ARK: Survival Explained – 1×01

22 mars 2024 à 22:00

Le 10 décembre 2020, le studio WildCard publiait une double-annonce surprise, en diffusant pendant les Game Awards un trailer conjoint du jeu video ARK2, et de la série ARK: The Animated Series. Avant ces quelques minutes, aucune de ces deux sorties n’avait été communiquée. Toute la communauté du jeu ARK: Survival Evolved s’en est trouvée électrisée comme jamais. L’impatience en attendant l’arrivée d’ARK2 (sans date précise), et d’ARK: The Animated Series pour 2022, était à son comble. Surtout avec une distribution comme celle-là !
…Bon, depuis, la patience, on a appris. ARK2 n’est toujours pas sorti, et le studio a lancé l’an dernier une version remasterisée semi-impromptue, ARK: Survival Ascended, en espérant faire patienter tout le monde tout en faisant entrer quelques écus dans sa bourse. Les nouvelles quant à la série animée se faisaient plus que rares, quasi-inexistantes en fait, au point qu’un gag récurrent dans la communauté consistait jusque récemment à suggérer que la série n’existait pas, d’autant qu’aucune plateforme ne semblait vouloir acheter la série (en dépit de sa production intégralement financée par WildCard, et des épisodes vendus clés en main).
Au fil des ans, on aura en effet entendu tout et son contraire : un article de Rotten Tomatoes affirmant que la série était sur le planning de HBO Max, des rumeurs sur Netflix puis Amazon Prime… Finalement, depuis la semaine dernière, des confirmations d’une arrivée imminente sur Paramount+, enfin ! Voilà donc depuis hier les 6 premiers épisodes disponibles sur la plateforme… aux USA ; les autres territoires n’obtenant ces mêmes épisodes que le mois prochain.

Trigger warning : suicide.

Plus de trois années d’attente plus tard (pour une première saison dont on nous garantissait qu’elle était quasiment finie à l’époque), me voilà ainsi enfin en capacité de voir la série animée, et donc d’en discuter. Lourde tâche que d’essayer de reviewer une série qu’on a autant attendue ! Mais surtout, une série accolée à une histoire que l’on connaît si bien, et qui donc prend le risque inhérent à celui des adaptations.
ARK: The Animated Series a pris son temps pour arriver, alors, mes reviews aussi. Commençons par le premier épisode.

Je vous épargne les 712 paragraphes dédiés à mon amour pour ARK: Survival Evolved que j’ai effacés avant de publier cette review, mais sachez que vous n’êtes pas passées loin ; par contre, tâchons quand même de résumer de quoi parle le jeu video avant d’aller plus loin.
A la base, ARK: Survival Evolved attend de ses joueuses qu’elles incarnent une protagoniste customisable ne faisant pas partie de l’histoire, et n’ayant en fait, à bien y regarder, aucune influence sur ce qui se passe. C’est assez inédit, vous en conviendrez. A la place, progresser dans l’exploration du territoire d’une carte donnée (en commençant, idéalement, par la première, The Island) permet de trouver ce que le jeu appelle des Explorer Notes, des sortes de journeaux intimes racontant ce qui s’est passé précédemment. Ecrits du point de vue de plusieurs personnages, les Explorer Notes dévoilent progressivement comment les sorts de Helena Walker, Sir Edmund Rockwell, Mei Ying Lin, Gaius Nerva et plusieurs autres, essaient de donner du sens à leur présence sur The Island.
Ce que racontent ces fameuses notes ? Ma foi, je ne vais pas tout vous raconter, faute de vous spoiler à la fois le jeu et la série. Mais pour résumer, disons qu’à son réveil sur cette fameuse île, Helena Walker, une biologiste australienne née au 21e siècle, est estomaquée lorsqu’elle découvre que les personnes qu’elle rencontre viennent toutes d’époques différentes. En particulier, le chimiste britannique Sir Edmund Rockwell qui devient plus ou moins son mentor, est né au 19e siècle, et travail en collaboration avec un général de la Rome antique, le denommé Gaius Nerva.

Ce qui frappe dans le premier épisode de ARK: The Animated Series, c’est le choix à la fois logique et radical de faire de Helena la protagoniste de la série. Tout est vu à travers sa perspective, renforçant l’identification en permettant aux spectatrices de découvrir l’univers de The Island à travers son étonnement ou sa peur. Pour l’essentiel, l’identité des personnages est la même que dans le jeu (Helena est une paleobiologiste maintenant, mais la nuance est assez minime). A noter qu’un personnage inexistant dans les Explorer Notes a été ajouté, du nom de Bob ; c’est un peu une private joke (« Bob », le nom par défaut donné aux personnages masculins du jeu, est aussi et surtout le surnom au sein de la communauté des joueuses inexpérimentées qui meurent rapidement après leur arrivée), doublée de l’opportunité de faire de l’exposition. Le sur-musclé Bob est, fidèle à sa destinée videoludique, tué rapidement pendant ce premier épisode pour céder le champs libre au point de vue encore innocent de Helena.
C’est alors que Helena fait la rencontre de Sir Edmund Rockwell, qui en pactisant avec le brutal Nerva semble nourrir un objectif cruel, y compris quant à la domestication des différents dinosaures de The Island.

Aaaah, nous y voilà ! L’un des atouts majeurs du jeu étant son large, très large (193 espèces recensées) bestiaire en grande partie préhistorique, l’apparition de plusieurs animaux est à chaque fois un grand moment, aussi j’espère que vous m’en pardonnerez l’inventaire.
Là encore, tout est fait pour découvrir les créatures à travers les yeux de Helena : des Coelacanths, le Megalodon qui la poursuit lorsqu’elle se réveille au large de la plage (…et le Leedsichthys qui lui sauve la mise involontairement) ; l’adorable Dodo trouvé sur la plage et immédiatement voué à devenir un compagnon vulnérable mais fidèle ; des Mesopithecus ; des Brontosaurus, Trikes et Pteranodons découverts avec émerveillement au détour d’un bosquet ; le Parasaur sauvé d’une mort certaine qui réapparaîtra avant la fin de l’épisode ; le Rex chevauché par Nerva et les Raptors servant de montures à ses hommes ; un Moschops endormi au camps de Nerva et Rockwell ; un Achatina fort opportun… et quelques insectes brièvement aperçus. Ils sont venus, ils sont tous là. En tout cas, les classiques de début de jeu sont là ; nul doute que d’autres espèces devraient progressivement montrer leur museau.
Si ARK: The Animated Series met un point d’honneur à multiplier les clins d’oeil, il faut reconnaître que dans leur grande majorité, les créatures comme les protagonistes invoquées ont une raison d’être narrative.

…Y compris d’autres ajouts, qui, eux, devraient être reçus de façon plus mitigée par la communauté de joueurs (masculin extrêmement volontaire).
Le premier épisode de la série est d’une durée assez rare pour de l’animation : 47 minutes, soit une durée double par rapport aux épisodes suivants. Et l’une des raisons en est qu’outre l’inévitable besoin de faire un peu d’exposition à la fois de la situation, des personnages et de ce qu’il y a à attendre pour la suite, ARK: The Animated Series inclut de nombreux flashbacks sur la vie de Helena avant d’arriver sur The Island, qui étaient absolument absents des Explorer Notes originales. Ce qui a conduit à l’introduction d’un autre personnage inédit : Victoria était l’épouse de Helena en Australie, lui offrant un soutien inconditionnel alors que notre héroïne peinait à faire avancer sa carrière à cause d’une anxiété de plus en plus handicapante.
Linguiste et activiste, Victoria est bientôt sollicitée pour servir d’interprète dans un camp de réfugiées, et y trouve la mort, ce qui laisse Helena dans un état psychologique encore plus fragile. Les flashbacks insistant sur la vie commune des deux femmes (Victoria est interprétée par Elliot Page, qui n’avait pas encore fait son coming out trans à l’époque de son embauche pour la série ; mais il est, naturellement, crédité correctement au générique) sont assez nombreux. Il est évident que les puristes y trouveront à redire, et ont en fait déjà commencé. Les puristes peuvent aller se faire cuire le cul, mais enfin, c’est vrai que cet ajout ne fait pas tout de suite sens. Il faut donc attendre la toute fin de l’épisode pour comprendre que cette décision prenne tout son sens.

Je m’attendais très peu à me retrouver en larmes à la fin de ce premier épisode. J’étais un peu émue devant certains clins d’oeil (la série est très scrupuleuse dans ses visuels), et la backstory d’Helena était touchante, mais rien ne m’avait préparée à ce moment où ARK: The Animated Series décide de donner un sens nouveau à…
Ma foi, ARK: The Animated Series ambitionne de parler de survie dans tous les sens du terme. C’est un peu ironique étant donné que son titre fait abstraction du terme « Survival » présent dans la version videoludique, mais cela reste extrêmement sensé, et un choix élégant. On aurait bien voulu ne pas bury your gays pour autant, mais enfin, on devrait avoir une chance de rattrapage avec une autre intrigue plus tard, si tout va bien.

La survie ne tombe pas sous le sens. Je trouve courageux que la série s’interroge sur la motivation qui pousse Helena à exister dans cet univers, de se questionner sur les raisons de son instinct à échapper à un Megalodon, un général romain, ou un chimiste sadique. Il reste beaucoup de choses à découvrir sur The Island, le premier ARK où démarre la série, et ce sera l’affaire des épisodes suivants n’en doutons pas. Mais ARK: The Animated Series ne tient pas pour argent comptant qu’une biologiste, et encore moins une biologiste souffrant d’une anxiété paralysante comme la mienne je voulais bien évidemment dire la sienne, ait l’impulsion nécessaire à survivre au pire.
Le besoin de survivre, Helena va devoir le piocher au plus profond d’elle-même, et ensuite seulement se confronter à la complexité du nouveau monde dans lequel elle évolue, pour ainsi, peut-être, prévaloir.
I am still here.


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1 commentaire

  1. Mila dit :

    Oh, je me souviens que tu m’avais parlé de cette série, à une époque lointaine (pas forcément, ma mémoire est juste naze). Ca m’était resté en tête à cause des dinosaures et bien entendu du casting, qui est plein de gens que j’apprécie. Je ne sais pas si j’y jetterai un oeil (dans le doute, je t’avoue que je vais me contenter du premier article, celui sur l’épisode 1), parce que je regarde très très peu de séries animées à ce stade de ma vie (pas parce que j’aime pas ça, mais c’est un constat… la dernière c’était l’année dernière, mais avant ça, ça devait faire deux ou trois ans peut-être ?). En tout cas, c’est vrai que le format est peu courant (en tout cas d’après mon expérience, et que les thèmes et personnages de la série ont l’air intéressants, n’en déplaise à certains joueurs…

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