Le long du grand Pacifique

25 décembre 2022 à 23:58

Plus tôt cette année, j’ai flirté avec l’idée de peut-être regarder une saison (et plus si affinités ?) d’un primetime soap américain des années 70 ou 80. Il faut dire que j’ai dans ma timeline, sur Twitter, quelques ambassadeurs de cette cause très dédiés, qui parlent encore, dés lors que l’opportunité s’en présente, de ces séries qui pourtant ne font plus les gros titres (et à l’encontre de toute idée reçue, le masculin est ici nécessaire). Du coup, leur influence et une longue conversation nocturne en particulier, m’en avait donné l’idée, qui s’appuyait en outre sur une méconnaissance assez large de ces séries ; sur le papier, oui, en pratique, je n’en ai pas vu grand’chose. Cela me semblait être une lacune importante à combler.

Résultat, avec mon hiatus de cette année, je n’ai eu le temps que de regarder des pilotes, hélas. Parlons donc de l’un d’entre eux, Knots Landing (diffusé en France sous le titre de Côte Ouest), spin-off de Dallas lancé en 1979 soit près d’un an et demi après la série-mère.

Les chances que je regarde ce pilote étaient pourtant très peu élevées. Je n’ai pas pour habitude de regarder le spin-off d’une série sans être à jour sur celle qui lui a donné naissance, et je n’ai jamais vu la totalité de la première saison de Dallas… Un peu de lecture s’imposait donc, mais à ma grande surprise, le premier épisode de Knots Landing n’hésite pas à procéder à un rappel.
Gary et Valene forment un couple marié heureux… mais ça n’a pas toujours été le cas. Elles n’étaient que des adolescentes lorsqu’elles se sont rencontrées, se sont mariées, ont eu une petite fille (Lucy Ewing), et ont été séparées, en grande partie à cause des Ewing. Tout cela appartient au passé, toutefois : Gary et Val ont pu se retrouver, se marier, et rêver à une vie ensemble à nouveau. Pour cela, le couple prend un nouveau départ, quittant le Texas pour la Californie ; dans ce premier épisode, les voilà à emménager dans une maison qui a été achetée (et meublée) par Ellie Ewing, logée dans un cul-de-sac d’une banlieue cossue. L’opportunité pour la série de s’intéresser aussi aux maisons du voisinage, Knots Landing étant un ensemble drama assez large.

En fait, ce premier épisode va assez peu montrer les Ewing, au final. C’est dans la maison voisine, celle des Fairgate, que se déroule l’essentiel de l’intrigue. Annie, la fille de 18 ans de Sid (issue d’un premier mariage), est venue passer quinze jours en Californie, mais elle ne s’entend pas avec sa belle-mère Karen, qui il faut le dire est la seule à tenter de lui poser des limites. Annie est en effet incontrôlable, sexuellement active (…y compris dans le lit de Sid et Karen), et aggressive à la moindre occasion ; le premier épisode de Knots Landing tourne un peu à l’afterschool special, nous donnant l’occasion de comprendre que ce comportement est en fait la manifestation d’une crise intérieure, et incitant Annie à rester à Knots Landing pour la résoudre. De façon plus secondaire, deux autres foyers nous sont également présentés : les Avery et les Ward. Leur apparition est pour le moment totalement secondaire dans le cas des Avery (Richard Avery agissant comme une sorte de comic relief) ou accessoire à l’intrigue d’Annie dans le cas des Ward (la jeune fille a apparemment couché avec Kenny quelques jours plus tôt et Ginger n’en a aucune idée… pour le moment ?).
Dans tout cela, l’attitude de Gary et Val vis-à-vis de leur arrivée en Californie est assez peu examinée. Pas absente, mais clairement ces deux personnages ne sont pas le focus de cet épisode. Gary, qui cherche un boulot (…personne ne présume un instant que ce sera le cas de Valene dans cette banlieue friquée des années 70), et qui veut absolument utiliser ce changement de décor pour un nouveau départ, manifeste un peu d’optimisme. Val, en revanche, s’avère craintive ; le chaos de la maison des Fairgate lui donne un « mauvais sentiment » quant à la totalité du quartier, et elle hésite même à rester dans le cul-de-sac (il lui en faut peu). Cela ne l’empêchera cependant pas, parce qu’elle a bon cœur, de se préoccuper du sort d’Annie et même de lui donner un coup de main vers la fin de l’épisode.

Je ne sais pas pourquoi je m’attendais à ce que cet épisode introductif s’intéresse de façon un peu plus égale à toutes les maisons du quartier. Honnêtement je blâme mon visionnage du premier épisode de Neighboursil y a quelques mois, qui avec une situation similaire offrait un traitement plus équilibré (petit aparté : saviez-vous que Neighbours a été sauvée de l’annulation ?). Si j’avais regardé le premier épisode de Knots Landing dés que j’en ai évoqué l’idée, au printemps, ma réaction aurait sûrement été différente, par exemple j’aurais imaginé que l’épisode se concentre uniquement sur Gary et Val… ce qui aurait également été erroné.
Toutefois ce n’est pas une mauvaise idée, ce que fait Knots Landing ici : plutôt que de nous laisser nous accrocher aux Ewing comme une moule à son rocher, cette mise en place du spin-off nous invite à nous intéresser à une famille voisine, et immédiatement entre dans des choses assez denses plutôt que de rester en surface, ce qu’un épisode dédié à donner de la place à un peu tout le monde aurait sûrement risqué. Dans l’ensemble ça fonctionne, d’autant qu’encore une fois, Knots Landing ne délaisse pas son couple central ici (utilisant l’intrigue d’Annie pour habilement glisser des rappels à la backstory de Gary, avec son alcoolisme notamment, et Val, à travers son affection pour sa fille Lucy à peine plus âgée qu’Annie).
Et de toute façon, les règles d’un premier épisode sont toujours un peu différentes pour un primetime soap qu’une série dramatique plus classique.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. whisperintherain dit :

    Allô, lady ? Oui, c’est l’Ambassade des primetime soaps à l’appareil ! Joyeux anniversaire Knots Landing ! Nous célébrons ce 27 décembre les 43 ans de la diffusion de cet épisode pilote, assez curieusement en pleine période de fêtes de fin d’année à la tournure des années 70 et 80.

    Content de lire que même s’il ne t’a pas forcément convaincue de poursuivre, tu n’as pas trouvé ce pilote dénué de tout intérêt ! Un épisode que je n’ai finalement découvert que tardivement par rapport à la suite de la série. J’ai dû attendre la troisième diffusion pour enfin le voir, car ma rencontre avec Knots Landing est le pur fruit du hasard…

    Et voici donc le moment tant redouté où je raconte comment j’ai découvert la série par laquelle tout a commencé pour moi en matière de téléphagie !

    Par un après-midi de printemps 1994, rentrant plus tôt que prévu du collège pour cause de prof absent, j’allumai la télévision et tombai sur une des scènes les plus importantes d’un épisode déjà commencé, sans savoir de quelle série il était question et suffisamment intrigué, je m’installai devant… Bien que fortement mis sur la voie par le retentissement de l’inénarrable générique français kitschissime à souhait à la fin de l’épisode, consulter le programme télé me permit de découvrir que je venais d’assister au quatrième épisode de Knots Landing, dont TFMeuh venait d’entamer une rediffusion la veille (on devait donc être mardi, car la chaîne programmait deux épisodes à la suite entre 14h30 et 16h30 à l’époque).

    Comme j’avais aussi manqué l’épisode 2 et que mon emploi du temps de collégien ne me permettait pas d’être devant la télé pour l’épisode 6 le jeudi (la série n’étant pas diffusée le mercredi pour cause de Club Dorothée), je n’ai vu aucun des personnages de Dallas qui apparaissent dans la première saison au moment de ma découverte de Knots Landing et ce n’est donc qu’au hasard d’une conversation à table au cours de laquelle ma sœur et moi avons prononcé le nom Ewing (plus aucune idée de comment il est venu sur le tapis, par contre) devant mes parents que nous avons appris non seulement que c’était le nom des héros de Dallas, mais que les deux séries étaient connectées !

    C’est un spin-off qui se suit très bien indépendamment de la série-mère, au final : il n’y a pas réellement de cross-over à proprement parler, mais plutôt des visites ponctuelles des personnages de Dallas dans Knots Landing, plus que dans l’autre sens, puisque seuls Gary et Valene y passent une tête de temps à autre et le lien finira par être rompu en 1986… Lorsque Dallas use d’un twist qui fait de toute la saison écoulée un rêve, les scénaristes de Knots Landing prennent la sage décision de ne pas suivre le mouvement en jetant les intrigues d’une trentaine d’épisodes par la fenêtre. Anecdote assez amusante sur le sujet, toutefois : c’est probablement cette histoire qui a inspiré le titre sous lequel Knots Landing a été diffusée au Québec – Les Héritiers du Rêve !

    Derrière le fait que le visionnage préalable de Dallas est tout à fait dispensable pour suivre le pilote de Knots Landing, il y a très certainement aussi celui qu’à l’origine, David Jacobs avait d’abord imaginé cette dernière. Inspiré par la version cinématographique de la mini-série d’Ingmar Bergman, Scener ur ett äktenskap, il avait eu pour idée d’examiner le quotidien de quatre couples mariés et c’est CBS qui lui a commandé une saga familiale à la place. Devant le succès mirobolant de Dallas, la chaîne a fini par lui proposer de ressortir ce projet des cartons. Entretemps, il y eut la série oubliée de David Jacobs, Married: The First Year, qui s’intéressait à la vie d’un jeune couple issu de milieux sociaux différents. Elle ne fit pas date dans l’histoire et je n’ai réussi à en trouver que le générique et une courte bande-annonce sur YouTube, mais c’est suffisant pour remarquer que la distribution comptait dans ses rangs plusieurs interprètes qu’on retrouva par la suite dans Knots Landing, dont Constance McCashin qui incarne Laura Avery.

    Je m’en voudrais aussi de ne pas évoquer brièvement le personnage d’Annie Fairgate, dont c’est à mon grand regret la seule apparition dans toute la série. Je ne suis pas certain de réussir à expliquer pourquoi précisément, mais je la trouve super touchante cette gamine qui fait n’importe quoi pour attirer l’attention de son père, alors que les personnages qui répondent au même archétype ont plutôt tendance à avoir assez rapidement raison de ma patience. Le hasard a encore frappé mais il se trouve qu’avant que je la découvre dans ce rôle, son interprète Karen Allen a été mon tout premier crush, lorsque je l’avais vue en Marion Ravenwood dans Raiders of the Lost Ark l’année de mes dix ans ! Pas impossible que l’énorme succès de ce film ait d’ailleurs eu sa part de responsabilité dans le fait qu’on n’ait plus jamais revu Annie par la suite, mais c’est plus ou moins justifié aussi par d’autres développements. C’est l’un des deux personnages de ce pilote qui ne montreront plus jamais le bout de leur nez, le second étant… le chien des Fairgate ! XD

    Pour ce qui est du statut de femmes au foyer des personnages féminins, il est vrai qu’au début de la série, seule Ginger exerce une activité professionnelle (elle est institutrice dans une école maternelle) mais Laura, Karen et Valene embrasseront elles aussi diverses carrières par la suite.

    Et sinon, tu vas dire que je suis sans doute trop sentimental, mais ça ne t’a rien fait du tout cette scène où Valene
    voit l’océan pour la toute première fois de sa vie et court dans les vagues comme une enfant ? Probablement une de mes scènes préférées de ce pilote !

    Tu l’as bien compris, je pourrais disserter sur Knots Landing des heures durant, mais je vais conclure ici en te disant que ça m’a fait plaisir que tu lui donnes sa chance. Et que si jamais l’envie te prend de la continuer et que tu souhaites échanger ou que tu as besoin d’éclaircissements sur certains points, tu sais où me trouver !

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