Rebond

28 avril 2009 à 16:00

La vie est… un trampoline. Pour moi, en tous cas.

Il y a un mois de ça, j’avais l’impression qu’une noire tumeur obstruait mes bronches et m’empêchait de respirer. Je me sentais profondément malade. Et le diagnostic était exact (et confirmé), d’ailleurs.
Mais un mois plus tard, les choses sont très différentes.

Les occupations que j’ai en journée sont très différentes.
Les gens que je cotoie sont très différents.
Les choses qu’on me dit sont très différentes.
Le rythme de mes journées est très différent.
La musique que j’écoute est très différente.
La façon dont je passe mes soirées est très différente.
Les nuits sont très différentes, aussi…

J’ai l’air d’aller mieux. Je me sens mieux, d’ailleurs. Sincèrement.
Mais il ne faut pas que je perde de vue qu’il y a à peine un moins, je me tenais assise au bord du gouffre, les pieds se balaçant dans le vide, et que je ne donnais pas cher de ma peau…

C’est vrai que je m’éclate dans mon boulot, que je m’éclate avec mes nouvelles connaissances, que je m’éclate avec mes nouvelles musiques. Quand on y réfléchit, en un mois, j’ai complètement corrigé mon quotidien. Je suis allée vers quelque chose de plus sain, que je sentais comme nécessaire depuis pas mal de temps d’ailleurs, j’ai transformé ma vie et mes habitudes de moi-même, selon mes propres règles, comme sans doute il était inévitable que je le fasse un jour. Mais il y a eu le déclic, celui de se dire « je dois changer ma vie maintenant, induire un nouveau processus ». Et ça semble marcher.

Me voilà donc, en ce moment, contente de me lever, contente d’aller travailler, contente de la musique dans les oreilles qui rythme chacun de mes pas, contente des conversations avec des collègues charmantes (bien que pas toutes les unes autant que les autres, mais la moyenne est très honorable), contente de me préparer mon déjeuner le matin, contente de rentrer le soir, contente de faire une heure supplémentaire de temps à autres, contente d’avoir un patron qui me fait déjà des compliments (se disant sans doute qu’il a eu le nez creux de m’avoir réclamée après seulement 10 jours passés dans mon précédent service)… contente, quoi.

Tout n’est évidemment pas parfait. C’est cela que je tâche de garder à l’esprit. Il faut que je trouve le courage de reprendre contact avec certaines personnes à qui j’avais un peu mené la vie dure ces dernières semaines. Il faut que je trouve encore un peu de temps pour m’occuper de mon site, qui implique que je me réorganise encore un peu car actuellement c’est plus facile de préparer des posts pour mon blog, au boulot, que de faire des MAJ sur le site. Tout n’est pas parfait. Mais j’ai l’impression d’avoir donné le coup de talon dont j’avais besoin pour que les choses s’arrangent.

En dépit de ma bonne humeur en ce moment, je me sais encore très fragile.
Je plaisante avec mes parents de mon travail, enfin, après de nombreux mois où le sujet était devenu tabou, mais je sais que je suis encore sous surveillance et qu’à la moindre faute, il n’y aura pas de titularisation pour moi.
Je sais que je dois être plus prudente sur mon traitement que je ne le suis, et m’astreindre à plus de rigueur parce que ce n’est pas parce qu’un jour j’oublie et que je suis tout de même euphorique que tout est arrangé.

Je reprends progressivement contact avec certaines personnes (toutes proportions gardées, et une par une le temps de les réapprivoiser dans mon environnement), mais je sais que j’ai causé des dommages avec certaines qui ne seront jamais réparées. Je sais que L sera à nouveau là, quelques mois plus tard, parce ça fait des années qu’on communique comme ça, par vagues, parce que chacun gère ses préoccupations en priorité, et qu’il me comprendra. Je sais que T est là, étrangement, si j’ai envie de me marrer, et j’avoue que j’aime l’idée de m’en être refait un pote avec qui déconner, même si c’est à petites doses homéopathiques genre une fois le mois. Par contre il ne fait aucun doute sur le fait que j’ai perdu J dans la bataille, et qu’il fait partie de ceux qui n’auront pas eu le courage d’attendre que je sois de nouveau sur pied pour m’accueillir à nouveau et recommencer à discuter comme avant ou à peu près. Et puis peut-être que je vais enfin avoir une disponibilité d’esprit pour consacrer le temps qu’elle mérite à F dont je sens que je pourrais me faire une bonne copine si ses premières tentatives n’étaient pas tombées au mauvais moment.

Je me sens suffisamment enjouée et forte pour entreprendre ces autres changements, et poursuivre le travail nécessaire à améliorer durablement ma vie. Et ça reste l’essentiel. J’ai le sourire, je me sens bien dans mon travail (pourquoi j’ai l’air de le redécouvrir à chaque fois ? OUI, mille fois OUI, j’aime travailler… quand c’est dans de bonnes conditions, c’est l’éclate totale de rentrer fatiguée, d’avoir été serviable, souriante et efficace, d’avoir non pas gagné mais mérité son argent, d’avoir assuré toute la journée, avec un compliment ou pas, souvent avec en plus, OUI, j’aime travailler, et ô combien cela compte !), je me sens bien d’avoir trouvé un équilibre alimentaire, d’avoir entièrement revu et corrigé mon équilibre au niveau du sommeil, des horaires. J’adore ce que j’ai fait de ma vie en un mois. Laissez-moi en quelques uns de plus et on pourra vraiment dire que cette fois je suis sauvée.

Mais surtout, en dépit de tous ces changements de surface, j’essaye de garder à l’esprit que c’est juste un rebond sur le trampoline.
A un moment, je vais forcément déchanter. Je dois construire mon équilibre pour réussir à attérir sur mes pieds ce jour-là.

Ce grand saut dans le connu, que pour l’instant j’ai l’air de maîtriser, il faut que je me prépare à ce qu’il induira plus tard. L’euphorie retombera, un soucis se présentera, et ce jour-là, il faudra que je sois forte et prête à tenir bon, et ne plus m’approcher dangereusement de la corniche.
Et peut-être qu’à un moment, l’amplitude de mes bonds diminuera-t-elle enfin ?

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1 commentaire

  1. T dit :

    En voila une bonne nouvelle!

    Mais n’oublie pas, tu as tendance a jouer aux montagnes russes. Le but c’est de te stabiliser au milieu, pas de monter toujours plus haut.

    L’euphorie est presque autant ton ennemi que la déprime complete, parce qu’elle l’annonce assez souvent.

    Bon courage!

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