-modo, tout a été dit (…sauf à confirmer que Kerstin est un peu raciste sur les bords). Mais surtout je ne sais pas si la série a l’ambition de se demander un peu d’où venait le conducteur de la voiture qui a percuté Lennart, ou quoi que ce soit dans ce style.
Si je pose la question, ce n’est pas seulement parce que j’ai (hélas) tendance à me la poser un peu trop souvent en regardant le premier épisode d’une série, cherchant à deviner à quelle sauce la suite va nous manger. C’est aussi parce que, pour être honnête, ces trois quarts d’heures sont un peu pauvres en contenu (ou trop subtils pour moi, qui sait). Hors des scènes d’action, on reste en surface des relations interpersonnelles, qui, en toute logique, pourraient former une grande partie des épisodes. La perspective de Zara est assez absente (elle sert essentiellement de cheval de Troie narratif, mais on s’intéresse assez peu à sa personnalité et moins encore à son histoire personnelle). On a bien quelques indices çà et là d’intrigues secondaires (le secouriste cynophile en pince de toute évidence pour l’agente de police, par exemple), mais on ne peut même pas parler de contenu soapesque tant c’est traité de façon accessoire. C’est pas comme ça qu’Åreakuten va meubler ses épisodes…

…En un sens, c’est ça qui est fascinant. Parce que justement, les séries de ce genre que j’ai pu voir par le passé venaient d’autres continents. Mais rien n’oblige une série scandinave, quand bien même elle arrive des décennies après tout le monde, à en suivre les codes. Åreakuten peut très bien décider d’être autre chose ; même si ce premier épisode ne clarifie pas encore ce que cet autre chose peut être. Rien ne l’empêche d’innover si elle le veut vraiment… maintenant, la question, c’est : cette volonté est-elle présente ? Je vais essayer de faire main basse sur l’épisode suivant et m’en assurer par moi-même.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

4 commentaires

  1. Tiadeets dit :

    Taggue-moi si la suite est bien, je suis toujours à la recherche de séries suédoises qui sortent des trucs glauques ou triste ou policiers (ou tout ça à la fois).

    • ladyteruki dit :

      Will do 🙂 Moi-même j’ai complètement arrêté tous ces polars sur une enquêtrice qui revient dans sa ville natale suite à la découverte d’un cadavre… à un moment ça va bien.

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