Date pork, but marry kosher

18 mars 2023 à 18:18

« If I have done my job right, you should be old enough to guilt yourself by now« .

Quelque chose que je viens d’apprendre (parce que, je l’avoue, je n’avais jamais eu la curiosité de regarder, mais l’information était parfaitement disponible), c’est qu’en Nouvelle-Zélande, seulement 5274 personnes juives sont recensées aux dernières nouvelles. Alors, certes, la Nouvelle-Zélande, ce n’est pas le pays le plus peuplé au monde, avec ses 5 millions d’habitantes ; mais enfin, 5274 personnes qui partagent votre culture, ça ne fait pas grand monde. En particulier, ça restreint passablement les possibilités lorsqu’on est célibataire, comme le constate Louisa (dite Lulu), une jeune néo-zélandaise juive qui a atteint 29 ans, l’âge de se poser un certain nombre de questions sur son avenir.
Elle est l’héroïne de Kid Sister, lancée en 2022 sur TVNZ+ (la plateforme de streaming de la télévision publique), et l’une des manifestations de la volonté de financement croissante de projets de séries créées par et pour certaines minorités ethniques ou religieuses du pays. Il faudra par exemple garder un oeil sur Miles From Nowhere, une comédie sur un musicien musulman qui devrait arriver prochainement…
Pour le moment, place à Lulu.

Lulu ressemble à beaucoup de protagonistes de séries similaires : elle approche la trentaine, mais insiste pour se comporter comme si elle sortait à peine de l’adolescence. Quand commence la série, elle revient à peine des USA, où ses parents l’avaient envoyée en espérant qu’elle prenne un peu de plomb dans la cervelle et/ou qu’elle rencontre un futur mari potentiel. Idéalement les deux. Malheureusement, aussitôt revenue en Nouvelle-Zélande, elle a repris sa vie exactement là où elle l’avait laissée, notamment en fréquentant secrètement Ollie, un type avec lequel elle a une relation pas très sérieuse on/off depuis des années, et continuant de vivre sa petite vie (assez oisive) sans penser au lendemain.
Il faudra bien penser au lendemain, toutefois. Ne serait-ce que parce que tout le reste de sa famille ne pense qu’à ça, le lendemain. Ses parents ont notamment pour obsession d’avoir des petits-enfants… et vu que son frère aîné Leo a du mal à concevoir avec son épouse Bec, forcément les regards se tournent vers Lulu. Quand va-t-elle se trouver un homme juif respectable à épouser, pour avoir un enfant à son tour ?

Le conflit majeur de Kid Sister, c’est justement l’idée que Lulu ne peut pas vraiment envisager quoi que ce soit d’autre, hors un homme juif. L’espoir était d’ailleurs qu’elle en rencontre un pendant son séjour étasunien, où il y a bien plus que cinq mille juifs… Le poids des traditions, et de traditions aisément menacées qui plus est, pèse sur les choix présents, et sa famille ne perd jamais une occasion de lui rappeler que c’est ce que tous ses ancêtres ont fait depuis des générations. Lulu… bon, déjà, le peer pressure, elle n’y réagit pas très bien. Mais en plus elle se sent limitée par le peu de célibataires juifs dans son entourage (il y a Mickey Gold, et la liste s’arrête à peu près là…). Il y a, comme on dit, des « options » : trouver quelqu’un à épouser qui vienne de l’étranger (c’est ce que Leo a fait avec Bec), ou trouver localement un goy qui veuille bien se convertir, mais c’est beaucoup demander surtout pour un résultat dont Lulu n’est pas franchement convaincue. Si elle pouvait, elle continuerait à ne prendre aucune décision pour le reste de sa vie, et ce serait parfait.
Manque de chance, une décision va devoir être prise quand elle découvre être enceinte d’Ollie.

Kid Sister est pleine de charme et d’énergie (sa créatrice et actrice principale a également écrit l’épisode The Art of Fuckery de la première saison d’Our Flag Means Death, pour vous situer). Elle plante le décor d’une famille envahissante, mais attachante, avec des rapports parfois houleux mais jamais totalement négatifs. Elle parsème sa courte saison de 5 épisodes à peine de rites qui forcent cette famille à passer du temps ensemble, mais aussi démontrent combien la religion, la culture et la famille s’entremêlent de façon complexe. Elle suit le mouvement de balancier de Lulu, qui ne cesse d’hésiter quant aux choix qu’elle doit faire, tiraillée entre ce qu’elle voudrait, ce qui lui passe par la tête à un instant T, et ce que le reste de sa famille voudrait. Elle parvient même à donner de la consistence à des personnages que l’on pensait parfaitement secondaires, comme Bec ou Ollie.
‘est une petite dramédie vraiment adorable, et plutôt feelgood. Le seul reproche que j’aurais à lui adresser est surtout le problème que j’ai avec sa voix-off, bien moins inspirée que les dialogues. En fait, non, je lui reprocherais aussi sa brièveté, si je ne savais pas que d’ores et déjà une deuxième saison est en préparation !
Si vous avez aimé d’autres séries sur des héroïnes un peu perdues (et d’ailleurs Kid Sister y fait parfois référence directement !), cette saison dure à peine deux heures et va vous enchanter. Par contre attention, vous voudrez sûrement voir la suivante.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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