Le virus Jackie se propage mieux que prévu

16 mai 2009 à 17:37

Vous vous rappelez combien j’étais pessimiste quant à Nurse Jackie ? Vous vous souvenez que le cast ne m’alléchait pas du tout ? Bon bah oubliez tout, je suis au contraire hyper enthousiaste maintenant que j’ai vu le preair.

Pendant tout l’épisode, je n’avais de cesse de me répéter que le personnage de Jackie avait l’immense mérite d’être moins caricatural que les habituels personnages de son espèce, House en tête pour des raisons évidentes. Oui elle est sèche, oui elle est cynique, oui c’est une droguée (sublimissime scène d’ouverture entre parenthèses, c’était plus brillant que ne le laissait présager le trailer), oui elle est carrément blasée, oui elle peut paraître désobligeante en de multiples situations… mais tout cela est compensé (et non brandi pour camoufler, la nuance est de taille) par une humanité profonde. Du coup, le personnage n’est pas complètement dans la catégorie « antipathique mais à plaindre », il a un bon pied dans la catégorie « Charlie Crews », c’est-à-dire ni foncièrement bon, ni foncièrement mauvais, ni cherchant à être l’un ou l’autre, juste à se poser les bonnes questions pour trouver son équilibre en dépit des choses qui ne se passent pas forcément bien, ou que le personnage ne fait pas forcément bien.

J’ai trouvé aussi très originale la façon dont été décrite la vie à l’hôpital. Déjà, on n’a pas droit (ou très peu) aux couloirs blancs froids et sans personnalité de la plupart des séries du genre, et ce cadre change beaucoup de choses ; les scènes dans le couloir, ou dans la chapelle, prennent un tout autre relief dans pareille ambiance. Et puis surtout, on ne cherche pas à faire du Urgences-like, et vu que le deuil n’est pas fini, ce n’est pas plus mal. Il ne s’agit pas ici de jouer sur l’adrénaline, et à peine plus sur les cas en eux-mêmes. Ce qui est important, c’est la façon dont ils seront traités non pas sur un plan médical mais sur un plan humain. L’empathie est mise au cœur de la série et c’est un changement vraiment bienvenu.

En optant pour un cast réduit, la série se permet aussi de n’avoir que très peu d’interventions, relativement peu de scènes d’action, et de montrer que tout ce petit monde est une équipe qui a une dynamique très intéressante. A ce titre, la relation qu’a Jackie avec l’infirmier Mohammed, ou celle avec Eleanor, le médecin british au flegme plus vrai que nature, sont des indicateurs de la bonne santé quant à l’effiacité des dialogues. Qui, il me faut le souligner quitte à avoir l’air de jeter des fleurs en tous sens, sont très fins et souvent pétillants.

Ah, une autre qualité encore (oui, encore) : la vie privée de Jackie. Ce qui est intéressant c’est qu’on pénètre son monde alors qu’elle-même ne le remet pas tellement en question. Elle sait qui elle est, ce qu’elle veut et ce qu’elle fait, et c’est très libérateur de voir ce personnage qui accumule les, disons, choix contestables, mais sans culpabiliser et sans que le reste du cast ne cherche à le culpabiliser non plus. Il n’y a pas de place pour le doute chez Jackie, elle sait quand elle fait quelque chose de mal et l’assume, elle se rend bien compte aussi quand elle essaye de faire quelque chose de bien (et alors, le moyen lui importe peu), et c’est finalement une position très brave que de ne pas nous présenter l’éternel repenti. J’ajouterais que du coup, n’avoir pour ma part aucune affinité avec Edie Falco, bah ça m’a pas gênée, parce qu’on ne nous demande pas de la prendre en affection, et encore moins en pitié. L’idée c’est juste de délayer la couleur jusqu’à obtenir un camaïeu aussi précis que possible de sa personnalité, avec ses travers, et on ne vous obligera pas à l’aimer malgré eux, et ses qualités, et on ne vous demandera pas de l’encenser juste parce qu’il y en a. C’est finalement en ça que le personnage de Jackie est profondément humain et facile à suivre, sans attachement superflu mais sans la distance courante chez les personnages mal-aimables, tordus ou machiavéliques.

A partir de là, je ne vous cache pas que, comme Nurse Jackie est une série donnant un souffle nouveau et arrivant à point nommé sur le métier d’infirmière, avec de nombreuses nuances de gris, et une écriture solide et drôle à la fois, je ne vois pas ce que HawthoRNe pourra bien ajouter. Je sens que le timing était très mal choisi pour la seconde série, vu que la première a toutes les cartes en main pour accomplir très intelligemment cette mission, et ce en ayant pris de l’avance.

J’ai fini le preair, je l’ai mis sur une pelote de laine, et j’ai tout de suite été m’ajouter aux amateurs de la série sur la fiche Nurse Jackie de SeriesLive.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. freescully dit :

    Tout pareil ! (même si moi je les aime tant ces personnages mal-aimables, tordus ou machiavéliques…) J’ai été absolument enchantée par ce pilote, qui apporte vraiment quelque chose de nouveau, et comme c’est assez rare en ce moment, il faut en profiter

  2. ladyteruki dit :

    Il y a des personnages mal-aimables, tordus ou machiavéliques que j’aime. Mais c’est tellement vu et revu !

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