A storm is coming

29 décembre 2019 à 20:28

La fin de l’année arrive et à un moment, il faudra se rendre à l’évidence : il ne me sera pas possible de vous parler de tout ce dont je voulais discuter en 2019. Oh, allez, je sais bien que l’an prochain ce sera exactement le même problème, et l’année suivante, et toutes les années après ça, jusqu’à la fin des temps, parce que la vérité c’est que fort heureusement, il y a des millions de choses à dire sur la télévision, d’où qu’elle vienne et quelle que soit son époque d’origine. On n’en fera jamais le tour. Tant mieux et tant pis.
Perdu pour perdu, même si je voulais plutôt essayer de vous parler de Total Control (dont je n’ai pas fini la critique à temps) ou de Hjem til Jul (dont je n’ai pas réussi à venir à bout avant la fin de l’année), aujourd’hui on cause du premier épisode d’un teen drama néo-zélandais répondant au nom de The Cul de Sac (absolument). Vous n’en avez sûrement pas entendu parler, et pourtant la série compte 3 saisons, il était donc grand temps de lui accorder quelques paragraphes. Ha ! « Quelques ».

The Cul de Sac date de 2016 mais son sujet était particulièrement d’actualité en 2019, année pendant laquelle que Netflix a lancé 52 séries dans lesquelles des adolescents devaient survivre dans un monde sans adultes. Or, c’est précisément le sujet de la série néo-zélandaise.

Tout commence alors Rose est réveillée par son petit frère Tom, qui exige qu’elle lui prépare un petit déjeuner ; or la jeune fille est déjà en retard pour son job à mi-temps, son réveil n’ayant pas sonné. Leur sœur Eliza n’est d’aucune aide non plus, Rose et elle se chamaillent de bon matin. Bref tout ce petit monde est très occupé, trop, sans doute, pour vraiment s’attarder sur le fait que leur mère manque à l’appel (bof, elle est sûrement à son cours de pilates). Mais plus l’heure avance et plus, dans la précipitation, il se produit des choses inquiétantes. Le fils des voisins, le petit Sam, est lui aussi seul à la maison, par exemple. Le chien Max est devenu une vraie furie. Et puis, plus aucune technologie ne marche : pas de réveil, pas de téléphone, pas de voiture… Leur ami Jack (KJ Apa, qui a depuis déserté la Nouvelle-Zélande pour aller jouer dans Riverdale, le traître) plaisante en disant que c’est l’apocalypse, mais il faut bien reconnaître que ça y ressemble.
Lorsqu’Eliza commence à faire une crise d’asthme, toutefois, et que la jeune fille s’avère être à court de ventoline, Rose décide de mettre ses interrogations de côté pour emmener tout ce petit monde à l’école, où elle sait que sa sœur garde une réserve dans le bureau de l’infirmière. Elle n’est pas au bout de ses surprises : l’établissement est tombé sous le contrôle de Doni, le fils d’un employé de ménage ; il détient toutes les clés et décide qui rentre ou sort de l’école. Or, nombreux sont les enfants qui tentent de s’y réfugier…

Il n’y a dans cette exposition rien de fondamentalement révolutionnaire et je veux bien vous l’accorder. Les séries de ce type n’ont de toute façon pas des masses d’options en matière d’exposition, et leur influence quasi-systématique par Sa Majesté des Mouches ne fait qu’ajouter à l’impression de banalité de certains ingrédients.
Pourtant cette introduction de The Cul de Sac fonctionne plutôt pas mal, et cela, on le doit au personnage de Rose. Sa détermination (elle a obtenu son job comme apprentie guide afin de pouvoir accéder à une bourse universitaire), son mental d’acier (elle ne se laisse jamais submerger par l’émotion) ou encore ses qualités évidentes de meneuse (instinctivement reconnues, bon gré mal gré, par tous ceux qu’elle croise), font d’elle un personnage central convainquant. On se laisse immédiatement emporter par son autorité, nécessaire pour suivre ce premier épisode mené tambour battant… mais cela ne signifie pas que Rose est un personnage sans aspérités. Un élégant flashback, en cours d’épisode (le seul d’ailleurs), nous rappelle son attachement à son père, un scientifique qui s’est absenté quelques temps avant le début de l’intrigue pour des raisons professionnelles.
Elle semble aussi n’avoir pas compris aussi bien que d’autres personnages, et en particulier Doni, ce qui se passe, et les enjeux relatifs à la survie en particulier.

Très vite The Cul de Sac met en effet en évidence le fait que Doni, aidé de quelques autres lycéens, a complètement verrouillé l’accès non seulement à un lieu sûr (et on va découvrir à quel point c’est important vers la fin de l’épisode), mais aussi à la nourriture qu’il contient. Avant même que qui que ce soit n’ait compris ce qui se passe, il a compris que les clés de son père lui donnaient un avantage immense, et il est résolu à s’en servir. Alors bien entendu, il apparaît ici comme un grand méchant de service, mais peut-on lui reprocher de savoir ce que, en somme, toutes les fictions post-apocalyptiques recommandent de garder à l’esprit ? Pas exactement. Le vrai problème, bien-sûr, n’est pas que Doni ait pensé de façon très pratique à l’intérêt de son accès à la sécurité et aux vivres, mais plutôt ses intentions sur qui est digne (ou pas) d’y accéder également.

J’avoue que ce premier épisode n’est pas ce qui m’intéresse le plus à propos de The Cul de Sac (et si vous connaissez mon intérêt pour les pilotes et aux épisodes introductifs, ça devrait vous mettre la puce à l’oreille), mais plutôt ce que la série nous réserve pour la suite. J’avais un peu lu quelques trucs à propos des grands thèmes de The Cul de Sac, et j’ai trouvé quelques autres très intéressants ingrédients dans le trailer de fin d’épisode de surcroît ; comme un nombre grandissant de séries de ce type (et Khweng, dont on parlait il y a quelques semaines, en est une), The Cul de Sac utilise l’éco-anxiété comme l’un de ses ressorts mythologiques. Ce n’est, il est vrai, pas encore complètement palpable dans ce premier épisode, en-dehors de l’omniprésence menaçante des orages… mais que ce thème s’annonce me laisse bon espoir pour la suite.

En un sens, je crois que ça m’a fait du bien de regarder The Cul de Sac en cette fin d’année, et de voir que la série adolescente, comme plusieurs autres pendant la décennie, prend à bras le corps des questions importantes encore trop rarement abordées par la fiction « pour adultes » (qui sans nul doute est en train d’y venir cependant). Je me demande si, de la même façon que les années 2010 ont vu de nombreux adolescents et adolescentes prendre la parole sur des problématiques dans les médias (incitant le monde adulte à se préoccuper mieux de ces sujets), les séries pour ado n’ont pas aussi fait cela, l’air de rien. Il y a, évidemment, encore des teen dramas s’intéressant plus aux amours et aux sexualités des ados sous un angle superficiel et escapiste ; il y en aura toujours, et c’est pareil pour les séries dont ils ne sont pas la cible directe. Mais beaucoup de ces teen dramas sont aussi politiques, et je crois que c’est plutôt nouveau par rapport aux décennies précédentes, en tout cas à ce degré.
Si la télévision pour ados et jeunes adultes (et même la télévision pour enfants) peut fournir à la fois du divertissement à court terme ET un exutoire sur des préoccupations plus larges, je dis tant mieux. Longtemps nourris avec des séries peu ambitieuses sur le fond, ces publics ont, à mon avis, un véritable appétit de séries qui les prennent au sérieux. Et puisque tout le monde en est à adresser ses vœux pour 2020, tout ce que je souhaite aux plus jeunes des téléphages parmi nous, c’est qu’ils trouvent des séries qui leur parlent aussi de ce qui les dérange…

par

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Mila ♥ dit :

    Haha, j’ai à peine terminé une série « jeunes laissés pour compte » que tu nous proposais (Khweng, donc) que tu nous en proposes une autre !!!! Et puisque j’ai un faible pour, ça m’intéresse, mais pour le moment, je n’ai pas encore trouvé où regarder celle-là 🙁 Les sites que je trouve ne fonctionnent pas. Arf. Mais je trouverai ! Tu as été de bon conseil sur Khweng/The Stranded en tous cas, parce que ça m’a plu^^ Je l’ai enchainée (faut dire qu’elle est pas longue) (j’attends la saison 2… clairement o.o) ! Et après coup, j’ai appris que le scénariste/réal de la série était également le scénariste de plusieurs films d’horreur Thailandais que j’aime beaucoup ! Ca m’a fait plaisir au fond de moi :’) J’ai vu ses premiers films, puis l’avais perdu de vue, donc… c’était cool de voir ce qu’il fait maintenant ! Je ne peux honnêtement pas dire que j’ai spécialement reconnu « sa patte », mais en revanche, l’influence « horreur », elle, elle était bien là, et tu te doutes que ça ne m’a pas déplu^^

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