Sans le dire

2 avril 2024 à 21:22

Ce que j’aime le plus dans la découverte d’une série qui m’est nouvelle, c’est d’y venir totalement neutre. Ne regarder aucun trailer, ne lire aucun résumé, n’entendre aucun feedback. C’est un plaisir de fin gourmet que de la laisser me dire qui elle est, elle-même.
Prendre le risque de la surprise, c’est ne pas savoir non seulement ce à quoi la série ressemble, mais ce qu’elle va m’évoquer. Vais-je rire ? Pleurer ? Réfléchir ? Un peu de tout cela à la fois, si j’ai de la chance ? Personne ne peut me retirer ce sentiment grisant de n’avoir aucune idée où je mets les pieds, et de m’en remettre complètement au premier épisode.

…Mais la raison pour laquelle c’est exaltant est également la raison pour laquelle, si je tombe sur un premier épisode saisissant, il devient compliqué de vous en parler.
Entre en scène la dramédie britannique Big Mood.

Maggie est une artiste exubérante, Eddie est sa pote un peu plus mesurée qui gère le bar dont elle a co-hérité avec son frère. Leur amitié remonte à plusieurs années, et elles ont fait les quatre cent coups ensemble. Aussi, lorsque Maggie annonce à Eddie qu’elle va donner un discours dans son lycée de jadis, son amie accepte-t-elle facilement de la suivre et de se faire passer pour son attachée de presse, juste pour déconner. Et aussi parce que Maggie a besoin de quelqu’un pour la conduire.
Nicola Coughlan (Bridgerton) et Lydia West (Years and Years) campent deux amies à la fin de la vingtaine dont la vie continue d’être chaotique comme elle l’était dix ans plus tôt ; on sent bien dans ce premier épisode qu’elles ne sont pas très matures, mais enfin, elles s’amusent, et c’est pas comme si elles avaient des responsabilités de toute façon. Elles échangent leurs répliques à la vitesse de la lumière, avec la complicité de deux jeunes femmes qui se connaissent sur le bout des doigts, sans aucun tabou ni faux semblant. Le début de Big Mood m’a rappelé Can’t Cope Won’t Cope, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt pourquoi vu que les deux héroïnes, bien que très complices, n’avaient pas vraiment la même dynamique. Pour commencer, Maggie et Eddie ne passent pas tout l’épisode à se murger. Et puis, je n’arrivais à prédire aucune cassure, rien qui indique qu’il y ait de l’orage dans l’air au sein de cette amitié déjantée. Bon, ok. Je peux me tromper. Ça arrive tout le temps d’ailleurs.

Maggie, toutefois, n’a pas demandé à Eddie de la conduire au lycée pour une présentation : elle a d’autres intentions, en particulier vis-à-vis de M. Wilson, son prof d’Histoire à l’époque et aujourd’hui le proviseur. Elle a toujours eu un faible pour lui, et elle veut avant tout concrétiser, même si ça fait plus de dix ans qu’elle ne l’a pas vu.
Le moment venu, évidemment, rien ne va. Pour commencer, devant l’importance de Maggie (qui s’est inventé un CV plus glorieux que dans la réalité…), le proviseur Wilson a décidé qu’elle parlerait devant une centaine d’élèves au lieu d’une petite classe, et bien-sûr, Maggie n’a rien préparé. Pire encore, ce voyage dans le temps a complètement refroidi Maggie, pendant qu’Eddie reçoit un appel suspect de son frère…

Et c’est donc là que je bute. Je bute parce que, si je vous en dis plus, je vous gâche la surprise qui précisément me fait courir ici ventre à terre pour vous recommander Big Mood. Ce qui ne se fait pas… pas vrai ? Pas vrai ??? Non, non bien-sûr. …Même pas un peu ? Ok non mais j’entends bien, c’est juste que ça valait la peine de poser la question.
Donc à partir de là, que vous dire ?
Que l’épisode introductif de Big Mood réussit très habilement à poser à la fois les jalons de son intrigue, à établir une relation et ses mécanismes, et à dire quelque chose de très fin sur l’une de ses protagonistes ? Que lorsqu’on comprend ce qu’elle nous a communiqué au fil de l’épisode, il est déjà trop tard et que c’est là que se joue tout le noeud dramatique de l’épisode ? Que la dernière scène est absolument impeccable et m’a extirpé un « oh » viscéral aussi surement que si on m’avait frappée en plein ventre ? Un peu de tout cela à la fois. Mais surtout rien de plus.
Ah, et aussi que ça y est. Je vois la ressemblance avec Can’t Cope Won’t Cope. Intéressant d’ailleurs qu’il y en ait bien une et que je l’ai saisie quasi-instinctivement. Mais comme vous n’avez pas vu la série irlandaise, et probablement même pas cliqué sur le lien ci-dessus, je pense pas que ça vous spoile des masses. Alors du coup, tout va bien, il ne vous reste qu’à tenter Big Mood, puis venir me remercier de vous y avoir poussée.


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3 commentaires

  1. JainaXF dit :

    Vu le premier épisode et c’est effectivement très bon… merci !

    J’ai hâte de voir comment ça va se passer, et l’intrigue secondaire m’intéresse aussi…

  2. Kiddo dit :

    Ta critique m’a effectivement poussée vers le trailer, j’adore leur duo !

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