Get rekt

6 juin 2021 à 19:13

D’ordinaire, j’aime bien parler des séries scandinaves qui ne sont pas des polars, parce que d’une part yen a plein et qu’elles ne trouvent jamais autant de publicité, et d’autre part, eh bien, euh, parce que j’aime ça. Et je ne manque jamais une occasion de vous parler des dramas familiaux, des comédies barrées, ou de toute autre petite gemme que je trouve sur mon chemin.
Aujourd’hui ne sera pas l’une de ces occasions. Aujourd’hui, on va plutôt parler de Try Hard, et j’écris ces quelques lignes plutôt comme un avertissement.

Try Hard, c’est une comédie… pardon, une « comédie » de la plateforme nordique de streaming Viaplay. Elle a décidé de se dérouler dans l’univers des e-sports, cette fois. Entendons-nous bien : il y a des séries originales de Viaplay qui valent le coup d’oeil (on parlait de Pørni à peine le mois dernier, après tout !), et il y en a d’autres qui me tentent dans un avenir proche (Dystopia, une série d’horreur qui débarque la semaine prochaine, est ultra-intrigante de par sa promesse d’utiliser un jeu de rôle grandeur nature pour base de départ, et j’ai hâte de la comparer à Siberia).
Mais tout dans la démarche de Try Hard prouve qu’on ne s’est pas donné beaucoup de mal ici. Ironiquement.

Sebastian est un adulte de 23 ans, mais il continue de se comporter comme un adolescent ; il passe sa vie à jouer aux jeux video, et vit aux crochets de ses parents. Ceux-ci ont passé le point de non-retour, et décident finalement de lui couper d’abord l’électricité, puis finalement les vivres. Seb est donc mis face à un ultimatum : soit il trouve quelque chose à faire de sa vie (et ça tombe bien, il y a un salon d’orientation en ce moment, il pourrait y trouver une formation ou un boulot), soit il déménage. Et non, bosser gratuitement au cybercafé du coin ne compte pas !
Evidemment le jeune homme vit cela comme un affront personnel, surtout qu’il a été interrompu en pleine partie avec son meilleur pote Henrik lorsque ses parents ont organisé leur petite intervention. Il est convaincu que s’il continue sur sa lancée, il finira par être recruté par une ligue qui va le payer une petite fortune pour jouer sur Faceit, son jeu video préféré (et clairement un équivalent de Counter-Strike). Le pire, c’est qu’une fois au salon d’orientation, il fait la rencontre de « Salt », un ancien joueur de compétition qui aujourd’hui donne des cours en vue de former les joueurs qui se présenteront à « Crazy LAN Randers », où les célébrités e-sport de demain sont repérées. Bon, les cours ne l’intéressent pas vraiment, mais Seb se convainc que participer à Crazy LAN Randers va lui ouvrir les portes des plus grandes équipes. Sauf que pour y participer, il doit avoir sa propre équipe, et qu’il va donc devoir s’organiser avec ses meilleurs potes gamers.

Si seulement il n’y avait que Sebastian qui avait un poil dans la main, dans ce premier épisode. Mais c’est toute la série qui est d’une flemme désolante. Les personnages sont unidimensionnels et stupides (tous autant qu’ils sont, et au passage vous remarquerez l’emploi du masculin, il a tout son sens ici, les rares personnages féminins cumulant un total de trois répliques et demies…), pour commencer. On est ici dans l’énumération studieuse de clichés sur les gamers, pire encore que The Big Bang Theory sur les geeks (et faut le faire !). Mais à la rigueur ça passerait si la comédie était…
…c’est que le mot que je cherche, déjà ? Oui, voilà : drôle. Si la comédie était drôle, ça passerait mieux. Un peu mieux, mais ce serait déjà ça de pris.

Try Hard n’a aucune affection pour son sujet. Que l’on considère que son sujet est Sebastian, ou que l’on considère que de façon plus large c’est le jeu video. Je ne suis même pas totalement convaincue que les créateurs connaissent grand’chose au sujet. Ce serait pourtant une bonne idée d’avoir une série qui parle du miroir aux alouettes qu’est le milieu du jeu video à l’heure actuelle, qu’on parle des illusions que peut donner le streaming ou qu’on traite, comme c’est le cas ici, de la compétition de haut niveau. Mais Try Hard n’a pas l’air d’avoir envie de s’intéresser au fond de son sujet, juste de montrer une bande d’imbéciles qui se lancent dans un projet idiot, présenté comme voué à l’échec (et même s’il ne l’était pas, ça ne serait pas beaucoup plus satisfaisant).
Jamais la planète n’avait autant joué aux jeux videos qu’en 2020, et voilà Try Hard qui débarque avec ses poncifs d’un autre temps, ses personnages vides et ses dialogues sans intérêt. Je suis un tout petit peu moins sévère avec le personnage d’Henrik (qui est quelqu’un de positif et un peu plus surprenant que la moyenne des autres protagonistes), mais c’est uniquement par effet de comparaison, la barre étant placée particulièrement bas.

Try Hard ne fait aucune promesse valable, et celles délivrées du bout des lèvres par son premier épisode ne font pas envie. La série se refuse à, pardon, jouer le jeu. Au pire, si vous devez vraiment passer quelques heures à imaginer devenir riche en jouant à des jeux video, inscrivez-vous sur Twitch, ça vous passera très vite.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

1 commentaire

  1. Tiadeets dit :

    « pire encore que The Big Bang Theory sur les geeks (et faut le faire !) » – Yikes. Oui, mais non, hein.

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