Me and my shadow

7 décembre 2011 à 23:38

Après deux semaines de fièvre, de mal de gorge, de toux, de maux de crâne, de courbatures, dans cet ordre PUIS dans le désordre, je suis obligée d’admettre que mes capacités de concentration sont devenues carrément aléatoires. Aussi, c’est avec un certain soulagement que j’ai reporté la plupart des mes autres activités (y compris les posts sur The Slap, plusieurs fois reportés déjà) à l’occasion de la diffusion de Neverland.
J’ai pratiqué le visionnage en deux fois, lundi et aujourd’hui, et je ne sais pas si ça signifie que mon état était préoccupant en début de semaine, mais j’ai trouvé le second épisode largement inférieur au premier.

Après l’image, j’aime autant vous prévenir, il va être difficile d’échapper aux spoilers, mais en même temps, comment faire autrement quand on parle d’une mini-série qui n’a duré que deux épisodes ?

Pendant cette première partie, l’effet cheap typique de ces productions (le pénible Alice en était un frappant exemple) restait discret, essentiellement parce que le (long) passage historique permettait de limiter les dégâts : il y avait ainsi l’opportunité d’avoir des costumes et un monde éloigné du réel, ce qui est le but recherché par les séries Hallmark, sans avoir besoin de recourir excessivement au fantastique. C’était donc bien joué et, même si sur Neverland, les décors semblaient faits de polystyrène et de carton même quand ils avaient en réalité été imaginés par ordinateur, on continuait de bien le vivre parce qu’on était dans de bonnes conditions. Les Indiens étaient sympathiques, l’intrigue avait un bon rythme et les choses se passaient bien.

Et elles se passaient bien en raison d’une autre amélioration visible des pratiques Hallmark : une véritable intégration dans la tradition de science-fiction de SyFy, car oui, à une lointaine époque, SyFy donnait dans la SF, la vraie. Le premier chapitre de la mini-série avait réussi à faire de Neverland une véritable planète. Dans mon imaginaire et celui, je pense, de la plupart d’entre nous, Neverland était juste « un endroit », au mieux « un monde » ; un peu comme dans L’Histoire Sans Fin, sa nature fantastique lui permettant de n’avoir pas à se justifier de ses caractéristiques géographiques ou physiques. Neverland n’est pas un pays, ce n’est pas un point sur une carte, on y accède essentiellement en volant, mais ce n’est pas un astre ; il y a une raison à cela, Neverland est imaginée à l’origine comme l’équivalent d’un paradis pour les enfants, et personne n’irait demander de situer le paradis sur un mappemonde ou une carte du ciel. Neverland EST, c’est tout.
Neverland devient dans la mini-série du même nom une planète à la fois au centre et aux extrêmités de l’univers, et pourtant ça semble incroyablement cohérent avec l’univers de Barrie, et cohérent avec les exigences qu’on peut avoir envers SyFy. C’était un passage intéressant qui ouvrait la porte à une lecture intéressante de l’histoire de Peter Pan. Sans compter que l’utopie du Professeur Truc était intéressante, et une jolie métaphore sur la nécessité de cultiver son âme d’enfant pour faire évoluer l’humanité…

Si l’on cherchait un divertissement intéressant, merveilleux et sans complication, Neverland accomplissait sa mission avec brio lors de son premier épisode, donc.

On aimerait pouvoir en dire autant du second.
Déjà, l’utopie du Professeur Bidule est entièrement balayée, ce qui pose la question de savoir pourquoi l’angle avait été introduit dans le premier épisode. Mais ce n’est pas le pire, car le pire est à chercher dans les effets spéciaux. En fait, du moment où Peter apprend à voler, on comprend que la partie est perdue de ce côté, si tant est qu’elle ait vraiment été jouée ; on verra clairement les câbles qui lient le jeune acteur à au moins une reprise, et l’effet est si mal géré en général (le pauvre garçon se balance devant les acteurs auxquels il donne la réplique d’un air mal assuré) qu’on n’y croit pas un seul instant. Peut-être que je suis devenue une grande personne, et que c’est moi qui ne sais plus rêver, mais j’ai besoin d’un peu plus que ça dans une série fantastique, et arrivée en 2011, j’estime que nous avons atteint le niveau technologique permettant d’éviter les grues et les poulies, pour un résultat plus soigné.

A cela il faut ajouter les questions sur les relations entre Peter et son mentor James Hook, qui de plutôt touchantes dans la première partie deviennent une excuse pour pleurnicher et crier à tous bouts de champs ; c’est tellement hystérique que ça pourrait être un téléfilm français (oh la méchante) ! Sans compter que Hook passe son temps à vouloir sauver Peter, mais aussi à vouloir sauter la chef des pirates, mais quand même à vouloir sauver Peter, et on finit par avoir peur qu’il ne se trompe d’une lettre à un moment. Ma phrase ne fonctionnerait hélas pas si j’écrivais ce post en anglais.

Au bout d’environ 30 à 40 minutes, je ne regardais plus que d’un oeil et me concentrais plus sur le pain d’épices que sur l’intrigue. Peter passe son temps à être blessé et/ou frappé, mais l’animal semble increvable. Il va sans cesse à la confrontation avec Hook mais cela se fait sans panache. Aaya prend un air désolé/triste/inquiet/fatigué à intervalles réguliers. Les enfants perdus n’ont visiblement pas reçu une copie du scénario. Et il y a une araignée géante qui en fait est un scorpion. Normal.

Ce que l’on attend vraiment d’un prequel, ce sont les raisons qui font que les personnages sont tels qu’ils sont au moment de débuter l’histoire qu’on connait déjà. Neverland aurait pu arriver à quelque chose dans ce domaine, tout en offrant un univers complémentaire à l’oeuvre de Barrie de par son côté SF, si la mini-série avait suivi les pistes du premier épisode.
Mais le second n’est en fait qu’une longue salle d’attente pour nous conduire à l’affrontement final dans lequel, évidemment, Hook va perdre la main, et Peter va rester un enfant insouciant. Les tourments et les péripéties se montrent alors totalement cosmétiques, n’ajoutant rien qu’on n’ait déjà compris de longue date, et ne proposant rien de plus que l’affrontement final pour arriver à la situation que nous connaissons tous : Hook avec un crochet, Peter Pan sans son ombre, les Enfants Perdus vivant mille aventures à Neverland, etc…
La conclusion apportée sera d’ailleurs, comble du comble, assez brutale, presqu’un cliffhanger. De la part d’une fiction parfaitement écrite et conduite, cela aurait pu être intéressant (sous-entendant qu’il est temps pour l’histoire originale de prendre le relai), mais venant d’une mini-série déjà fort pourvue en défauts, cela n’aide pas à sortir du visionnage avec un avis positif.

Afin d’enfoncer un dernier clou dans le cercueil de Neverland, je me dois de parler des personnages féminins. Certes, la direction d’acteurs manque quelque peu de rigueur en général, mais concernant les personnages féminins c’est véritablement la cata. Q’orianka Kilcher, toute ravissante qu’elle soit, a une diction épouvantable et n’est pas aidée par le fait que son jeu ne lui permettrait d’obtenir que deux noms d’Indien : Face-de-Totem-Imperturbable et Douloureuse-Crise-de-Cystite. Ne parlons pas de l’inexpressive Clochette, campée par une jeune beauté constipée passée à la bombe de peinture argentée, pour passer à la pire coupable de toutes : Anna Friel. Ne croyez pas un instant que j’éprouve une quelconque affection pour elle : j’aimais bien Chuck, c’est un fait, mais c’est une actrice épouvantablement antipathique dont il émane quelque chose de mal dégrossi, limite vulgaire, en dépit de ses tentatives plus ou moins subtiles de passer pour une créature sensuelle et/ou mignonne selon les occasions (Neverland n’a été que l’occasion de la première possibilité, et encore). J’ai accueilli la mort de son personnage comme un soulagement parce qu’elle était irritante au possible. D’accord, les rôles féminins ne sont pas spécialement bien écrits (les rôles masculins le sont à peine plus), mais il y a un facteur aggravant dans le choix des interprètes et leur direction.
Cela dit, l’oeuvre de Barrie n’a jamais été idéale pour les personnages féminins, on peut donc dire qu’en cela Neverland s’est montrée fidèle à l’original !

Nan mais vous savez ce que je vais retenir de Neverland ? Le premier épisode. On va dire que ça s’arrêtait là. En fait, plus important encore, maintenant j’ai vraiment envie de revoir Hook. Deux décennies plus tard, voilà une oeuvre qui n’a pas vieilli. Bangerang !

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1 commentaire

  1. MeryllB dit :

    Wow.

    J’ignorais qu’il y avait eu une prequel mais apres lecture de l’article, je ne regrette pas.

    L’illustration etait pourtant allechante, en plus on y parlait de « Hook ».

    Mais bon j’ai quand meme bien rigole, tu as sauve les meubles

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