J’ai pas de face

24 janvier 2009 à 0:48

Si vous survivez aux, disons, 5 premières minutes de Faceless, vous pouvez survivre à n’importe quoi, télévisuellement parlant. Ceci est à prendre comme un compliment.

Ce qu’on aime bien dans un pilote, en général, c’est quand on nous met rapidement dans le bain. Là, vous y êtes jusqu’au cou, et une fois que ça a commencé, plus moyen de tenir la tête hors de l’eau : c’est violent visuellement, c’est violent scénaristiquement, c’est, en somme, le genre de truc que vous vous prenez en pleine tronche, un peu comme le personnage principal dans le pilote…

Ce n’est pas la première fois que je vous parle du pilote d’une série qu’on ne verra jamais se développer à l’écran : il y a eu Pretty Handsome, Nikki & Nora… Mais ma réaction devant Faceless est différente, sans doute parce que c’est le genre de série qu’on ne se contente pas d’apprécier gentillement (comme Nikki & Nora) ou pour laquelle on ne se prend pas d’affection à cause de son étrangeté culottée (à l’instar de Pretty Handsome), non, c’est juste parce que Faceless vous laisse vidé de toute force vitale à la fin des 37 minutes de son pilote, et que le niveau d’adrénaline est à un tel pic qu’on ne peut supporter l’idée qu’on n’en verra pas plus.

Tout commence quand John Robson, un procureur fédéral qui mène une enquête en eaux troubles sur un réseau mafieux, se fait démonter la gueule, et pas qu’un peu, par ce qui a tout l’air d’être un tueur à gages, lequel étant bien décidé à marquer le coup et à lui refaire le portrait dans les règles de l’art avant de l’exécuter, c’est pas sur le contrat mais ça fait toujours plaisir. Les avantages du métier, on va dire.
Quelques secondes plus tôt, John était sur le chemin de la maison, comme c’est mignon, pour être à l’heure au dîner, s’asseoir avec sa gentille femme blonde (les gentilles femmes sont toujours blondes, demandez à Boone), et ses deux adorables enfants. Et juste avant de lui mettre une balle dans le crâne et clore leur si délicieuse rencontre, le tueur confie à John que sa prochaine cible, c’est précisément sa gentille femme blonde (les gentilles femmes blondes sont toujours mortes dans le pilote, demandez à Boone).

Sauf que John, contre toute attente, ne meurt pas, en dépit du tir à bout portant qu’il s’est pris en plein milieu de la cervelle, et il survit à ses blessures. Toutes ? Non ! Car celle qui évidemment ne guérit pas, c’est d’avoir appris, à son réveil, que femme et enfants étaient morts. Avec sa gueule cassée, John n’a donc que plus de raisons de partir en guerre contre ceux qui étaient au cœur de son enquête avant que tout ne dérape, puisqu’évidemment, tout cela était commandité pour le faire taire. Eh bah ça prend pas.

Alors d’accord, c’est cliché, l’homme-seul-contre-tous-qui-a-tout-perdu-mais-qui-va-valeureusement-s’infiltrer-dans-la-mafia-pour-trouver-la-vérité-et-se-venger, mais ce qui compte, c’est la façon dont Faceless nous met le nez dedans. Et puis il faut bien dire que le personnage de Robson n’est pas du genre preux chevalier aux grands idéaux : ce mec a la rage au ventre, il n’est animé que par un sentiment de vengeance. C’est tout ce qu’il veut : trouver le fils de pute qui a tué les trois personnes qui comptaient le plus dans sa vie d’avant, et lui niquer sa race, disons-le clairement. Et il est prêt à déglinguer tous les mecs qui vont le faire suer dans l’intervalle… ouais, même s’ils n’ont rien à voir avec sa quête, pas de discrimination.

Robson est complètement endommagé, en fait. Et pas que physiquement, non, ça, ce serait presque le cadet de ses soucis s’il n’y avait pas les séquelles de la balle qui s’est logée dans son crâne. C’est devenu un animal : il tape sur tout ce qui le chatouille ne serait-ce qu’un peu, il a l’œil rivé sur le rétroviseur, il souffre physiquement et psychologiquement en permanence. Du coup forcément, plus rien ne l’empêche de traverser la ligne, et c’est pas une fiotte à la Swayze, lui : il y va franchement. Il s’est même aventuré bien au-delà depuis un sacré bout de temps, et il ne repassera plus de l’autre côté, c’est fini. La bête est lâchée.

Faceless a tout de même, en-dehors de ce seul pitch violent, quelques promesses à offrir, des promesses que la FOX ne lui a pas permis de tenir, mais qui reposaient sur quelques ressorts déjà bien mis en place. Le plus intéressant d’entre eux, c’est le mur sur lequel Robson avait établi les relations entre les différentes pièces de son puzzle. On sent bien que ces photos de criminels sont autant de maillons que Robson va remonter un à un (et démonter sauvagement, probablement aussi), et ça donne une structure intéressante à la série. Enfin, aurait donné, quoi.
Et puis, pendant ce temps, il y a sa petite collègue, enfin, ex-collègue, qui est toujours procureur fédéral, elle, et qui continue l’enquête… Sauf que leurs intérêts ne sont pas exactement les mêmes, elle n’a pas traversé la ligne, elle, elle est sage, la preuve elle porte un tailleur… et on sent bien que l’un dans l’autre, tôt ou tard, il y aura confrontation alors que, finalement, ils sont tous les deux « gentils » dans cette affaire, par opposition aux « méchants » du crime organisé. On retrouve aussi un autre ressort plus classique, le type qui joue probablement double jeu et qui en sait probablement plus long qu’on ne le croit ; ceci en la personne de Mark Feuerstein qu’on a toujours plaisir à retrouver, en plus. Je ne vous en dis pas plus mais l’air de rien, Faceless a quelques retournements de situation à proposer dés le pilote, ce qui démontre d’autant plus son potentiel.

Mais de tous les atouts de ce pilote, le plus louable est très certainement le style : il ne s’agit pas de se contenter d’éclater des mecs à longueur d’épisode, vlam dans la gueule, tiens pis prends ça pour la route, non, l’idée c’est d’essayer de faire ça en donnant une apparence léchée à tout cela. Ici, la caméra et le montage sont particulièrement brillants, il y a des idées graphiques très appréciables, bref, on a fait ça bien. On n’est pas chez les sagouins de The Beast, qui se contentent de trouver quelques décors naturels chouettes et de forcer sur les néons. On connaît le métier.

En fait, hm… pour vraiment juger du style de Faceless, il vous faudrait voir le preair, et maintenant que vous me le dites, oui, en y réfléchissant, c’est vrai que je connais quelqu’un qui connait quelqu’un qui sait faire des posts La preuve par trois, mais vu que vous m’avez demandé un post La preuve par trois sur 30 Rock et que vous ne l’avez même pas commenté, je suis un peu refroidie, pour le coup.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. Nakayomi dit :

    Personnellement, je passe allègrement mon tour pour un post la preuve par trois… Non, rien de rien… Non, y’a vraiment rien qui m’attire dans cette série avortée… Pas du tout mon genre…

  2. freescully dit :

    Puisque c’est toi qui fait la comparaison, après avoir regardé The Beast ce matin, je prendrais bien une dose de Faceless…

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