We’re in this together

8 mars 2017 à 15:00

Voilà 6 mois que Naomi et Kanako ne se sont pas vues ; ces anciennes amies de fac ont toutes deux, après tout, une vie bien chargée : Naomi se consacre à son travail afin d’obtenir une promotion qu’elle espère de longue date, et Kanako dédie ses journées à la vie de son jeune foyer, environ un an après s’être mariée. Depuis que Kanako et son mari Tatsurou ont emménagé dans le même quartier que Naomi, toutefois, les choses se simplifient. Aussi les deux femmes se retrouvent-elles à l’occasion d’un dîner qui inclut également Tatsurou et la sœur de celui-ci, Youko.
Quelque chose, pourtant, semble ne pas aller dans la vie de Kanako, quelque chose que Naomi décèle dans le regard de sa meilleure amie mais aussi son attitude. Quelque chose qui semble indiquer que Kanako est terrifiée.

Trigger warning : violence domestique, idées suicidaires.

De fil en aiguille, Naomi va découvrir que Kanako est en réalité la victime de violences domestiques depuis près d’un an. La jeune épouse n’est plus seule, à présent, dans cet enfer ; les abus de son mari vont servir de point de départ à un thriller doublé d’une forte histoire d’amitié, celle de Naomi to Kanako.

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D’emblée, le premier épisode de Naomi to Kanako nous indique à quelle sauce nous allons êtes mangés, en commençant par un moment capital : celui pendant lequel les amies demandent une dernière fois l’une à l’autre si elles sont sûres de vouloir passer à l’acte. Elles sont en effet sur le point de tuer Tatsurou ! Comment en est-on arrivés là ? Eh bien cela va être, naturellement, l’occasion d’un retour en arrière d’un mois à peine, pour nous permettre de suivre en détails comment Naomi a fini par apprendre ce qui se trame dans le foyer de son amie.
Parce qu’il s’agit là du centre névralgique de son intrigue, la série prend son temps pour parvenir à cette conclusion, notamment en choisissant de nous la faire vivre exclusivement du point de vue de Naomi, un choix dramatique qui s’avère payant.

Naomi ne tombe pas exactement des nues lorsqu’elle apprend quelles exactions sont commises par le mari de Kanako : la violence domestique, elle connaît bien, elle qui pendant toute son enfance a vu son père frapper sa mère (son père est justement mort quelques mois plus tôt, et toute sa famille n’en respire que mieux). C’est parce que justement elle a eu cette expérience si intime et douloureuse des violences intrafamiliales que Naomi ne supporte pas de laisser son amie se débrouiller seule avec ce qui lui arrive (la façon dont les souvenirs des violences passées se mêlent dans son esprit avec ce qu’elle imagine des violences vécues par Kanako est, à ce titre, très bien trouvée).
Le premier épisode de Naomi to Kanako montre bien par quels paliers passe la jeune femme dans ses tentatives d’intervention : soutien, discussion, négociations, tentative d’extraction, et finalement… finalement cette proposition de tuer le bourreau. Parce qu’à ce stade, il semble qu’il n’y ait pas d’autre choix, d’autant que la famille de Tatsurou est puissante et que Kanako, terrifiée, est convaincue qu’elle ne pourra jamais lui échapper tant que l’un ou l’autre dans ce couple sera en vie. A choisir, Naomi préfère donc amplement tuer le mari que laisser son amie se suicider…

Autour de cette tragédie s’orientant sur la conspiration criminelle, se dévoilent mille détails dont on ne détermine pas si facilement quel rôle ils joueront dans le plan pour se débarrasser du mari violent.
Le plus intrigant d’entre eux est la présence d’une immigrée chinoise qui, dans un premier temps, semble être une antagoniste de Naomi dans une intrigue professionnelle tout-à-fait annexe, mais qui s’avère devenir, au fil du premier épisode, une surprenante alliée. Bon, dans les faits, ce personnage d’immigrée chinoise est assez atroce (il est interprété par une actrice japonaise arborant le plus cliché des looks, un accent artificiel que je n’hésiterai pas à qualifier de raciste, et une attitude stéréotypée au dernier degré), mais Naomi s’attache si facilement à cette femme bigger than life, et la franchise de celle-ci est si surprenante dans l’ambiance que le spectateur finit par céder et admettre que Mme Li apporte une énergie bienvenue dans l’épisode. Mais quel rôle jouera-t-elle à l’avenir ? C’est moins évident.
Naomi to Kanako est décidément une affaire de personnages féminins, vu l’importance que semble prendre, selon toute logique, la sœur de Tatsurou. Youko n’est probablement pas qu’un personnage secondaire anodin, vu qu’elle est présente (et non son frangin) sur le matériel promotionnel de la série. Elle semble représenter une forme de pression extérieure, exercée subtilement auprès du jeune époux aussi bien sur un plan professionnel que même sur des questions d’ordre privées (comme le fait que Kanako ne semble pas désireuse de tomber enceinte dans l’immédiat), mais est-elle consciente de cela ? Sans lui faire porter la responsabilité du comportement de son frère, Youko a clairement un rôle à jouer dans les évènements du mois à venir… peut-être faudra-t-il que les deux amies déjouent ses futurs soupçons ? Ou autre chose, qui sait. Difficile à déterminer avec certitude pour le moment.

Il est vraiment appréciable que, dans sa façon de mettre en place les éléments de son introduction, Naomi to Kanako accorde si peu de temps à son personnage masculin. Ici (contrairement à ce que par exemple Last Friends produisait pour Sousuke), pas question de fournir des excuses sous la forme d’une analyse psychologique : tout ce que nous avons besoin de savoir, c’est que Tatsurou se défoule de ses frustrations sur sa femme, et que c’est de façon univoque présenté comme « mal ». Ce comportement ne cessera pas (Naomi est particulièrement insistante sur ce point) et les excuses présentées par le passé n’ont aucune valeur. Naomi to Kanako n’a pas le temps de donner pour son bourreau. Il ne se verra offrir aucune chance de rédemption, sous quelque forme que ce soit ; l’idée sous-jacente semble être que, s’il voulait éviter le sort que les deux femmes lui réservent, il n’avait qu’à ne pas se montrer violent et abuser de son pouvoir sur sa femme. Point. En lui ôtant toute possibilité d’exister aux yeux des spectateurs de quelque autre façon que ce soit, Naomi to Kanako dépeint avant tout des actes inexcusables ; pas vraiment pour exonérer ses héroïnes de leur acte criminel à venir, mais bien parce que le débat en la matière est inutile.

Lorsque commence la série, la réussite de leur entreprise semble acquise : les deux femmes sont à quelques secondes de leur passage à l’acte, vraisemblablement déterminées (bien que terrifiées), et rien ne semble venir contrer leur plan. Mais vous et moi avons vu assez de thrillers pour savoir que rien n’est garanti, et il faudra donc aller au-delà de la première heure de Naomi to Kanako pour savoir si les deux femmes réussissent, au bout du compte, à briser d’une façon ou d’une autre la spirale infernale de la violence domestique.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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