Show to the max

16 avril 2022 à 20:01

J’en parlais il y a quelques jours : au début du mois d’avril, je me suis fait plaisir en m’octroyant… l’ouverture d’un compte gratuit sur une plateforme de VOD. Rien de tel qu’une période d’essai gratuit pour profiter de ce que le monde du streaming peut parfois apporter, y compris à moi qui n’en ai pas les moyens.
Cet essai, il était sur Showmax, une plateforme sud-africaine dont je vous expliquais les tenants et aboutissants dans ma review de Nqobile… non sans vous promettre plus de reviews sud-africaines à l’avenir.

Pouvant difficilement consacrer 712 articles aux seules séries de cette plateforme (oui parce que, vous savez, Peak TV et tout ça), je me suis dit qu’une bonne solution était de faire usage des articles dits « Multi« , et de proposer (un peu comme je l’avais fait pour les séries de la télévision publique belge francophone un peu plus tôt cette année par exemple) un panaché de reviews de pilotes. On sait pas, peut-être que vous aussi allez tirer avantage de cette période d’essai en lisant l’article du jour ?

Voici donc 10 pilotes sud-africains que j’ai regardés pendant ces deux dernières semaines.

AboMama
(2018 – Crime drama – 42mn)
Que feriez-vous si, avec vos amies, vous trouviez 2 millions de rands ? Les héroïnes d’AboMama commencent la série comme de simples paroissiennes, fréquentant l’église de leur township, et participant à un groupe de prière. Chacune a ses propres préoccupations : Fumane, l’épouse du pasteur, veut ouvrir un foyer pour femmes battues et leurs enfants, ce que son mari prétend impossible pour des raisons financières ; Tshidi, une femme au foyer respectable qui l’a jadis moins été ; Dora, la patronne d’un spaza en faillite parce qu’elle fait crédit à tout le monde ; et enfin Mapule, qui élève tant bien que mal la fille de son frère Thabang, un criminel à la petite semaine. Si au début, ça ressemble un peu à un Desperate Housewives des townships, la série opère un virage à la Good Girls lorsque Thabang vole de l’argent à son patron, un gangster local, et en dévoile la cachette à sa sœur Mapule. Celle-ci s’ouvre à ses amies quant à son dilemme : Dieu ne voudrait pas, bien-sûr, qu’elle se serve d’argent sale… n’est-ce pas ? Avant la fin de cet épisode mené tambour battant, la question va être vite répondue. Si, pour le moment, il n’y a pas trop de surprises sur l’intrigue principale, en revanche AboMama réussit son entrée en matière grâce à son rythme impeccable et ses excellentes protagonistes, d’emblée délicieuses dans leurs scènes ensemble (légèrement moins séparément). Il y a pas mal de sous-texte religieux, parce que ces dames sont très pieuses, mais c’est justement ce qui fait tout le sel de notre histoire. Malgré le manque de moyens évident, la série est vraiment sympathique à suivre, et malgré la fin un peu violente de cet épisode introductif, je me suis retrouvée avec un sourire sur les lèvres. Je ne suis pas la seule : AboMama compte déjà 2 saisons, toutes les deux sur Showmax.

Entangled
(2022 – Romance – 23mn)
La nuit qui précède son mariage avec l’homme qui partage sa vie depuis 10 ans, Sizwe, la belle Sharon fait un rêve érotique avec son ex, Julius. Mais ça ne veut rien dire, hein ? Dites ? Hein ?! Naturellement, les choses ne font que se compliquer à partir de là, et même si ce premier épisode d’Entangled a quelques longueurs (en partie à cause des nécessités d’exposition), cette comédie romantique fait bien son travail pour mettre en place un triangle amoureux légèrement différent de la moyenne. Disons qu’à l’impossible nulle n’est tenue, en tout cas. Les répliques sont excellentes et émaillées de références, les protagonistes intéressantes (avec notamment une intrigue secondaire sur un deuxième triangle amoureux bien plus imprévu !), et le revirement de la fin de cet épisode fait son petit effet même quand on le voit venir. C’est charmant, en grande partie parce que la distribution est tenue d’une main de fer pour éviter de surjouer la comédie, ce qui confère à Entangled un côté à la fois léger et mature. Pour le genre dont il s’agit, je trouve que c’est pas mal ; mais on sait toutes que je ne suis pas experte en romance, donc dans l’idéal il faudrait vous faire votre propre opinion.

Housekeepers
(2018 – Drama, Thriller – 23mn)
Voilà une série sur laquelle je voulais à tout prix mettre la main, ne serait-ce qu’une fois, parce qu’on trouve à son générique, dans le rôle d’une mère et sa fille, les excellentes Clementine Mosimane et Thando Thabethe… également au générique, dans le rôle d’une mère et sa fille, de How to Ruin Christmas que j’aime tant ! Le ton est, par contre, très différent : une jeune avocate pleine d’avenir se fait engager comme domestique par la famille qui employait précédemment sa mère. Celle-ci était en effet une infirmière à domicile, auprès de Veronica (ou « Vee »), une femme atteinte de démence ; or, le jour où son mari Peter s’apprête à prendre une seconde épouse du nom de Boni, Vee recrache ses médicaments et devient incontrôlable. Et c’est bien de contrôle ici qu’il est question, si bien que Boni, follement jalouse de l’affection que Peter porte à sa première femme, décide de tuer Vee… mais fait porter le chapeau à l’infirmière. Le premier épisode est une énième preuve (dont la télévision sud-africaine n’en manque pas ; historiquement, les épisodes d’une demi-heure ont les faveurs de plein de diffuseurs africains de toute façon) qu’on peut faire de très bonnes choses en matière de série dramatique ou de thriller en moins de 30 minutes. La réalisation de cet épisode introductif inclut quelques excellents moments (la cuiller ! la cuiller !), même si elle a aussi, nettement, une affection toute particulière pour les ralentis. Inutile de préciser que l’interprétation est également convaincante… Bref, dans un monde parallèle meilleur, je bingewatche les 3 saisons actuelles de Housekeepers.

Mzali Wami
(2021 – Drama, Thriller – 23mn)
Deux femmes, aux abords du même hôpital, toutes les deux en sang. L’une porte un bébé dans ses bras, qu’elle vient d’avoir et que, contre avis médical, elle emmène en catastrophe pour aller sauver son mariage. L’autre, en état de choc, vient de perdre son bébé dans une chambre à quelques mètres de là. La première s’effondre et, dans un réflexe protecteur, a juste le temps de confier son nourrisson à la seconde, avant de perdre connaissance. C’est la dernière fois qu’elle verra sa fille.
Le premier épisode de Mzali Wami est douloureux à regarder, aussi simple soit-il. Il revient sur le déroulé de ces événements et les motivations de ces deux femmes, ainsi que leur détresse, puis les heures qui suivent « l’échange »… Les éléments de contexte ont besoin d’être délivrés, et ils le sont relativement bien vu le format de l’épisode, mais on n’en saura pas plus pour le moment. Un bond dans le temps est prévu pour la suite (comme le matériel promotionnel le suggère), mais la série n’a pas vraiment la possibilité de s’étendre sur le sujet pour le moment. Toutefois, la lecture de quelques résumés y compris ceux de Showmax est très claire sur ce à quoi il faut s’attendre : avant toute chose, une série sur le traffic d’enfants. Alors certes, avec un épisode plus long, on nous aurait mieux expliqué tout ça, mais je ne blâme pas Mzali Wami pour sa durée : c’est tout ce que j’étais capable d’encaisser.

Omen
(2020 – Fantastique – 42mn)
Je soupçonne que, lorsque quelqu’un entend parler de séries africaines, ce soit à des séries comme Omen que l’on pense machinalement. Profondément ancrée dans le folklore local, c’est-à-dire dans la culture du nord-est de l’Afrique du Sud, la série s’intéresse à Mogale, un avocat qui a été adopté par une famille citadine, loin de la province où il est né. Il a développé une grande rancune envers sa famille biologique, qu’il évite alors qu’il sait pertinemment où se trouvent les membres de sa famille. Lorsque la série commence, son épouse est enceinte de leur premier enfant, et les choses semblent bien aller, mais voilà que sa mère réapparaît dans sa vie pour lui annoncer que son père est mort et qu’il doit absolument revenir dans sa bourgade natale. Or, son père n’est pas n’importe qui : il est le chef local de toute une communauté qui pratique la sorcellerie. Enfin, du coup, il était le chef. Le père de Mogale était considéré comme un roi, du coup il faut quelqu’un pour remonter sur le trône et diriger les cinq familles de la communauté ; chose qui est inconcevable pour Mogale à de nombreux égards, ce qui se conçoit. Le premier épisode passe en fait pas mal de temps dans cette communauté, en particulier pour nous montrer que le roi a été assassiné, et dans quelles conditions : poignardé par l’une des plus puissantes sorcières de la communauté, à laquelle il avait refusé la faveur de ressusciter des êtres chers. Il y a en définitive assez peu de sorcellerie pour le moment (juste une fois, sur la fin, la mère de Mogale utilise la sorcellerie pour provoquer une fausse couche chez sa bru et ainsi forcer la main de son fils pour revenir au bercail), et j’ai l’impression que l’objet de la série est plutôt la vie à la cour, toute surnaturelle qu’elle soit. Ce n’est pas la série la plus impressionnante de mon périple sur Showmax, tant sur le fond que sur la forme, et très franchement si je gardais l’abonnement à la plateforme, je sais pertinemment que je ne finirais pas Omen. Au moins, ça m’a donné l’occasion de voir ma première série (partiellement) en Sepedi, une langue africaine jusque là absente des séries que j’avais pu voir.

Tali’s Wedding Diary
(2017 – Comédie – 23mn)
Tali est une jeune femme riche qui s’imagine être une influenceuse ; elle est imbue de sa personne et absolument insupportable, et cela fait d’elle, assez naturellement, l’héroïne parfaite pour un mockumentary. La série démarre lorsque Darren, son petit-ami (un type un peu mou, mais qui se voit déjà en futur millionnaire), la demande en mariage ; Tali accepte… mais évidemment, il faut y mettre les formes pour que ça paraisse bien sur les réseaux sociaux. Tali’s Wedding Diary n’invente rien, et son pastiche des émissions de télé réalité sur des célébrités au rabais est assez transparent ; mais ça fonctionne. Tali, vous la connaissez : c’est une connasse avec un vocal fry et des extensions capillaires de la taille de son ego. La jeune femme est absolument insupportable, et comme tout le monde lui passe le moindre de ses caprices (…pour le moment ?), la surenchère n’est jamais loin. Les épisodes sont apparemment thématiques ; le premier, que j’ai donc vu, tourne autour des fiançailles elles-mêmes, les suivants devraient sur pencher sur le sort des demoiselles d’honneur, de la robe, de l’envoi d’invitations, bref, de tous les préparatifs jusqu’au Jour J. Bon, moi, ce n’est clairement pas ma came, vu que je suis allergique au mockumentary (plus encore sur la durée), mais visiblement la série a trouvé son public, parce qu’elle a fait une jolie récolte de récompenses aux SAFTAs, et qu’en prime elle a depuis l’an dernier un spin-off, Tali’s Baby Diary… mais je ne veux pas vous spoiler en vous révélant sur quoi il porte.

The Road
(2015 – Soap, Drama, Historique ? – 23mn)
J’avais dit qu’on parlerait plus souvent de soaps, eh bien parfait ! Celui-ci me faisait de l’oeil depuis des années, et maintenant je sais pourquoi je voulais le voir : parce que j’ai du nez. C’est que, The Road n’est pas n’importe quelle série : elle se déroule à deux époques à la fois, l’une d’entre elles étant les années 50 à Sophiatown. Jazz et gangsters sont au programme ! Toutefois, le twist de génie de The Road est que les scènes historiques auxquelles on assiste sont en fait des morceaux d’une série qui se tourne sous nos yeux. Parfaitement : une série dans la série. The Road est une série sur Egoliwood ! Ce n’est vraiment pas tous les jours qu’on assiste aux dessous de la télévision sud-africaine, dévoilés par elle-même ; et même si ce premier épisode n’a pas le temps de faire grand’chose de révolutionnaire (il y a tant à expliquer et tant de personnages à introduire !), ça reste délicieux que d’assister au tournage de cette fiction historique à côté de son producteur, sa scénariste, son réalisateur, sa star… qui, en outre, font partie de la même famille. Pour le moment les intrigues dans les intrigues (vous suivez ?) n’ont pas trop de répercussions externes, mais la reconstitution historique ravit les yeux donc c’est déjà ça de pris. D’ailleurs la façon dont The Road force l’immersion dans ses scènes des années 50 est assez fascinante. Le Dieu de la Téléphagie sait que je ne raffole pas de soaps (même ceux qui ne durent que quelques mois), mais j’aurais été bien capable de finir The Road si ma période d’essai de Showmax n’avait pas touché à sa fin !

The Wife
(2021 – Soap – 23mn)
The Wife est une telenovela qui m’alléchait depuis quelques temps, avec son magnifique matériel promotionnel (par exemple ci-contre ; et encore, ce n’est qu’une des nombreuses photos de promo), et ses irruptions fréquentes dans ma timeline sud-africaine sur Twitter. Il s’agit en outre de la première telenovela originale proposée par Showmax, et vous savez combien j’aime les premières fois. J’avoue que je suis un peu interloquée par ce que j’ai vu. D’abord parce que du point de vue visuel, The Wife est franchement capable de rivaliser avec une production hebdomadaire, et c’est quand même pas tous les jours qu’on peut en dire autant (elle a même un esthétisme supérieur à certaines des séries hebdomadaires que je reviewe avec elle aujourd’hui, ahem…). Mais surtout parce que, du point de vue des genres, le mélange produit par la série est surprenant : on y fait la connaissance de Hlomu, une jeune journaliste dont la vie privée est peu satisfaisante (son couple avec un chirurgien très occupé bat de l’aile), mais dont la carrière semble sur le point de décoller. Son rédacteur en chef lui confie plus de sujets, dont un, dans ce premier épisode, qui va s’avérer capital. Par le plus grand des hasards, elle croise par ailleurs le chemin d’une famille de chauffeurs de taxi : des frères qui, élevés à la dure, se sont progressivement élevés dans la hiérarchie du monde des taxis. Eh oui, apparemment c’est un monde très fermé avec des règles incroyablement strictes (rappelez-vous des guerres évoquées dans la review de Nqobile), et les plus jeunes des frères vont enfreindre plusieurs de ces règles en s’en prenant à des membres de la famille la plus puissante du milieu pendant une bagarre à une station. Au début tout ça semble complètement détaché de l’intrigue de Hlomu, jusqu’à ce que celle-ci fasse donc la rencontre de cette famille, dont deux frères tombent instantanément amoureux d’elle. Mais la fin de l’épisode révèle que la connection ne s’arrête pas là… Le cliffhanger de l’épisode est particulièrement intéressant, et laisse comprendre qu’outre un drame social et une romance, The Wife est aussi un crime drama ! Il y a aussi une composante raciale dans la série (les frères sont dénigrés pour leurs origines Zulu) qui entre également en jeu, du coup, pour une demi-heure de télévision, c’est incroyablement dense. Pas étonnant que la série ait rencontré le succès.

Umbuso
(2022 – Crime drama, Drama – 43mn)
Son démarrage le 3 avril n’était pas la raison pour laquelle j’avais souscrit à la période d’essai précisément ce mois-ci, mais eh, on va pas se plaindre. D’ailleurs c’est marrant de voir cet épisode aussi vite après avoir vu le premier épisode de Kin, parce qu’il y a pas mal de parallèles. Dans les deux cas, on parle d’une famille étendue au sein de laquelle les affaires et le crime se mélangent ; des deux fils adultes, l’un est un politicien corrompu qui n’hésite pas à manipuler voire payer autrui pour obtenir ce qu’il veut, et l’autre est le patron d’une entreprise de livraison de matériaux de construction, mais qui sert de couverture à un trafic de drogues. Les deux pans de la famille n’hésitent pas à travailler ensemble, pendant que la plus jeune génération tente de trouver sa place soit dans cette organisation, soit en-dehors. Alors que les deux frères sont en train de monter leur plus important projet à ce jour, quelque chose d’atroce se produit : un meurtre. Umbuso est maligne, parce qu’elle ouvre son premier épisode avec ce meurtre, mais n’explique pas tout de suite ni qui a été tué ni même le rapport avec toute cette famille. On s’occupe ensuite de présenter les protagonistes, leurs différentes relations personnelles et professionnelles, ainsi que leur préoccupations du moment, au point d’en oublier le meurtre… qui en fait n’a pas encore eu lieu, et auquel nous n’allons assister qu’à la toute fin de l’épisode. Structurellement ce n’est pas révolutionnaire, entendons-nous bien ; mais c’est fait de façon suffisamment futée pour que l’effet fonctionne malgré tout (malgré les 712 autres séries démarrant avec cette formule, je veux dire), et surtout pour nous forcer à nous intéresser à l’aspect plus primetime soap de la série avant de revenir à ce meurtre et ce qu’il peut signifier pour l’avenir. Dans l’ensemble, ce n’est pas une série qui changera la face du monde, mais la mission qu’elle s’est donnée, Umbuso l’accomplit plutôt bien.

Wounds
(2021 – Médical – 23mn)
Le démarrage de cet épisode est un peu étrange : on y découvre une infirmière qui se trompe dans l’administration de médicaments, et manque de tuer un patient… avant de revenir plusieurs mois en arrière et la trouver dans une chambre d’hôtel avec un homme trop entreprenant, que son petit ami veut filmer pour faire chanter. Je comprends bien qu’on est supposées se demander comment l’une de ces situations a conduit à l’autre, et on obtient d’ailleurs la réponse dans cet épisode ; mais le décalage entre les deux parties a semblé plus irritant qu’intrigant au départ. Il faut en outre donner un peu de temps à cette exposition pour réussir à installer ses protagonistes, qui au début semblent très simplistes. Le déclic ne s’est vraiment produit pour moi que lorsque l’héroïne, Neo, a eu une discussion franche avec sa grande sœur Busisiwe, pendant laquelle les deux femmes se sont dit leurs quatre vérités ; la discussion était à la fois sincère et brutale, et faisait appel au passé commun des deux sœurs mais aussi à leurs différences de caractère. Cette scène a marqué un tournant dans le visionnage, et commencé à humaniser Neo en lui donnant de l’épaisseur et même de la complexité. Je n’en étais pourtant pas à la dernière de mes surprises : Busi a été tuée par le petit ami de Neo, et celle-ci, paniquée, a pris la fuite. Alors comment en est-on arrivées à cette scène d’ouverture à l’hôpital ? Eh bien, Busi venait d’obtenir son diplôme d’infirmière, et quelqu’un appelle sur son téléphone pour lui proposer un job : une opportunité dont Neo se saisit pour fuir loin de son petit ami violent. Tout cela a du sens grâce à certaines des informations délivrées progressivement par l’épisode, et cette introduction se finit alors que Neo doit usurper l’identité de sa défunte sœur dans un hôpital où elle ne connaît personne, terrifiée à tous les niveaux par ce que cela représente. C’est un twist plutôt original pour une série médicale, qui permettra sûrement dans les épisodes ultérieurs de quand même jouer sur certains ressorts familiers (l’apprentissage de certains gestes, les erreurs de débutantes, etc.) tout en ayant des enjeux supplémentaires intéressants. Je ne suis pas toujours fan de la réalisation, et je suis assez intriguée par le fait que Busi figure sur le matériel promotionnel de la série (…est-il possible que ?! je ne demande que ça, vu que j’ai tout de suite adoré son personnage), mais en-dehors de ce cas particulier, Wounds se montre plutôt convaincante dans cette entrée en matière.

…Attention, bonus round ! Showmax est une plateforme d’origine sud-africaine, mais parce qu’elle appartient à un groupe audiovisuel panafricain, et qu’elle a étendu son accès à plusieurs pays d’Afrique, elle compte quelques séries produites dans ces autres pays ! Il y a même une façon très simple de les trouver : les outils de recherche de Showmax permettent de sélectionner les séries du catalogue selon leur diffuseur d’origine (Akwaaba Magic pour le Ghana, Maisha Magic Bongo pour la Tanzanie, Zambezi Magic pour entre autres la Zambie, le Zimbabwe et le Botswana ; vous voyez le modèle). Bon, le catalogue est moins étoffé dans ces rubriques que pour la fiction sud-africaine, et c’est là que j’ai déniché mes premières déceptions en matière de sous-titrage (dommage, je voulais tenter Jua Kali, la photo de promo avait l’air élégante), mais quand même, combien de fois j’allais pouvoir tester ces séries ?
Du coup, devinez quoi…

RSM (Ghana)
(2022 – Comédie – 27mn)
La série vient tout juste de commencer (il n’y a qu’un épisode de disponible sur Showmax), et on ne va pas se mentir, ce n’est pas le genre à atterrir en festival, vu qu’elle est tournée comme un sitcom (mais en décors réels et sans public : les rires sont enregistrés) avec très peu de moyens (je vous laisse apprécier la musique qui accompagne la plupart des scènes). RSM, qui signifie « Regimental Sergeant Major », suit le quotidien d’une famille dont le patriarche est un retraité de l’armée qui a transformé la maison familiale en QG ; les règles militaires s’y appliquent, ainsi qu’à sa femme, son fils et sa fille (toutes deux adolescentes)… bref, c’est Major Dad. Le premier épisode introduit en outre un nouveau personnage, un jeune corporal venu demander conseil au Major, et l’hilarité s’ens-…euh, supposément, je crois qu’il fallait rire. Disons qu’au mieux, c’est drôle comme un sitcom des années 60 ; on répète plusieurs variations du même gag qui consiste à remplacer le langage courant par des expressions militaires, en gros, et ça ne va guère plus loin. Ce n’est pas la seule série ghanéenne que j’ai testée pendant mon mois d’essai sur Showmax, mais de celle-ci je n’aurais certainement pas fait de review à part, donc voilà.

Makofi (Zambie)
(2021 – Drama – 25mn)
Fille d’un ancien champion de boxe aujourd’hui propriétaire d’un club, Anna ne rêve que de suivre ses traces et de boxer à son tour. Il faut dire qu’elle a le tempérament pour ça, et une bonne droite ! Pas de chance, son père considère que la boxe, c’est un sport d’hommes… parce qu’apparemment Esther Phiri n’existe pas. Ce premier épisode pose les bases assez simples d’une jolie intrigue sur l’affirmation de soi, avec un propos sous-jacent féministe évident (d’ailleurs les seules personnes qui encouragent Anna dans ce premier épisode sont sa mère et sa meilleure amie Petty), et, malgré des moyens peu exubérants, arrive à dire précisément cela avec une belle énergie. Pour l’instant, l’obstacle essentiel est le père d’Anna, de toute évidence, mais j’ai eu l’impression que l’épisode semait également des graines à plus long terme : le pire ennemi de la réussite de l’héroïne, c’est aussi son manque de contrôle. C’est bien beau d’être bagarreuse et de dégainer des crochets à déboîter des mâchoires, mais il lui manque de la discipline, et je pense que la série veut aussi explorer ça, en temps voulu. Et elle a les coudées franches pour le faire : les saisons de Makofi comptent 46 épisodes en moyenne !

Avec seulement deux semaines de période d’essai, il a fallu faire des choix (par exemple j’ai laissé de côté les séries de kykNET, chaîne en afrikaans…). Hélas, il y aurait bien d’autres séries dont j’aurais voulu parler, et d’autres que j’aurais voulu voir. Je déteste ça, quand il faut faire des choix. Les choix me mettent de mauvaise humeur. Surtout en ce moment. Ça pue, les choix.
Fort heureusement, j’en ai aussi fait de très bons pendant ces quatorze jours, et ai gardé en réserve (…ou, de façon plus réaliste, en brouillon) quelques reviews à paraître, pour les semaines à venir, peut-être les mois selon comment je m’organise et votre réaction. On reparlera donc de fiction africaine très bientôt, j’en fais la promesse.


par

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

4 commentaires

  1. Céline dit :

    J’aime beaucoup ton article « multi », ça permet de se rendre compte de la diversité des séries produites, en termes de genres, thèmes… (surtout quand, comme moi, on n’a vu que très peu de séries sud-africaines…). Hâte de lire les futures reviews sur les autres séries que tu as pu tester !

    • ladyteruki dit :

      Merci ! Contente que ça te plaise, c’est vraiment une belle récompense quand un article comme celui-là (qui un peu par définition demande plus de travail) trouve son public.
      J’en ai encore quelques unes dans ma manche, mais j’ai posté quasiment une review de série africaine par semaine ces derniers temps, donc tu devrais déjà trouver ton bonheur !

  2. Tiadeets dit :

    J’adore toujours ces articles avec plein de séries surtout pour des plateformes et des pays comme ceux-ci dont je ne connais quasi pas, voire pas du tout la fiction. C’est toujours sympathique de voir ce qui est similaire à ce que l’on connait et ce qui est différent.

    • ladyteruki dit :

      C’est fascinant de pouvoir comparer les plateformes (même si, en réalité, je n’en ai pas testées beaucoup), et de voir notamment comment les bases de données sont exploitables pendant la courte période d’essai. Ca peut sembler idiot à dire, mais il est incroyablement plus facile de trier les séries de Showmax par origines, dates de sortie, dates d’ajout, et genres, que dans les autres plateformes que j’ai testées (dont Netflix ! certes c’était à son lancement, peut-être que c’est mieux maintenant). Pouvoir justement établir ces comparaisons, comme tu dis, est vraiment facilité par la présentation de la plateforme et sa façon de laisser à ses utilisatrices l’occasion d’errer dans le catalogue sans être restreinte par un algorithme. J’ai vraiment eu un coup de coeur pour cette plateforme, et je suis contente d’avoir réussi à transmettre un peu de mon émerveillement au fil de ces deux semaines de découvertes !

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