Le sel de la terre

8 avril 2022 à 21:48

Que serait le Ramadan sans une série mettant en scène Mohamed Ramadan au générique ? Rarement on aura vu un acteur mieux nommé.

L’an dernier j’avais brièvement reviewé Mousa, (et encore plus brièvement Al Ostoora dans un fun fact) mais j’ai réussi à mettre la main sur le premier épisode d’Al Mishwar, sa série de cette année. Du coup, ce sera notre série du jour. Toutes mes sources sur le sujet semblaient s’accorder à dire qu’Al Mishwar était l’un des mosalsalat les plus attendus du Ramadan 2022, par contre, de façon intéressante, aucune ne semblait s’accorder sur le sujet de la série. Personnellement, ça ne me dérange nullement de me lancer dans une série à l’aveugle, mais si vous voulez en savoir un peu plus, suivez-moi, je vais tout vous expliquer.

Maher et Ward forment un couple soudé. Toutes les deux sont employées dans une mine de sel d’Alexandrie, Maher chargeant les camions et Ward travaillant dans l’atelier de la même compagnie. Ce n’est pas un job qui rapporte beaucoup dans un cas comme dans l’autre, c’est pénible, et même si l’endroit n’est pas totalement hostile, le couple ne s’entend pas vraiment avec sa hiérarchie. Lorsque la série commence, Maher est appelé en urgence à l’infirmerie de la compagnie : Ward serait tombée. Il panique, d’autant qu’il ne parvient pas à la joindre sur son téléphone… avant de faire irruption, paniqué, à l’infirmerie, et découvrir qu’elle va très bien ! Ward a en fait tout simplement trouvé une combine pour qu’elle et son mari quittent le travail plus tôt ce jour-là, et profitent du reste de leur journée ensemble.
L’épisode les suit avec bonheur, alors qu’elles vont s’achètent quelques fruits frais, assistent à un match de foot de leur fils Raheem au bord de la plage, puis rentrent à la maison. Cette maison, c’est celle de sa tante Wassifah, une vieille femme avec laquelle la petite famille a emménagé. Ce n’est pas grand, et c’est un peu vétuste, mais la maison bouillonne d’activité et de bonne humeur. En plus, Maher et Ward sont clairement amoureuses comme au premier jour, donc tout semble parfait.

Al Mishwar ne nous dit pas tout de suite pourquoi tout cela est important, ou parfois dépose une allusion discrète avant de retourner à sa tache : décrire le quotidien, mais surtout l’attitude, de Maher et Ward.
On l’a dit et on l’a redit : une série quotidienne n’a pas les mêmes priorités lorsqu’on parle d’exposition. Même si, par la suite, Al Mishwar promet de prendre des airs de thriller, pour le moment ces instants chroniqués sont doux. Ils nous permettent d’apprendre à connaître le cœur de ce couple, leur affection l’une pour l’autre, et leur terrible envie de vivre.
C’est que, Maher et Ward n’ont aucune intention de travailler dans une mine de sel toute leur vie ; leurs ambitions sont ailleurs. Pas question de se rompre le dos pour un salaire de misère. Même si ça ne fait qu’un peu plus de deux semaines depuis leur embauche, elles en ont déjà marre. Il semblerait même que ce soit une couverture, qui justifie auprès de Wassifah et surtout son fils adulte Salah (qui ne vit pas avec la famille, mais auquel elle paie le loyer) les revenus du couple, sans être leur vraie source d’argent. Apparemment, leurs plans sont ailleurs, en particulier au Caire où la famille habitait précédemment, et où l’un de leurs amis surveille quelque chose… Mais quoi ? On ne le saura pas précisément. Mais effectivement, ça pique la curiosité.
En tout cas, la série a établi que le mensonge n’était pas un problème à leurs yeux…

Bien qu’il soit assez clair que ce qui se loge dans ce mystère va probablement conduire au changement de ton, du drama familial vers le thriller haletant, pour le moment, on savoure. On savoure cette tranche de vie, ces scènes heureuses même dans l’imperfection, ces personnages fortes en gueule mais attachantes (précisément parce que cette accalmie ne saurait durer… peut-être la regrettera-t-on plus tard, quand les choix auront des conséquences ?). Et on savoure la façon dont elles sont filmées.

Al Mishwar donne tous les signes d’être une très, très belle série. Les premiers plans filmés dans la mine de sable sont incroyables de beauté, et les scènes plus intimistes sont colorées et chaleureuses. Parfois on a l’impression que certains plans, plus contemplatifs, sont juste là pour forcer les spectatrices à apprécier la beauté qui se loge dans un quotidien pourtant en apparence peu reluisant… et parfois on dirait que c’est juste pour se vanter (« ce plan-là, c’est parce que je le pouvais ! »). Ca m’a fait sourire avec émerveillement et tendresse plusieurs fois. Il faudrait aussi mentionner l’excellent générique d’ouverture de la série, recréant ce qu’on imagine être des scènes à venir de la série en modèle réduit, avec des petites figurines pour représenter les protagonistes. Je ne sais pas quelle est la part de maquettes et la part de 3D dans ce résultat, mais bon sang, des génériques comme ça, j’en prendrais volontiers tous les jours.
Par chance ! Al Mishwar est précisément diffusée tous les jours pendant ce mois de Ramadan, entre autres sur la plateforme Shahid.


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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. Tiadeets dit :

    Les images donnent envie en tous cas. J’aime toujours les séries qui prennent le temps de nous faire nous attacher aux personnages, c’est d’autant plus dur de s’arrêter lorsque le danger et le stress arrivent.

    • ladyteruki dit :

      Je trouve que c’est vraiment un point fort de certaines cultures télévisuelles plus que d’autres. Et évidemment, il y a certains formats de diffusion qui s’y prêtent bien.

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