Take Five Douze

31 décembre 2023 à 23:33

Ainsi donc nous voilà arrivées au tout dernier Take Five de l’année, et je ne vous cache pas que ça fait un petit quelque chose. L’air de rien, je me suis habituée à ce nouveau rituel mensuel. Il m’a permis tout au long de 2023 de vous parler de séries pour lesquelles je n’aurais pas forcément trouvé une place sans cela, et j’ai cru comprendre que ces reviews plus rapides avaient même aidé certaines d’entre vous à faire des découvertes ! C’est tout ce que je demande.
Pour cette dernière mouture, j’ai décidé d’offrir une review de la dernière chance non seulement pour des séries vues en décembre, mais aussi plus largement en 2023. Beaucoup d’autres auraient pu être à leur place. On n’a jamais le temps de discuter de tout… mais enfin, les Take Five auront amélioré un peu les choses, à leur échelle…

1670 (2023)

Ce n’est pas vraiment un secret : je ne suis pas particulièrement fan du mockumentary, un sous-genre télévisuel qui me donne envie de me trépaner avec mon clavier (je ne recommande pas : peu maniable et très douloureux). On a peut-être trouvé l’une des rares exceptions avec 1670, une comédie polonaise lancée par Netflix sur la dernière ligne droite de l’année… précisément parce que la série se déroule au 17e siècle.
Alors certes, cette histoire de propriétaire terrien imbu de lui-même… mais en réalité parfaitement idiot, ce n’est pas ce que j’appellerais de l’inédit. D’après une étude scientifique réalisée sur une personne (moi), la moitié des comédies optant pour le mockumentary affectionnent ce genre de protagoniste. C’est normal ! Le genre repose sur la mise en lumière soit de l’hypocrisie soit du déni de ses protagonistes, et rien de mieux dans les deux cas qu’un bonhomme à l’ego boursoufflé. Le héros, qui s’appelle Jan Paweł et s’est promis d’entrer dans l’Histoire (bon, bref), se vante donc devant la camera alors qu’il n’a rien dont il puisse être fier : ses deux fils insupportables (un rustre bon à rien, mais qui est l’aîné, et un vicieux calculateur entré dans les ordres comme cadet), sa femme ultra-pratiquante qui fait très peur, la propriété du village qu’il est obligée de partager… ya rien qui va.
Comme 1670 adore se vautrer dans l’anachronisme comme les cochons dans la fange, et que c’est honnêtement sa meilleure idée, cela donne des séquences plutôt amusantes, dans lesquelles Jan Paweł essaie d’impressionner les camera comme il peut. Je ne dirais pas que j’ai eu le fou-rire du siècle (ni d’aucun précédent) devant 1670, mais en tout cas c’est suffisamment tiré par les cheveux pour que ça fonctionne le temps d’un épisode. Comme toujours, cependant, j’ai un peu de mal à m’imaginer regarder ce genre de série sur le long terme, tant j’ai été échaudée par le passé. Le mockumentary, ça peut éventuellement me divertir le temps d’un épisode, mais rarement plus longtemps. Toutefois, je ne parle qu’en mon nom : si vous appréciez le style en règle générale, cette nouvelle variation sur les tropes du genre devrait vous plaire.

Escort Boys (2023)

Ben, un acteur raté, revient à la mort de son père dans son patelin natal en Camargue pour s’occuper de sa soeur adolescente Charly, et préserver le domaine familial, quand bien même celui-ci tombe en ruine. Hélas il est également couvert de dettes, et même si la débrouillardise permet de rétablir l’eau, cela n’empêche pas les services sociaux de se pencher sur le cas de Charly… C’est alors Ben découvre par hasard que l’un de ses anciens potes d’enfance, Mathias, désormais employé de l’exploitation, s’est lancé dans le travail du sexe et que… ma foi, ça paie pas trop mal (sauf qu’il le découvre après s’être prostitué sans le savoir).
Si le sujet vous évoque quelque chose, alors vous faites sûrement partie des quelques centaines de personnes qui avaient lu ma review de la série israélienne Johnny Ve Abirey Hagalil, troquant la Galilée contre la Camargue (les drones y gagnent au change). Comme dans mes souvenirs de l’originale, la version française insiste bien trop eu sur le fait que les protagonistes masculins ont le sex appeal d’un phoque en plein désert, ou que la prostitution implique un peu plus qu’être bâti comme un Dieu grec et se pointer à une fête devant de jolies femmes. Cependant, la réalisation tient cependant plutôt bien la route, et la distribution principale n’est pas mauvaise même si ça crie juste un peu trop dans une scène ou deux. Honnêtement, si je n’avais pas déjà regardé Callboys cette année, et eu mon quota de gigolos, j’aurais peut-être envisagé de… de… the f*ck ?!
« Les hommes n’osent plus vous draguer parce qu’ils ont peur de se faire traiter de harceleurs. Là, au moins… », assène le personnage de Carole Bouquet à des jeunes femmes dans cet épisode inaugural avant de s’égosiller contre le féminisme.
Ouais, non ; poubelle. Si j’avais su avant, j’aurais même pas commencé, d’ailleurs.

Lilmout (2021)

Reem et Hadi se sont mariées vite, très vite, trop vite… quelques mois plus tard, malgré tout l’argent du monde, leur amour s’effrite sans raison apparente. Ou plutôt c’est ce que j’aurais dit si j’étais un homme comme Hadi, absolument incapable de la moindre observation, quand il est parfaitement évident que Reem traverse une crise qui la ronge de l’intérieur. Lilmout (ou Till Death à l’international…) nous suggère en effet que la dépression, le traumatisme et/ou la culpabilité bouffent la jeune femme, laquelle passe des nuits sans sommeil dans la neige pour anesthésier son âme, tandis que son époux se demande pourquoi elle ne lui montre plus d’affection bien au chaud depuis la fenêtre. Mais, connard, tu vois pas qu’elle va mal ?! Insupportable. Aussi il n’est que très modérément étonnant que, à la faveur d’un voyage, Hadi tombe sous le charme d’une inconnue, Sahar, dont le sort fait qu’il croise le chemin plusieurs fois. Cèdera-t-il à la tentation ?
Le charme principal de cette série libanaise, c’est… son générique, pour commencer. Pas loin de 4 minutes d’un tango sombre en ouverture de série, ça m’a ravi le coeur sans prévenir, j’étais pas prête ! Lilmout mise beaucoup sur l’ambiance en règle générale, que ce soit pendant le générique ou après, mais ces premières minutes qui tentent de raconter une histoire cryptique, dont on suppose qu’elle dit quelque chose de la série, étaient juste incroyables. Mais pas juste parce que c’est un joli générique… Celui-ci met en effet en opposition deux femmes (Reem et Sahar), l’une mariée et l’autre non, à un homme (Hadi) qui ne semble pas capable de se décider. Le trio se toise, se jalouse, s’étreint, se repousse… et finalement les deux femmes se choisissent. SE CHOISISSENT ! Ce qui aurait pu passer pour une simple métaphore tombe un peu à l’eau quand, comme moi, on a vu le matériel promotionnel, et surtout, on a lu des synopsis de la saison 3 pendant le Ramadan (parfaitement accidentellement, faut-il le noter)… Je savais donc qu’à un moment, les deux femmes ont effectivement pris la fuite ensemble ! Mais à quel titre ? Est-il possible que l’une des séries libanaises les plus populaires de ces dernières années mette en scène une relation romantique entre ces deux femmes ? Je n’ose y croire. Mais j’ai très envie d’y croire.
Bien évidemment, le premier épisode ne nous le dira pas. Certainement pas avec cette mise en place ténébreuse, insistant à la place sur les tourments intérieurs de Reem (sans nous en donner la clé), l’ego blessé de Hadi, et, plus tard, lors d’une conversation enfumée dans un bar, la certitude confiante de Sahar. Puisque Lilmout ne voulait rien me confirmer encore, alors j’ai passé le reste de l’année à essayer de faire main basse sur les épisodes suivants. Il ne m’en manque plus que deux, deux ! et je pourrai commencer mon marathon. J’ai hâte. Je vais potentiellement être déçue, très possiblement, mais j’ai hâte.

Trigger warning : violences domestiques, harcèlement sexuel.

Safe Home (2023)

Phoebe n’a aucune idée de ce qui l’attend, lorsqu’elle rejoint la petite équipe d’un centre spécialisé dans l’accueil, le conseil juridique et l’accompagnement de victimes de violences domestiques en tant que chargée de communication (un poste qu’elle est la première à occuper). Pour elle, c’est surtout l’opportunité de s’éloigner du monde politique, et en particulier du mari de sa patronne ; mais évidemment elle est convaincue de bien faire. Sauf que rien ne l’a préparée à cet univers et ses problématiques…
A la base j’avais prévu de parler de Safe Home bien plus tôt dans l’année, dans une review de saison qui aurait dû être plutôt simple à rédiger (il s’agit d’une mini-série en 4 épisodes), mais il m’a fallu tempérer mon enthousiasme pour trois raisons. La première, c’est que, eh bien, le sujet est rude, de toute évidence ! Phoebe n’ayant qu’une connaissance très superficielle des enjeux, elle va multiplier les faux-pas, mais cela implique pour la série de la confronter autant que possible à des choses violentes. Et donc, nous aussi. La deuxième est qu’au printemps quand la série est sortie sur les écrans australiens, je passais un sale moment à titre personnel, et qu’il m’était impossible de me concentrer sur pas mal de choses ; le sujet de Safe Home n’aidant pas à se mettre du baume au coeur. La troisième est plus retorse : Safe Home m’a évoqué une autre série, plus longue, que je voulais reviewer en détail depuis longtemps, et ma quête pour mettre la main sur cette série a finalement pris le pas sur mon visionnage de Safe Home. Je me suis promise d’y revenir, toutefois ; d’autant que je me régale toujours autant non seulement de la présence d’Aisha Dee (déjà au générique de Sweet/Vicious, s’il vous souvient), mais aussi de Mabel Li (fabuleuse dans New Gold Mountain). Dés son premier épisode et, je le confesse, dans le second que j’ai également regardé, Safe Home trouve un équilibre insoupçonné entre son envie de parler d’un sujet difficile, sa capacité à créer des retournements de situation saisissants, et son désir brûlant de se montrer aussi pédagogique que possible (des phénomènes comme la respectabilité ou l’emprise sont par exemple démontrés dans l’épisode introductif). Pour le reste, j’espère bien qu’on en reparlera plus tard. A un moment.

War: Wrath and Revenge (2023)

C’est un peu triste que Netflix propose cette série, produite par Mo Abudu et sa compagnie EbonyLife (sous contrat avec la plateforme), sans donner vraiment à ses abonnées non-nigérianes le contexte qui s’impose. Il s’agit en effet d’un spin-off de la série à succès Sons of the Caliphate ! Enfin bon, je suppose que c’est déjà bien d’avoir accès à des séries produites au Nigeria, on va pas encore en plus exiger de la cohérence ; probablement que Netflix n’envisage pas que quiconque tente la série par hasard ou curiosité.
Je n’ai hélas pas eu la chance de voir Sons of the Caliphate (Netflix a pourtant proposé la saison 2 à l’international à l’époque, mais pas au point qu’elle me parvienne…), mais pour résumer, disons que c’était un soap se penchant sur la politique dans la région de Kowa, au Nord du pays. Nuhu Bula était l’un d’entre eux ; quand War: Wrath and Revenge démarre, il se présente désormais aux élections gouvernorales dans le Nord du pays. Il le fait presque à contre-coeur, encouragé par sa femme Binta qui est bien plus fine stratège que lui et également bien plus ambitieuse. Nuhu est moyennement motivé, surtout qu’il se présente face au Gouverneur Sanusi, un homme véreux en place depuis des années et qui a le soutien de Khalifa, un ancien ami de Nuhu et actuellement l’emir de la région. L’exposition des enjeux se fait ici sur fond de violence : des chercheurs de diamants attaqués par des bandits, une tentative d’assassinat… on n’est pas là pour déconner.
Mais le plus frappant, c’est combien War: Wrath and Revenge assume sa continuité avec la série originale ; l’exposition y est réduite au minimum, partant du principe que tout le monde sait de quoi il s’agit. A un tel point qu’il est légitime de se demander si on n’assiste pas à une saison 3 de Sons of the Caliphate, tout simplement ; le changement principal étant que le spin-off dispose d’épisodes beaucoup plus courts que la série originale. Sous cet angle, il me paraît difficile de recommander War: Wrath and Revenge pour quelque autre raison que la curiosité pure.

Et, ma foi, c’est ainsi que se finit le dernier Take Five de l’année, et avec lui la dernière review de l’année. Pendant que je poste mon récapitulatif traditionnel, n’hésitez pas à me parler de ce que VOUS avez vu en décembre, ou pendant l’année 2023, qui mériterait d’être mentionné une dernière fois avant qu’on passe à l’année suivante !
D’ailleurs, qu’est-ce qu’on en fait, des Take Five ?

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1 commentaire

  1. Kiddo dit :

    J’avais découvert A+ (que j’espère voir cette année) et Sweet Kaaram Coffee entre autres, c’est toujours génial de découvrir des pépites et tu les vends bien §
    Je note Lilmout (mon dieu l’affiche, quelle beauté) et Safe Home 🙂

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