Take Five Cinq

31 mai 2023 à 22:32

Nouveau mois, nouveau Take Five. J’ai essayé d’écrire un peu plus ce mois-ci (vous me direz si ça s’est vu), et du coup je n’étais pas certaine, au juste, d’avoir de quoi fournir un article complet aujourd’hui, mais vous savez quoi ? En fait, des « pilotes », ce n’est vraiment pas ça qui manque ! Et du coup nous voilà reparties pour 5 séries dont, malgré tout, je n’ai pas parlé en mai. Parfois par manque d’envie de consacrer un article complet. Parfois par manque de place. Parfois par manque de temps… l’une de ces séries étant sortie aujourd’hui !

Aktris (2023)

L’une des surprises du mois (il faut dire qu’elle débarque sur Disney+ le dernier jour), Aktris possède un sujet et surtout un ton assez spéciaux. La série s’intéresse à Yasemin, une jeune actrice en pleine gloire qui le jour écume les tournages et plateaux télé, et la nuit, devient une vigilante. Si bien que toute la ville a surnommée la mystérieuse tueuse « Avcı », soit : la chasseuse. Est-elle pour autant une justicière ? Non, nous dit cette introduction : si elle tue des hommes violents, c’est uniquement sur conseil de son chauffeur et ami d’enfance, qui essaie tout simplement de canaliser son tempérament meurtrier pour faire le bien. Sans ce compas moral extérieur, elle tuerait absolument n’importe qui, car Yasemin est une espèce de sociopathe capricieuse et pas du tout quelqu’un qui cherche à avoir un motif valable de tuer. Là, ça tombe sur des types louches, mais honnêtement pour elle, aucune différence. L’installation du personnage et de son absence totale de moralité donnent au premier épisode d’Aktris un côté très superficiel, à grand renfort de séquences pendant lesquelles elle chantonne dans son bain, essaie des perruques, gigote sur de la musique, et se débarbouille de sang.
Toutefois, dans le même temps, cette mise en jambes inclut aussi des aspects qui intriguent. Peut-être que dans le fond, Yasemin n’est pas aussi insouciante qu’elle veut le prétendre. N’est-elle pas touchée par le sort d’autrui ? Sa rencontre avec une jeune actrice débutante qu’elle prend sous son aile sur un coup de tête tend à démontrer le contraire, en particulier au vu de son histoire personnelle. Et surtout, peut-être que cette innocence que le pouvoir et l’argent ont pu lui conférer a quand même une date d’expiration ? La question se pose en particulier quand Aktris augmente progressivement la température et introduit… une seconde personne méritant le titre d’Avcı. Je n’ai aucune idée d’où le joyeux bordel d’Aktris compte mener, mais sur la dernière ligne droite, le mois de mai aura délivré son pilote le plus what the fuck avec cette nouveauté.

Bon matin Chuck (2023)

Quand quelqu’un vous chie dessus pendant une partie à trois, et que ce n’est même pas le pire moment de votre journée, c’est vraiment que les choses vont mal. Chuck, l’animateur d’une matinal extrêmement populaire du nom de Bon matin un café ?, en fait l’expérience lorsqu’une soirée touche le fond. Mais en fait, si on veut vraiment être honnête (ce qu’il a du mal à faire avec lui-même), c’est toute la vie de Charlie qui touche le fond, après avoir pendant longtemps bénéficié de la patience de son entourage. Cet épisode de sa vie, qui se solde en plus par une arrestation pour exhibitionnisme, est ce moment que les personnes souffrant d’addiction connaissent bien : le moment sombre avant la… euh, mais est-ce garanti que Chuck guérisse, en fait ?
Le premier épisode de Bon matin Chuck (ou l’art de réduire les méfaits), eh oui c’est son titre complet, est à la fois terrible et hilarant, dans un exercice d’équilibrisme que, très franchement, seules les séries sur l’addiction peuvent vraiment maîtriser. Je dis ça alors que ma main est déjà prête à cliquer sur ma réserve d’épisodes de Rude Awakening. Mais là où beaucoup de ces séries peuvent être colorées, Bon matin Chuck a fait le choix intéressant d’opter pour une réalisation entièrement en noir et blanc, qui réhausse l’aspect tragique mais aussi le côté absurde de ses divers retournements de situation. Ce premier épisode pose les bases d’une série qui n’a pas forcément choisi l’histoire la plus originale pour le moment, mais s’est néanmoins trouvé un ton parfaitement unique pour la traiter. De toute façon, quand on parle d’addiction, ce n’est pas l’originalité que l’on cherche, mais un angle qui nous interroge, intimement, sur l’aide qu’on est prête à accepter, sur la difficulté à changer, et sur la façon dont une vie meilleure, même si imparfaite, est peut-être envisageable. Hâte de voir la suite.

Impuros (2018)

Je me revois encore, ajoutant Impuros à la base de données du Dotcom, toute heureuse d’avoir trouvé le premier épisode d’une série brésilienne que je voulais tester… avant de lancer le pilote et de découvrir que ce n’était pas une version sous-titrée. C’était début 2019, et je n’ai pas oublié. Ce mois-ci, par le plus grand des hasards (ainsi, probablement, qu’une mise à disposition sur quelque plateforme de streaming), Impuros a fait son retour sous ma souris, cette fois avec des sous-titres. J’ai vérifié. L’occasion de me plonger pleinement, enfin, dans l’ambiance moite et sordide de la fin des années 90. Patience et longueur de temps…
Evandro et Zeca ont grandi dans une favela, dans la petite baraque de leur mère qui les a élevés seule. Les deux frères ne pourraient être plus différents, comme le prouve la sortie de maison de redressement de Zeca, le jour de leurs 18 ans, alors qu’Evandro est consciencieusement en train de mettre de l’argent de côté avec son petit job de vendeur de bonbons. Ils ne le savent pas, mais bien que vivant à nouveau sous le même toit, leurs destins ont déjà bifurqué pour de bon. Zeco espérait rejoindre l’armée, et offrir à sa petite amie (secrètement enceinte) l’avenir stable de leurs rêves ; Evandro espérait être exonéré de service militaire, et continuer à travailler à son compte, librement. Ni l’un ni l’autre ne sont exaucés : Zeco est refoulé (à cause de ses antécédents criminels), n’ayant plus d’autre choix que de se tourner vers les malfrats du quartier pour gagner sa vie, et Evandro incorporé à l’armée pour l’année à venir.
Dans ce chassé-croisé de rêves contrariés, Impuros raconte les tensions agitant les favelas, hélas bien connues maintenant y compris par la télévision brésilienne (qui ne peut plus les ignorer depuis Cidade dos Homens). Entre la pauvreté galopante, les gangs, la police corrompue… pas évident d’avoir un avenir à 18 ans. Mais Impuros nous réserve un twist dans ce premier épisode, et non des moindres : le fils qui a « mal tourné » est abattu en pleine rue. Se pose alors la question de ce que deviendra le second fils…

Perfil Falso (2023)

Tout commence comme un conte de fée pour Camila, danseuse dans une revue de Las Vegas, quand un charmant colombien du nom de Fernando matche avec elle sur une app de rencontres. Bon, conte de fée moderne, mais conte de fée quand même. Le seul hic ? Camila a menti sur son profil, et prétendu être infirmière. Le courant passe si bien entre elle et Fernando qu’elle ne divulgue pas immédiatement sa véritable profession… avant de finalement jouer franc-jeu, au risque de le perdre. Mais non. Fernando ne la quitte pas. Leur relation à distance se poursuit de façon idyllique. Se pourrait-il qu’elle ait trouvé l’homme de sa vie, lui permettant d’oublier son violent ex Vicente ?
Vous savez quoi, mon résumé est un peu injuste. Perfil Falso (proposée par Netflix sous le titre international Fake Profile) essaie de faire un peu plus que cela. Son ambiance emprunte au thriller, met en place une inquiétude palpable, pas nécessairement palpitante mais elle n’en est pas moins là. Les rappels réguliers de l’emprise de Vicente en font partie. Mais surtout, l’idée plane que sur internet, personne ne sait que je suis un chien. De la même façon que Camila a menti sur son métier, est-il possible qu’on lui mente ? Et dans ce cas, quel est le mensonge… et du coup quelle est la vérité ? Au-delà de la romance torride (enfin disons, un peu mieux que tiède), Perfil Falso est donc l’une de ces innombrables séries s’inquiétant de ce qu’une jeune femme seule quelque part (ici une app de rencontres) peut risquer. Ce n’est pas franchement révolutionnaire, mais l’actrice qui joue Camila est jolie comme un cœur, il y a deux-trois scènes softcore, et un budget très à l’aise situant l’action entre Las Vegas et Cartagena. Honnêtement, si vous vous mettez ça de côté, à regarder pendant un pic de chaleur dans les prochains mois, ça peut le faire.

Strandhotellet (2023)

Je dis souvent du bien de Viaplay, alors pour me faire mentir la plateforme a commandé cette série de Camilla Läckberg, une des figures de proue du polar scandinave. On lui doit évidemment les ouvrages sur lesquels était basée Fjällbackamorden, mais c’est avec Lyckoviken qu’elle est passée à la création de séries. Son truc, c’est certes le crime, mais surtout les petites villes côtières, et ce décor se retrouve une fois de plus dans Strandhotellet qui se déroule dans une station balnéaire. La bonne nouvelle, c’est que c’est ensoleillé et coloré… la mauvaise c’est que c’est filmé comme un épisode de Demain Nous Appartient (c’est légèrement mieux joué). La série démarre sur la fête d’anniversaire de Werner Gyllenmark, à la tête d’un des deux grands hôtels locaux, qui célèbre ses 60 ans avec la moitié de la ville. Une bonne occasion pour toutes sortes de protagonistes, y compris celles qui le reste du temps ne se parlent pas ou plus, de se côtoyer pendant que le champagne circule… et une opportunité d’exposition parfaite pour nous dire qui est qui, qui a divorcé de qui, et qui est encore amoureuse de qui. C’est d’une subtilité très relative. Naturellement que serait une oeuvre de Läckberg sans mort, et donc la fête d’anniversaire tourne au vinaigre de façon tragique.
Moins qu’une enquête, Strandhotellet ambitionne d’utiliser ce point de départ comme révélateur des tensions et des secrets bla bla bla. Vous connaissez la chanson, on peut pas cracher quelque part sans qu’un glaviot tombe sur une série comme celle-là, c’est juste que la Scandinavie nous en envoie moins que d’autres régions du monde. Bref, si c’est votre genre de fiction, allez-y, ça vous dépaysera un peu sur un plan superficiel tout en vous donnant précisément ce que vous trouvez d’ordinaire dans ces séries. Sinon, si vous êtes comme moi, passez outre… D’ailleurs, en fait, vous n’êtes pas comme moi, puisque vous n’avez pas perdu 42 minutes de votre vie devant cet épisode, et qu’il est donc encore temps pour vous d’éviter le pire.

Voilà, c’est tout pour moi ! En tout cas pour ce mois-ci. Merci encore pour votre soutien pendant cette période difficile ; j’espère qu’en mai, vous avez trouvé un peu de lecture qui vous a intéressées. Et à part ça, qu’avez-vous vu ?

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3 commentaires

  1. Mila dit :

    A chaque fois, je me dis que toutes ces choses ont l’air bien (du moins, presque toutes, du coup) mais chaque fois je sais aussi qu’avec toutes les choses que je veux voir… enfin au moins j’aurai gagné 42 minutes de ma vie, wouhou !

    Du coup j’ai vu l’épisode 1 de Der Greif de mon côté… et après l’épisode 1 de Supernatural parce que les pilotes ont quelques éléments qui m’ont fait penser l’un à l’autre et j’ai été prise de nostalgie :’) mais en tout cas j’ai bien aimé l’épisode 1 de Der Greif, donc je compte continuer 🙂

    P.s. je pense que tu as oublié un mot dans ton avant-dernière phrase ♡

    • ladyteruki dit :

      …Goddammit. Pour ma défense c’était vraiment un tout petit mot d’une lettre XD
      Oh, contente que Der Greif t’ai plu ! C’est toujours difficile d’être certaine que ce qui me fait peur fera peur à autrui…
      Ecoute, c’est ça être téléphage en 2023. Beaucoup de choses alléchantes et pas assez de temps pour les voir toutes. Mais ça n’empêche pas d’essayer…

      • Mila dit :

        Oui c’était un tout petit mot donc en vrai je suis sûre que c’est sa faute, le fourbe u.u

        Je ne peux pas dire que Der Greif me fasse peur, pour le coup, mais par contre je me sens investie dans la relation de famille, le sort du protagoniste, j’ai envie d’en savoir plus sur Becky, et je trouve tout l’aspect fantastique et horrifique fun (même si ça l’est moins pour les protagonistes). Puis y a la bande-son et je suis contente d’entendre de l’allemand, aussi n.n

        Oh et j’ai les doigts croisés pour que le prof du début se prenne un retour de karma, j’avoue…

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